Pas taper
Je vais sûrement me faire taper par de très nombreux lecteurs, mais malheureusement, le jeu comporte quelques tares qui m’ont demandé de remettre le jeu à plus tard, voire à un abandon définitif. Je...
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le 11 août 2016
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Nombreux sont les grands jeux qui nous échappent, le jeu vidéo offre tant d’expériences différentes et longues, le temps libre ne nous est pas infini, certains jeux retiennent notre attention plus qu’on ne le voudrait... et pourtant de temps en temps on tombe sur un de ces jeux pas connus pour X ou Y raison et on s’y essaie pour au final être aussi fier de l’avoir découvert qu’attristé de le savoir si peu joué. Tout ce laïus pour dire qu’Odin Sphere fait pour moi partie de ces perles inconnues, il en est même son meilleur représentant à mes yeux. La critique étant longue je vous conseille l’écoute de Rise and Invasion, l’une des nombreuses musiques réussies de l’OST du jeu.
Une fois n’est pas coutume je vais commencer par parler du scénario et surtout de la narration d’Odin Sphere car de celle-ci dépend beaucoup de choses. L’histoire nous est racontée à travers 5 points de vue correspondant à des personnages jouables, la subtilité étant que l’on suit tout du long un personnage avant de passer au suivant. Imaginez Game of Thrones, plutôt que de basculer régulièrement du point de vue d’un personnage à un autre, chaque tome / saison serait dédié à toute l’histoire vue par un personnage en particulier (Daenerys Targaryen, Jaime Lannister, Jon Snow...) et à la fin il faut recoller les morceaux par nous-mêmes.
C’est un procédé qui permet d’impliquer le joueur puisqu’il doit bien suivre l’histoire pour la comprendre, d’offrir un degré de relecture à certaines scènes que l’on revit sous un autre angle ou avec des informations supplémentaires nous permettant de comprendre certaines choses qui changent la donne. D’ailleurs, on commence par incarner une petite fille dans un grenier lisant un livre correspondant à l’histoire vécue par un personnage et chaque personnage aura donc son livre dédié, justifiant jusque dans le jeu cette narration particulière.
Ça rend bien sûr la compréhension de l’histoire plus complexe mais c’est parfaitement maîtrisé et la fin révèle tout le génie de cette narration qui n’a pas été faite par hasard. Elle a véritablement été pensée comme cela et la saisir fait partie des conditions nécessaires pour voir la bonne fin, ce qui est vraiment bien vu de la part de George Kamitani, scénariste mais également chara-designer et directeur du jeu (probablement pour ça que le résultat parvient à être si homogène). Très sincèrement, c’est l’une des meilleures fins de jeu que j’ai pu voir, étant donné que je ressens vraiment un aboutissement de ce qui fait toute la singularité du jeu, sans compter des scènes fortes pour conclure certaines intrigues bien entendu.
Si la narration est aussi originale que réussie, la qualité d’écriture est également au rendez-vous, la plupart des dialogues sont bien écrits et tous les dialogues du jeu doublés, en anglais ou en japonais, les doublages jap étant vraiment de très bonne facture avec Ayako Kawasumi (Saber dans Fate/Stay Night) ou encore Daisuke Namikawa (Rock dans Black Lagoon) par exemple. Les personnages que l’on incarne sont tous très différents les uns des autres et certains d’entre eux sont particulièrement charismatiques, j’ai personnellement beaucoup aimé les personnages de Gwendolyn et d’Oswald dont je trouve l’histoire très émouvante sans jamais tomber dans la niaiserie.
Parce que si la patte graphique peut faire penser à un truc tout mignon où il y a des méchants que des gentils vont punir pour être méchants et que tout va s’arranger comme par magie, il n’en est rien ! Le scénario montre pas mal de maturité, quand un des protagonistes rétorque à un boss qu’il ne le laissera pas répandre mort et désolation le boss en question lui répond que c’est pourtant ce qu’on a fait depuis le début du jeu et on se retrouve à se questionner sur soi, à avoir de l’empathie pour certains antagonistes... Bien construit et bien écrit, le scénario d’Odin Sphere est unique et de grande qualité, la sous-note maximale est inévitable.
Leifdrasir est un remake du Odin Sphere de la Playstation 2, et non une remasterisation, une grande partie de ce que l’on voit a été entièrement retapé et ça se remarque. Il y a bien quelques déchets visuels comme les nuages sur le champ de bataille vraiment pas très propres, on peut aussi remarquer des baisses de framerates quand on lance une tornade sur plein d’ennemis déclenchant différentes animations, des skins secondaires sont recyclées très régulièrement... mais ce sont des petits détails pas très importants. Un AAA de 2016 sur Playstation 4 impressionnera plus techniquement mais c’est tout à fait normal, Odin Sphere n’a pas du tout le même budget derrière.
Ce n’est pas un remake parfait mais d’excellente facture tout de même à l’heure des remasterisations fainéantes vendues bien chères, et très pertinent de surcroît vu que le jeu d’origine est largement méconnu et méritait un bon lifting. Leifdrasir fait partie de ces remakes qui apportent une vraie plus-value à leur jeu d’origine, les rendant presque obsolètes, et pas seulement grâce à de meilleures graphismes par ailleurs mais ça on aura l’occasion d’y revenir un peu plus tard.
Les décors sont aussi variés et dépaysants que l’on pourrait attendre d’une telle aventure, désert, forêt, neige... tout y passe et c’est très bien, certains décors bien particuliers dégagent un esthétisme hors du commun, mon préféré étant le château où Gwendolyn abandonne sa tenue de guerrière, superbe, ça ne se décrit pas, ça s’admire. Le chara-design est souvent magnifique, parfois grotesque mais c’est clairement fait exprès pour créer un effet comique, mais personnages jouables, boss et bestiaire profitent d’une direction artistique très soignée.
Pour tout ce qui relève de la bande-son ça fait très bien le travail, beaucoup de musiques sont sont excellentes et quelques unes sont grandioses et accompagnent très bien ce qui se passe à l’écran, notamment sur le thème de la mélancolie. Par contre, un petit détail qui m’a saoulé à force c’est les gémissements de notre perso lors des combos surtout avec les personnages féminins, ils sont vraiment trop fréquents et trop présents. Mais je chipote et c’est bien quand on commence à chipoter sur des petits détails comme ça que ça prouve que j’ai pas vraiment de gros reproches à faire au jeu.
J’ai été assez étonné de constater qu’il n’y a aucune cinématique, tout est fait avec le moteur du jeu, au sens où absolument aucun changement de perspective ne se fait, on regarde une cinématique exactement comme on jouerait. Ça permet d’en garder l’esthétisme et je pense qu’aucune cinématique n’aurait pu rendre bien avec cet esthétisme pensé de A à Z en 2D et en temps réel, du coup c’est pas un problème une seconde et ça renforce même la singularité du titre. Techniquement, c’est imparfait mais ça tient la route, esthétiquement c’est soigné et original, donc dans l’ensemble j’ai été convaincu par ce titre également sur ce point.
Odin Sphere Leifdrasir est un ARPG 2D au maniement assez basique mais très dynamique. Basique car chaque personnage jouable est affublée de sa propre arme et ses combos ne sont pas bien nombreux, en revanche c’est à compléter avec des coups spéciaux et sorts, 4 à placer en raccourci parmi une bonne dizaine de disponible qui offre suffisamment de façons de jouer différentes et ce pour 5 personnages. Donc basique mais pas trop, au contraire avec 5 personnages un maniement plus riche et unique à chaque perso aurait sans doute été trop complexe autant pour les développeurs que pourle joueur.
Maniement dynamique, propre à ce remake, car les attaques s’enchaînent vite, la régénération de l’endurance également mais surtout on peut enchaîner esquives et attaques aériennes à un rythme effrénée. Difficile de revenir sur le jeu d’origine de la PS2, inclus dans ce remake tellement qu’il est bien fait. Le plaisir de jeu immédiat en est donc assez fort et c’est vraiment une bonne chose car ça permet de contrer l’un des plus récurrents reproches qu’on lui adresse, sa répétitivité.
C’est vrai que l’on parcourt souvent les mêmes environnements pour affronter les mêmes ennemis au fur et à mesure mais ce n’est pas un problème pour moi car c’est justifié par le scénario, bien fait dans les variations entre les séquences et ça ne fait pas cache-misère pour une durée de vie qui sans ça serait ridicule. De plus, il faut bien comprendre qu’affronter un même boss plusieurs fois ne signifie pas le combattre de la même façon d’un personnage à l’autre, on pourrait même le combattre de façon différentes avec le même personnage.
Le level-design est assez original dans certaines salles, comme si on était sur de petites planètes, c’est amusant. L’action est très lisible avec la mini-map dans l’interface pour bien se situer et voir le danger arriver. La difficulté n’est ni trop laxiste, ni trop exagérée. Le scoring se fait régulier et m’a semblé bien foutu à première vue, on a un cercle qui diminue à chaque coup pris, chaque cercle en moins égal un rang de moins par rapport au rang max sachant qu’au bout d’un temps le cercle diminue sans même qu’on se prenne un coup, il faut donc éviter les coups et optimiser nos dégâts pour obtenir un bon rang à chaque combat qui nous gratifie de quelques récompenses.
Dit comme ça c’est cool puisque ça nous motive à bien jouer mais le tout petit problème c’est que ça ne prend pas en compte notre level et du coup on peut facilement tricher à haut level pour obtenir les récompenses sans se forcer, c’est dommage. J’aurais bien aimé également que l’on débloque tous les prismes phozons en jouant bien, en relevant des petits défis annexes, plutôt qu’en fouillant absolument tout, perso j’ai utilisé une soluce pour quasiment tous ces prismes, spécial dédicace au prisme phozon qui apparaît que si on attend 3 minutes dans une seule des centaines de salles du jeu, comme si on avait que ça à faire. Mais tout ça encore une fois c’est du pinaillage, le gameplay est excellent et le contenu conséquent.
Résumons : bien construit et bien écrit, le scénario d’Odin Sphere est unique et de grande qualité, techniquement, c’est imparfait mais ça tient la route, esthétiquement c’est soigné et original, enfin le gameplay comprend quelques points qui auraient pu être un peu mieux mais dans l’ensemble s’avère excellent couplé à une bonne et réelle durée de vie... Odin Sphere est un gros coup de cœur et une excellente surprise, mon jeu préférée de la PS4 et je ne peux que le vous le recommander, encore plus dans cette nouvelle version, que vous soyez familier aux jeux de Vanillaware ou non.
Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur et l'a ajouté à ses listes Apprenons à nous connaître en vingt-cinq jeux !, J'adore ces jeux pourtant méconnus ou si peu joués, Les meilleurs jeux de la 8ème génération de consoles, Les meilleurs jeux vidéo japonais et Mes 50 jeux vidéo préférés
Créée
le 5 sept. 2016
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