Je m'souviens on avait des projets pour la Terre
Pour les Hommes comme la Nature
Faire tomber les barrières, les murs
Les vieux parapets d'Arthur
Fallait voir
Imagine notre espoir
On laissait nos cœurs
Au pouvoir des fleurs
Jasmin, Lilas
C'étaient nos divisions nos soldats
Pour changer tout ça
Changer le monde
Changer les choses
Avec des bouquets de roses
Changer les femmes
Changer les hommes
Avec des géraniums
Pourquoi ouvrir cette critique sur Le pouvoir des fleurs de Laurent Voulzy ? Tout simplement parce que le jeu dont je vais vous parler aujourd'hui partage avec ce morceau sa thématique écologique. L'héroïne du jeu, Amaterasu, est la déesse du soleil réincarnée en louve, et son but sera de retrouver l'intégralité de ses pouvoirs qu'elle utilise grâce à son pinceau céleste pour vaincre les terribles démons qui ont envahi le monde. Et pour ce faire, elle va devoir faire fleurir l'intégralité des terres et des arbres où elle passe. Vous voyez le lien désormais ?
Okami avait très bonne réputation après sa sortie. Echec commercial, il avait su conquérir le coeur des fans grâce à sa direction artistique incroyable et son originalité. Sa remasterisation sur les consoles de dernière génération a permis à des joueurs comme moi qui l'avaient manqué à sa sortie de découvrir ce magnifique jeu. Intéressons-nous point par point aux nombreuses qualités du jeu mais également à ses maigres défauts.
Un jeu qui présente de fortes similitudes avec les Zelda, la difficulté en moins
Un monde semi-ouvert peuplé de monstres qui permet de parcourir les plaines, les montagnes et les océans, en s'arrêtant régulièrement dans des villages ; des boss gigantesques qu'il faut combattre dans des arènes circulaires ; des donjons donnant parfois du fil à retordre avec leurs énigmes à résoudre et dans lesquels on obtient de nouveaux pouvoirs ; des phases de plateforme, des mini-jeux et des quêtes annexes... Cela ne vous rappelle rien ?
Okami peut facilement être qualifié de Zelda-like, tant il emprunte un nombre conséquent de mécanismes à la saga culte. Certes, ce sont des mécanismes caractéristiques des J-RPG, mais la ressemblance est quand même très frappante. J'ai souvent eu l'impression de jouer à un Zelda, les univers des deux jeux étant assez proches, mais avec une grosse différence tout de même : la difficulté. En effet, Okami est un jeu plutôt facile, voire trop facile. Certaines énigmes vous feront pas mal cogiter, mais pour ce qui est des combats, il est quasiment impossible de mourir. Je ne suis pas un très bon joueur et pourtant j'ai terminé le jeu sans mourir une seule fois. L'argent étant facile à obtenir (plus on avance dans le jeu, plus on en gagne facilement en battant des ennemis de plus en plus forts), il suffit d'acheter un maximum d'objets de soin pour ne jamais être inquiété, les ennemis retirant de toute façon moins de points de vie que dans les Zelda. On est également très guidés, parfois trop. Mais cette relative facilité n'est pas du tout un défaut selon moi, je préfère les jeux faciles qui nous font vivre une véritable expérience plutôt que galérer pendant des heures contre un ennemi et ne jamais réussir à finir le jeu.
D'autant que Okami partage avec les Zelda leur énorme durée de vie. Comptez minimum 30 heures pour finir l'aventure principale. La rejouabilité est assez faible et anecdotique, mais elle existe (finir les quêtes annexes et collecter les perles errantes). Le jeu coûtant seulement 20 euros aujourd'hui, il n'y a vraiment aucune raison de se plaindre à ce niveau.
Une direction artistique des plus soignées mais qui commence à faire son âge
Le style unique de la direction artistique d'Okami est déjà un argument suffisant pour vous convaincre de tenter l'expérience. Un style qui rappelle fortement celui des estampes japonaises, et qui utilise le procédé du cell-shading. Le jeu ressemble à un dessin animé qui nous plonge totalement dans la culture japonaise. Les paysages sont splendides, les différents lieux visités également : l'architecture des bâtiments reprend l'architecture nipponne, les villages ressemblent à ceux qui auraient pu exister sur l'archipel par le passé, tout comme les différents types d'étendues (forêts, lacs, montagnes, plaines, océans...). C'est très appréciable lorsqu'on se ballade avec Amaterasu d'admirer ces décors qui nous font à la fois voyager dans le temps et dans l'espace. Par ailleurs, le chara-design est d'égale qualité.
Là où les graphismes pêchent un peu, c'est au niveau de l'animation : les phénomènes de clipping et de popping sont très récurrents, voire quasi-systématiques. Dès qu'on avance avec la louve, les objets et les ennemis apparaissent souvent au dernier moment. Cela n'est pas gênant pour notre progression et l'âge du jeu original pourrait excuser cet état de fait, mais cela reste problématique par comparaison avec d'autres jeux sortis à la même époque.
Malgré tout, on peut dire que la direction artistique sauve largement ces quelques défauts techniques. Okami est beau et est loin d'être ridicule, même encore aujourd'hui.
Un gameplay inventif qui participe à l'originalité du jeu
La vraie marque de fabrique d'Okami, en plus de sa direction artistique, c'est sans doute son gameplay particulier qui nous fait utiliser un pinceau, l'arme principale d'Amaterasu. Pour se battre, on peut bien sûr utiliser des coups normaux avec les touches, mais ce qui fera la différence lors d'un combat ou pour résoudre certaines énigmes, c'est l'utilisation des techniques du pinceau céleste, que l'on débloquera au fur et à mesure. Au début doté uniquement de la lame lumière, qui permet de trancher des ennemis ou des objets, la palette va très vite s'étoffer pour nous offrir de très nombreuses possibilités : créer des geysers, faire souffler le vent, créer des bombes explosives, faire tomber la nuit... Je ne vous en dis pas plus pour ne pas vous spoiler mais il y a des pouvoirs très étonnants.
Pour utiliser le pinceau, il faut suspendre momentanément le temps et tracer nous-mêmes le symbole qui permettra d'utiliser le pouvoir que l'on souhaite, sur l'écran tactile de la Switch ou grâce à la manette. Je ne trouve pas que cela ralentisse trop les combats, qui restent dynamiques. Des combats qui ont d'ailleurs toujours lieu dans des arènes fermées, les ennemis étant reconnaissables sur la carte : il faut leur rentrer dedans pour provoquer le combat, à la différence d'un Zelda où cela se fait en temps réel sur la map. Un choix curieux mais qui fonctionne plutôt bien.
Une fable écologique et mythologique
Nourrir les animaux que l'on croise, faire fleurir les cerisiers, les trèfles et les sols infectés à l'aide du pinceau : ces actions nous permettent de gagner des points de bonheur, à utiliser pour augmenter le nombre de points de vie ou ajouter une possibilité supplémentaire d'utiliser le pinceau (car le pinceau consomme de l'énergie), nourrir l'estomac d'Amaterasu pour qu'elle puisse ressusciter ou augmenter la taille de son "portefeuille" pour pouvoir collecter plus d'argent. Le jeu nous apprend donc que le bonheur est atteint lorsque nous sommes en harmonie avec la nature. Ne trouvez-vous pas que c'est un superbe message, qui résonne encore plus aujourd'hui, à l'heure du réchauffement climatique ?
Le jeu emprunte également beaucoup à la mythologie japonaise, avec divers dieux présents dans le jeu sous la forme d'animaux et un scénario qui reprend sans doute certains mythes connus et qui verse dans l'épique et dans la métaphore. Si vous souhaitiez découvrir la culture japonaise, ce jeu y participe beaucoup.
Quelques défauts mineurs qui n'entachent pas l'expérience globale de jeu
Pour terminer, j'ai relevé tout de mêmes quelques défauts supplémentaires qui peuvent être gênants mais qui ne gâchent pas le plaisir du jeu :
Le jeu est parfois trop bavard : beaucoup de passages de dialogues, pas forcément tous très utiles et souvent dotés d'un humour un peu enfantin ; de plus, aux moments les plus importants de l'histoire, on ne peut malheureusement pas les passer sachant que le texte défile trop lentement.
Des redites qui viennent gonfler artificiellement la durée de vie du jeu : des boss à battre plusieurs fois, des mini-jeux peu nombreux qui sont à refaire plusieurs fois au cours de l'aventure, avec un niveau de difficulté simplement de plus en plus élevé, au lieu d'en proposer de nouveaux, beaucoup de retours aux mêmes endroits alors que la carte aurait pu être plus grande, etc...
Une OST agréable et jolie mais inférieure aux Zelda, avec certains thèmes qui reviennent trop souvent, et le système de dialogues en yaourt repris de Zelda qui peut taper sur le système.
Une caméra parfois capricieuse, qui peut nous poser des problèmes sur les phases de plateforme.
Mais bon, là je chipote...
Okami HD est globalement une expérience très saisissante, avec un scénario extrêmement travaillé et plein de rebondissements, des graphismes un peu vieillots mais qui restent plaisants grâce à un parti pris artistique très réussi, et un gameplay original qui fait tout l'intérêt du jeu. Sa facilité pour sa longue durée de vie, son message écologiste, l'aperçu qu'il nous donne de la culture japonaise et son prix très abordable en font un jeu qu'il faudrait mettre entre toutes les mains.