Okami aurait pu être le jeu parfait. Il ne lui manque au final pas grand chose, si ce n'est un tout petit peu plus d'audace sur certains partis pris ; on notera tout de même que l'audace, Clover en avait à revendre et a produit un des meilleurs jeux de la décennie 2000-2010, probablement le meilleur dans la partie aventure, n'en déplaise aux fans de Zelda et autres jeux 3D de plus ou moins bonne facture.
Je pourrais parler sans cesse des grands souffles épiques qui traversent cette oeuvre, de la richesse de son exploration, des idées pertinentes de gameplay qu'elle propose, enfin de cette réalisation magnifique, pertinente, adaptée, et réussie en tous points. Mais cela, c'est ce que tout le monde sait déjà.
Avec Okami HD, je me suis rendu compte de quelques aspects hélas décevants dans toute cette énergie positive. Il va de soi que ces défauts qui m'ont gêné étaient présents déjà dans la version PS2 ; je ne les ai aperçus et identifiés qu'à la lumière de nouveaux critères qui sont apparus entre le temps où j'ai joué pour la première fois à Okami et le moment où je l'ai terminé très récemment.
D'abord, et bien il y a ces cinématiques et ces dialogues, qui comportent d'ailleurs de très nombreuses fautes dans la traduction française. Ces cinématiques sont pour la plupart imposées et bien trop longues. Il faut bien comprendre que Clover a été très généreux en terme de jeu, hélas ils ont aussi été très généreux en terme de cinématiques molles et inutiles. Je suis partisan de la notion "le jeu doit se raconter", et Okami ne se raconte pas tant que ça par lui-même, il est trop souvent aidé par un media cinémat(ograph)ique qui présente des choses qui gagneraient presque à être cantonées au rang d'implicite. Dans l'ensemble, la critique que je formule n'est pas une critique qui vise spécialement Okami, c'est une critique qui vise la majeure partie du jeu vidéo mainstream, la critique que je formule à l'égarde d'Okami c'est bien de rester dans cette mouvance, sans aller au bout d'un parti pris pourtant évident : l'estampe japonaise. Lorsque l'on s'inspire à ce point d'un genre pictural, il est dommage que le parti pris n'aille pas jusqu'au bout, j'aurais bien sûr préféré que Clover évite la facilité de la cinématique et du mot, on sent le potentiel que pouvait avoir le studio dans cet esprit-là, il est dommage que ça n'ait pas été plus poussé. On sent qu'Okami est incrusté dans un genre et que même s'il en est incontournable, et bien malgré tout il en reste prisonnier.
L'autre point que je trouve reprochable à Okami c'est son manque de liberté et de challenge. Alors que je peste contre les jeux trop longs, et bien il semblerait que j'ai pour une fois le reproche inverse à faire à Okami. Le jeu est addictif, son univers onirique et pictural forts est vraiment attachant, et on a qu'une envie : ne pas arrêter de trouver de qûetes et continuer une exploration sans fin. Toutefois, lorsque je parle de manque de liberté je parle bien d'une chose autre : ce foutu Issun qui nous dit tout ce qu'on doit faire. Stop à la linéarité, laissez-nous vivre un peu, laissez-nous explorer ce monde merveilleux que vous avez édifié ! Une nouvelle divinité du pinceau ? Vite, essaye-la tout de suite ici en faisant ça, ça ou ça ! Quelqu'un vient de te faire une allusion légère à une destination ? Mais oui, c'est là qu'on doit aller, dépêchons-nous vite ! Ces inscriptions en rouge dans les dialogues censées donner des indices n'ont pas lieu d'être, le joueur n'est pas bête à ce point. Finir Okami en ligne droite est un sacrilège, une hérésie, laissez-nous au moins le temps d'explorer, nous perdre, laissez-nous vaquer à votre rêverie. Pour revenir au manque de challenge, ben au final, je dirais juste qu'Okami se finit facilement sans perdre de vie et ême en finissant toutes les portes démoniaques ; alors oui on contrôle une divinité et c'en est jouissif, mais le problème de ce constat c'est que plus le personnage que l'on contrôle est fort plus on a envie de le tester dans des épreuves difficiles.
Voilà, il me semblait plus intéressant de développer mon point de vue sur les défauts du jeu. Ce que je reproche à Okami d'ailleurs ne m'empêche pas de l'aimer tendrement, 9/10 c'est de loin une pure note. Je reviens juste deux secondes sur le portage HD : Okami avec une telle qualité d'image c'est du bonheur en barre et je remercie toutefois Capcom de ne pas avoir désacralisé le jeu plus que ça n'aurait pu être fait. Proposer des bonus supplémentaires, évidemment, ça aurait été bien, mais voilà, Clover est mort, ne touchons plus à leur merveille.