Temps de jeu : 10 heures
Mon deuxième Onimusha
Test rédigé pour Nintendo-Difference [#32]

On a beau dire ce qu'on veut de Capcom, notamment sur son soutien vis à vis de la Nintendo Switch, force est de reconnaître que le développeur et éditeur nippon ne cesse d'impressionner son monde, tant il enchaîne les nouveaux titres, les remakes ou encore les remasters à une vitesse folle. Alors oui, bien sûr, difficile de ne pas désirer le futur Resident Evil 2 ou le magnifique Monster Hunter World, déjà paru ailleurs. Davantage encore quand en plus de l'annonce de Dragon's Dogma : Dark Arisen (publiée sur notre site), l'hybride du petit artisan doit se contenter de l'arrivée d'un remaster Haute-Définition d’Onimusha : Warlords, un jeu originellement sorti sur PlayStation 2 en 2001, puis Xbox en 2002 ; sorti tardivement, puisque prévu à la base pour la PlayStation, première du nom. Pour autant, faut-il absolument s'indigner d'une telle pratique ? On aurait bien du mal à en vouloir à Capcom, tant son catalogue regorge de titres fabuleux et parfois injustement oubliés, lesquels mériteraient une remise au goût du jour. Et – vous vous en doutez – tel est le cas de ce Onimusha : Warlords, disponible sur le Nintendo eShop le 15 janvier prochain, pour près de vingt euros.

Oni moucha les démons

L'histoire prend place au Japon féodal, plus précisément durant l'époque Sengoku, plus connue comme l'ère des provinces en guerre, à la fin du XVIème siècle. Cette histoire, fictive, oppose le clan Saito au clan Oda, mené par le légendaire seigneur de guerre Nobunaga. Ce dernier, qui savourait une victoire imminente, fut tué d'une flèche perdue au niveau du cou... avant de revenir d'entre les morts, accompagné d'une armée de démons et prêt à faire tomber le pays sous le joug des ténèbres. Pendant ce temps-là, un samouraï solitaire répondant au nom de Samanosuke, reçut une lettre de la princesse Yuki, du clan Saito, laquelle l'implore de venir la sauver. Avec l'aide de Kaede, une kunoichi, Samanosuke se rend en direction du château pour délivrer la princesse et repousser les forces démoniaques qui en ont pris le contrôle. Autant le dire tout de suite, Onimusha : Warlords ne se joue pas pour son scénario, qui plus est aujourd'hui.

Avec presque dix-huit ans dans les pattes, la narration du titre paraît particulièrement désuète. Le rythme de l'intrigue y est mal géré, enchaînant à vitesse grand V ses événements, bien trop souvent illogiques. Les habitués des scénarios nanardesques signés Capcom ne seront également pas franchement dépaysés, notamment à cause de cutscenes qui versent dans le ridicule, le tout accompagné de doublages anglais involontairement comiques. Fort heureusement pour le joueur, il est possible de passer les voix en japonais (réenregistrées pour l'occasion), excellentes en dépit d'un Samanosuke un poil trop surjoué. De même, si les dialogues – convenus – n'apportent pas grand-chose au lore, il sera possible de s'imprégner de l'ambiance oppressante du titre à l'aide de carnets dispersés ici et là, le jeu étant entièrement sous-titré en français. Une ambiance étouffante en partie due aux caméras fixes, tout droit tirées d'un certain Resident Evil, une autre production du développeur nippon.

MAOÂMES, un goût de sang jusqu'au bout !

Manette en main, impossible d'ailleurs de ne pas ressentir le spectre du jeu d'horreur de Capcom, quand bien même l'ensemble reste relativement différent. Là où Resident Evil assumait pleinement son aspect survival-horror, Onimusha : Warlords lui, le mêlait au hack 'n' slash. Rien de très nerveux ou de bien surpeuplé, mais il n'empêche que le titre impose souvent des vagues d'ennemis, que le joueur doit trancher sans vergogne pour en récolter et cumuler les ressources. En effet, à peine débuté (et les commandes non-exhaustivement expliquées), le jeu vous envoie à la mort, histoire de récupérer le gantelet des âmes, un précieux artéfact façonné et gracieusement offert par les Oni. Ce dernier permet en effet de se nourrir des orbes que lâcheront les démons morts ; les rouges permettront d'améliorer les armes de Samanosuke, ainsi que leur élément, les jaunes de régénérer la barre de vie et les bleues celle des coups spéciaux. Ces trois armes, aux coups divers, pourront également être amenées à déclencher un pouvoir dévastateur.

L'arme et leur élément associé peuvent donc, en échange d'une bonne grosse poignée d'âmes récoltées, monter en puissance (trois niveaux maximum). Sur son chemin, Samanosuke devra également faire face à tout un tas de portes scellées par les forces du mal, dont les conditions sont représentées par une couleur liée à un élément (rouge pour le feu, bleu pour l'eau et vert pour l'air). Pour les passer, il devra s'équiper de l'arme du même élément, tout en ayant le niveau requis (deux orbes sur une porte obligeront à posséder l'élément de l'arme au niveau deux). Au-delà de ce système de progression dans les zones de jeu, il faudra aussi résoudre moult énigmes pas bien complexes pour déjouer des pièges ou récupérer le contenu de coffres et autres trésors. Avec ses plans fixes et ses décors précalculés en 2D, il est alors facile de mettre la main sur les objets interactifs, ces derniers étant les seuls éléments – en plus du joueur et des personnages non-joueurs – en 3D. À noter également des phases de jeu avec Kaede, plus basées sur la fuite que le combat, sympathiques, mais trop rares.

Estam'pis si c'est vieux

Que les vieux de la vieille se rassurent quant aux déplacements : s'ils sont bien présents, il n'est pas obligatoire de se servir des contrôles de l'époque, permettant donc de pouvoir enfin jouer avec les sticks analogiques. Par contre, pour monter un escalier ou s'enfoncer dans une grotte, il est encore nécessaire de presser une touche ; nul doute que les plus jeunes trouveront cette façon de faire, là encore, désuète. Et puisqu'on en est à discuter de l'aspect technique, il est intéressant de souligner la présence d'un écran de jeu en 16:9, en plus de l'original en 4:3. Il est par ailleurs possible de changer de mode à la volée, en dépit de certains écrans ou menus bloqués dans l'un ou l'autre. Chouette ajout également : si le joueur opte pour le 16:9, l'écran effectue un scrolling en haut ou en bas, suivant où il se déplace. Ça n'empêche pas les changements d'angle de vue, même en combat, mais il n'empêche que le résultat final paraît moins sec.

On pourrait aussi s'attarder sur les textures HD, véritablement plaisantes à regarder en comparaison de sa version originale, ou des animations et expressions faciales inchangées, particulièrement troublantes quand on n'a pas connu l'époque. Il n'empêche, le jeu reste agréable à reluquer. Pas de quoi s'en rouler par terre comme à sa sortie originelle, bien sûr, mais suffisamment réussis pour procurer un malin plaisir. Finalement, ce dont on retiendra le plus de cette nouvelle mouture, c'est bel et bien sa bande-son, complètement nouvelle et de haute-volée. C'est traditionnel, c'est épique, que demande de plus le peuple ? Ressasser l'incroyable histoire de Mamoru Samuragochi, lequel a avoué – tardivement – qu'il n'était pas réellement sourd et que ses musiques avaient été écrites par le compositeur à gages Takashi Niigaki ? Non, il ne faudrait pas remuer le couteau dans la plaie, surtout au vu de la qualité fantastique de la bande-son originelle, que les joueurs de l'époque pleureront très certainement...

Verdict : Peut-être ?

Dans une liste longue comme son bras, le joueur ne s'attendait certainement pas à retrouver en 2019 un remaster HD d'Onimusha : Warlords. Pourtant, difficile de bouder son plaisir en y rejouant, même avec toutes les vieilleries du jeu d’origine que cela implique (caméras, graphismes, maniabilité des combats, etc.). Les combats sont plaisants, la progression via des énigmes – certes faciles – également, au même titre que toutes les petites améliorations techniques. Rien que pour son scénario délicieusement ringard et le costume récompense à la fin du premier run, on en ressort heureux. Toutefois, impossible de ne pas râler quant à la durée de vie famélique du titre (cinq heures en ligne droite, dix pour la complétion), surtout au vu du tarif demandé. En dehors d'un élan nostalgique ou d'un désir de parfaire sa culture vidéoludique, le joueur est en droit de se demander quel peut être l'attrait d'un titre aussi désuet et imparfait.

Créée

le 19 oct. 2022

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Kalimari

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