Outlast
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Outlast

Jeu de Red Barrels (2013PC)

En voilà un titre qui va mettre votre cœur à l’épreuve: Des tremblements, une grosse envie que maman vienne vous border le soir, c’est probablement ce que ressentira toute personne ayant arpentée l’asile de Mount Massive.


Le titre de Red Barrels est une véritable mise à l’épreuve ! Pire encore si vous jouez seul et dans le noir (ce que je recommande aux plus vaillants d’entre vous) ! Bon au niveau de l’histoire de base, ce n’est pas bien sorcier : vous incarnez un journaliste enquêtant sur un Asile psychiatrique, à priori pas très net, vous vous rendez sur place et constatez que plus rien ne va à Mont Massive, les fous sont en liberté, les cadavres jonchent les couloirs, et comme vous n’avez pas de bol, vous vous retrouvez enfermé et perdu avec les gentils locataires. Il va donc falloir sortir de là, en un seul morceau. Vous aurez le loisir, au fil de votre « promenade » de trouver des documents qui vous en diront un peu plus sur la situation (comme le font les Resident Evil).


Très inspiré des found-footage (ces films faussement voulus « caméra amateur » comme REC ou le pénible Paranormal Activity) on arpente les couloirs de cette institut psychiatrique caméra au point. L’objet en question constitue notre seule source de lumière dans les zones sombres qui sont, vous vous en doutez, très très fréquentes (et par « zones sombres », comprenez « noir total » dans certains cas). La ressource qu’il nous faut donc gérer est la batterie de cette caméra (avec les piles qui sont planquées ici et là au compte-gouttes). Sans batterie le champ de vision est très restreint et donc les ennemis plus difficile à repérer.
Ainsi on a le loisir de voir plus ou moins loin par le biais du mode infrarouge de l’appareil, dont l’effet est particulièrement bien rendu : On avance souvent à tâtons et aux bruits, priant pour ne pas tomber sur un dégénéré face auquel l’unique option sera de courir et se trouver une cachette. Ces cachettes, (c’est-à-dire les dessous de lit et le casier) ne sont pas infaillibles car les ennemis ont l’« intelligence » de les fouiller plus ou moins scrupuleusement. Parfois c’est juste le casier à côté de vous qui est ouvert et parfois bah… c’est le vôtre (ensuite c’est vous qui êtes ouvert…). Le jeu fonctionne énormément sur l’appréhension du : va-t-on me voir ? Va-t-on me trouver ? Sachant que si l’on vous trouve, vous avez peu de chance de survivre.


L’intelligence du Game Play réside dans son caractère minimaliste : courir, s’accroupir, se cacher, ouvrir et fermer des portes et bien sûr exploiter le zoom et la vision nocturne de la caméra. Et c’est bien notre incapacité à réagir face à l’ennemi, autrement que par la fuite, qui induit ici en grande partie cette peur, chez nous, joueurs tellement habitués à incarner des personnages increvables pour qui une bonne bouffée d’air frais à des vertus curatives insoupçonnées…ça, et l’armement démesuré qui généralement va de pair avec ces incroyables capacités régénératives. Hors ici, on se retrouve à poil, une pauvre caméra dans une main, et nos peurs dans l’autre ! Pas question de se défendre, car nous sommes une petite chose fragile et vulnérable jouant à une mortelle partie de cache-cache avec des gens très envieux de jouer avec vos organes internes (chacun ses hobbies)


Le jeu dispose de graphismes plus que corrects pour l’expérience proposée, avec une très bonne gestion des lumières et des ombres (éléments clés du jeu) et de textures suffisantes surtout une fois passées au filtre de l’infrarouge. Mais, croyez-moi, vous n’aurez pas envie de vous attarder sur les textures, trop occupés que vous serez à rester en vie. Les ambiances sonores ne sont pas en restes, loin de là et constituent un atout majeur de ce titre et un élément indispensable au frisson ressenti avec des sonorités, tantôt très graves, tantôt très aiguës, grincements, bruits de pas, gémissements, grognements, des musiques qui s’emballent quand on vous repère, tout vient sublimer l’horreur de cet endroit et le malaise de s’y trouver. Le moins que l’on puisse dire c’est que l’ambiance est pleinement maîtrisée.
Red Barrels veut nous faire flipper et il le fait bien ! Celui qui vous dira ne pas avoir eu peur en jouant à Outlast est un menteur !
L’autre origine de cette angoisse viscérale est la non maîtrise de notre environnement que l’on arpente toujours en demi-aveugle. Le champ de vision est limité, l’asile vaste et labyrinthique et les ennemis potentiellement dans n’importe quel recoin : tout est fait pour que vous sentiez bien que vous n’avez de contrôle sur rien. Et ça fonctionne : on appréhende chaque putain de mètre avec la gaillardise d’une gamine de 8 ans.


Enfin, il faut bien le dire, on flippe aussi en raison de ce que l’on a à fuir : des dégénérés mentaux pour la plupart automutilés, scarifiés, clairement monstrueux et très motivés lorsqu’il s’agit de vous dépecer vivant. Vous ferez beaucoup de rencontres peu plaisantes et vous aurez tout le loisir de souiller vos sous-vêtements.


Avec aussi peu de moyens pour se défendre dans un environnement à ce point hostile et inquiétant, Outlast se révèle être un véritable Survival Horror comme on en voit trop rarement. Dire que l’on doit se débrouiller avec notre bite et notre couteau est encore loin de la vérité puisque même le couteau nous fait défaut (quant à la première option, je ne lui ai pas trouvé d’usage constructif).
Rarement un jeu s’est vu aussi pure représentation d’un genre. En somme, si c’est du frisson que vous recherchez, Outlast est tout indiqué et fera aussi bien si ce n’est mieux, qu’un Slender ou un Amnesia. On souffle de soulagement quand on quitte le jeu et on a le ventre noué quand on le reprend !


Le titre est vite bouclé puisque pliable en 6/7h, mais cette durée de vie à priori maigrelette se prête parfaitement à l’expérience Outlast qui, si plus longue, risquerait de basculer dans le redondant et perdre ses vertus (en raison même de la limite de nos actions et des comportements ennemis finalement prévisibles). Mais en l’état, ce sont 6 heures de claquements de dents, de palpitations et de sueurs froides, ce qui est déjà très au-dessus de la moyenne des jeux typés « horreur ». Pour moi, l’expérience vidéo ludique la plus angoissante à ce jour.


Alors ? On enfile sa couche et on s’y colle ?

Carrhotus
7
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le 28 mai 2017

Critique lue 215 fois

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