école du graphisme VS école du gameplay?

Owlboy est un jeu finalement assez atypique. On contrôle une chouette qui virevolte dans les airs, accompagnée par ses amis aux capacités uniques, le tout se jouant un peu comme un jeu de tir.

Si tout l'enrobage (scénario, péripéties, construction du jeu autour de donjons à explorer et d'énigmes à résoudre) fait penser bien évidemment à du Zelda, le cœur du gameplay s'en éloigne donc largement et propose quelque chose d'assez singulier.
Pour autant, et c'est peut-être l'unique (mais dommageable) défaut du jeu, l'action manque clairement de fluidité. A cause d'une série de petits soucis, les combats comme certaines phases spécifiques (infiltration) apparaissent lacunaires. Par exemple, le héros Otus est éjecté à chaque coup qu'il reçoit. Cela signifie qu'il est soit projeté au sol, soit contre un mur, générant une animation relativement longue rendant les combats bien plus erratiques qu'ils n'auraient pu l'être. De même, chaque compagnon, qui dispose d'un "tir" spécifique, doit être agrippé en vol par le joueur pour être utilisé. S'il est possible de les téléporter directement dans les serres d'Otus grâce à un bouton dédié, jongler entre les différents personnages à l'aide des boutons de tranche, les déposer au sol ou les récupérer avec les gâchettes se révèle assez contre-intuitif, surtout dans le feu de l'action (les personnages sont également éjectés dans un coin du tableau à chaque coup encaissé). En outre, la hitbox peut amener de la confusion: par rapport à l'environnement, celle des personnages embarqués par Otus compte (impossible de naviguer avec eux dans un endroit exigus par exemple); en revanche en combat, seule celle d'Otus est prise en compte. Cela peut paraitre anodin mais devant de nombreux ennemis, il est parfois difficile de savoir ce qui va nous toucher ou non. Enfin certaines phases de gameplay sont assez punitives à plusieurs reprises dans le jeu. Rien de bien méchant ni d'insurmontable, mais à mon sens il y a parfois un petit problème d'équilibre.

Alors pourquoi un 7 avec ce déluge de reproches?
Parce que Owlboy est aussi très charmant. Le jeu nous embarque dans son univers comme le faisait les anciens rpg et jeux d'aventures de l'époque. On découvre un scénario qui se déroule sans accroc, avec les enjeux posés très clairement. Les situations sont variées, sans temps mort, avec des dialogues bien écrits, des personnages (principaux comme secondaires) haut en couleur. Ni dans le pathos, ni dans le léger, le jeu a son propre ton, mais toujours juste, et donne l'impression de vivre, en une dizaine d'heure, une grande aventure. Avec des donjons bien construits bien qu'un peu simples, des boss intéressants, et surtout une patte artistique bluffante et chatoyante, Owlboy sait aussi montrer ses atouts et donne l'envie de garder la manette en mains.

Au final on peste un peu sur le gameplay, qui aurait bien mérité quelques équilibrages, mais qui n'est pas non plus imbuvable - ça fonctionne, au moins. Et de l'autre côté, au se prend au jeu et on rentre facilement dans l'univers proposé. De ce côté là (trame, péripéties, situations, dialogues), on est bien plutôt dans le haut du panier en matière d'action/aventure 2D.