Dès la première minute du jeu j'ai eu l'impression d'être pris en otage par le scénariste-terroriste qui a trouvé bon d'étouffer le joueur avec des litres, des mètres cubes de logorrhée de teenagers échapés d'un Dawson / slasher minable / skyblog.
Pour vous donner une idée, on débute sur un bateau et paf sans préliminaires on te fout un entonnoir dans chaque oreille et ça ne s'arrête plus de parler. Ça irait s'il y avait une certaine narration à travers ces dialogues, mais nan, ça piaille comme dans une basse cour bourrée de volailles et le joueur est condamné à subir passivement un flux de futilités.
Régulièrement le jeu vous propose de répondre aux altercations des uns et des autres en choisissant parmi une poignée d'options, mais tout s’essouffle instantanément quand on constate que les autres personnages n'ont rien à foutre de toi et continuent non stop de gerber leurs états d'âmes que tu répondes ou non.
Voilà pourquoi dès 5 minutes j'ai eu envie de désinstaller le jeu, formater mon disque dur, jeter de l'eau bénite sur les 4 murs de ma chambre et partir séquestrer l'auteur pour lui rendre la pareille. Mais je suis allé plus loin, lui ai donné sa chance, dans la douleur. Après 30 minutes bloqué dans cette espèce de purgatoire pour joueur, le jeu m'autorisait enfin à entendre le silence et à vagabonder pour sentir un semblant de liberté, et j'y ai cru. Je me suis dit "putain enfin on me laisse les commandes", pour me venger de cette bande d'ados précieux je les clashais via mes réponses et ça me faisait du bien.
Puis alors que j'entrais dans le dernier tiers de ce jeu plutôt court, le sentiment claustrophobe de jouer l'antithèse d'un jeu vidéo a repris le dessus et a anéanti les dernières traces de ma patience.
Dans Oxenfree, les déplacements à travers le décor sont tellement chiants et lents que je ne regardais même plus l'écran et préférais surfer sur le net ou mater un truc en parallèle. Toute la liberté du joueur est bridée pour subir des pavés de blablas clichés avant que vous atteignez telle porte. Si les auteurs pensent qui vous allez trop vite, ils bloquent votre vitesse de marche, point barre.
La goutte d'eau qui m'a fait ragequit c'est l’enchaînement de deux trucs insupportables :
- A un certain stade du jeu, les devs ont la bonne idée de répéter en boucle des passages entiers pour se la jouer paranormal. Donc tu subis le même dialogue de merde et le même déplacement soporifique d'un point A à un point B. Le truc c'est qu'à un moment j'ai été tellement vite pour passer à la suite de l'aventure que le jeu m'a littéralement bloqué (sans blague). Un des persos masculins (les plus insupportables chialeuses jamais inventées) m'a juste dit "Nan nan on avance pas, faut qu'on parle avant et qu'on fasse un plan de ce qu'on va faire". Bilan, après 3 tours complets de la zone - ce qui prend bien six millénaires dans votre esprit - j'ai du me résoudre à recharger la partie et tout me retaper pour que se déclenche un dialogue automatique que j'ai eu le malheur d'esquiver.
- 20 minutes plus tard mon personnage s'est bloqué au milieu d'une action, obligé de recharger la partie pour me retaper toute une scène, les déplacements et les boucles temporelles. J'ai craqué.
Pourquoi je ne mets pas la note minimale ? La D.A. bobohipster est quand même jolie, le voice acting est très bon même si l'écriture générale est anecdotique (et que les persos masculins sont insupportables). Le sound design autour des événements surnaturels est aussi remarquable, même si malheureusement tout ça ne suffit pas à rattraper le livre-prison non interactif dans l'âme qu'est Oxenfree.
L'auteur rêvait probablement de faire un film ou un graphic novel et ça se voit salement.