Paper Mario: Sticker Star par ngc111
Considérée comme une très bonne série de jeux de vidéo, et ce malgré un opus Wii hybride moins apprécié globalement, Paper Mario vient enrichir la ludothèque de la 3DS ; une console qui en a bien besoin. Et comme tout autre opus de la saga, ce volet n'hésite pas à bouleverser les conventions pour offrir une expérience différente des autres et acquérir sa propre identité.
Pourtant, à bien y regarder, ce Paper Mario Sticker Star semble retourner vers un classicisme que ne proposait même pas l'original sur Nintendo 64 ; le bestiaire est d'une sagesse et d'une banalité inédite pour la saga, il n'y a aucune création originale, on connaît tous les ennemis, leur "patern" et leur point faible, les mondes sont les traditionnels prairie verdoyante, désert, forêt, monde gelé, volcan et la ville de départ abrite des Toads inquiets de la disparition de la princesse Peach.
On se lance dans l'aventure avec le sentiment du baroudeur en terrain connu, moitié confiant quant à son habitude des éléments évoqués ci-dessus, moitié déçu de ne pas trouver un peu de nouveauté dans cette familiarité.
Mais ce Paper Mario cache bien son jeu et s'appuie sur un tout nouveau de système de combat et de gestion déroutant et lent à assimiler pour ceux qui ne juraient que par le système classique de coups traditionnels à base de saut/marteau et de coups spéciaux utilisant des PF, de l'apport des coéquipiers (ici totalement absents malheureusement) et de la montée en niveau classique avec points d'expérience et choix à effectuer (PV, PP ou PF).
Dans le cas présent Mario utilisera un sticker pour chaque attaque, que ce soit un simple saut ou bien dans l'utilisation de fleurs,carapaces ou autres blocs POW. Au début il y a une crainte de pénurie mais l'on se rend compte très vite que l'abondance de stickers règne dans les niveaux de Paper Mario Sticker Star et que l'on n'en manque jamais. On aura aussi vite fait de découvrir des stickers "Trucs" qui serviront notamment à corriger les boss mais aussi à résoudre des énigmes dans les niveaux.
Voilà deux points importants qu'il faut souligner ! Les combats contre les boss s'apparente plus à des énigmes à résoudre qu'à de longs affrontements où le soin permet de tenir jusqu'à épuiser les points de vie de l'opposant. Une bonne idée qui permet de sortir de l'habituel ennemi classique qui frappe plus fort et résiste plus longtemps, d'autant que certains boss nécessitent un peu de jugeote et peuvent se battre de différentes manières. Mais le fait est que la facilité reste globalement de mise et qu'une fois trouvé le point faible ou le timing avec lequel il faudra composer pour utiliser le bon sticker, l'opposition tourne court.
Les énigmes quant elles ont le mérite de ne pas toujours être évidentes et surtout de ne pas afficher un conseil ou la solution en plein milieu de l'écran. Le décor autour d'un boss peut donner une indication pour le battre facilement, certains stickers optionnels peuvent servir sans que l'on y soit obligé, Colette n'aide pas toujours autant qu'on le souhaiterait (dans la quête des petits Wigglers par exemple)... Un léger parfum old-school, pas extrême mais suffisant pour nous faire apprécier cette rareté dans un jeu Mario.
Et puis il y a ce cercle vertueux ; au début on se dit qu'éviter les combats permet d'économiser les stickers et de progresser très vite dans les niveaux, mais Intelligent Systems a pensé à tout et en faisant comme cela le joueur se prive des pièces obtenues lors de combats et à la fin des niveaux (celles-ci sont d'autant plus nombreuses que l'on a combattu et ce sans prendre de dégâts), le résultat étant qu'il ne peut alors utiliser la machine jackpot pour attaquer plusieurs fois à la suite (utiles contre les ennemis en grappe et les boss bien sûr), qu'il ne pourra acheter de stickers en magasin (notamment les portes débloquant l'accès à des stickers cachés et des points de vie supplémentaires).
On découvre alors le plaisir de combattre, de faire des "perfects" et d'amasser un butin confortable et utile. Et ce d'autant plus que les niveaux sont riches en stickers et ne manquent jamais de nous offrir ce qu'il faut pour terminer tranquillement un niveau.
Ces niveaux sont relativement nombreux, quoi qu’inégalement répartis entre les mondes. Les développeurs ont avoué avoir dû accélérer le développement du jeu pour le sortir rapidement sur une console en manque de titres et cela se sent sur certains mondes (les trois derniers principalement) qui proposent moins de niveaux ou alors des niveaux extrêmement réduits en superficie.
Il y a donc du bon et du moins bon en terme de level design ; le désert proposant des niveaux absolument délectables dans ce domaine (la pyramide, le sphinx Yoshi), la forêt disposant de très bons endroits, surtout très nombreux (plus d'une dizaine de niveaux) et rejouables pour certains afin d'y redécouvrir certaines choses ; à côté de cela le monde de glace est chiche en contenu et le monde final se résume presque à la confrontation finale.
Pourtant la folie des anciens Paper Mario se retrouve par moment comme à l'occasion d'un niveau hommage à Luigi's Mansion ou comme lors de cette parodie de jeu TV. Il faut toutefois admettre que cela reste insuffisant par rapport à l'extravagance des précédents opus (le catch dans la Porte Millénaire, le village fantôme sur N64, le monde des morts sur Wii).
Et pour terminer sur une bonne note, autant qu'elle soit musicale ; les compositions jazzy sont soignées, remarquables et resteront l'une des plus grande force de ce volet. Loin des morceaux oubliables et fainéants des derniers Mario plates-formes, les musiques de ce Paper Mario sont entraînantes, uniques et originales.
La réalisation est quant à elle de très bonne facture avec un style papier habituel et un aspect "carton" qui l'est moins et permet au jeu de s'offrir une légère différenciation graphique.
Original dans son système de combat, plus traditionnel dans la forme, riche dans son contenu (nombre de stickers à trouver, durée de vie d'une trentaine d'heures) mais chiche en surprises et en récompenses (Luigi qui ne sert à rien, les salles du musée à débloquer très décevantes), ce Paper Mario divisera encore comme a pu le faire l'opus Wii en son temps, d'autant plus que le scénario passe au second plan.
Pourtant une fois pris au jeu, on ne peut qu'admirer le travail sur la réalisation, que se laisser bercer par les musiques bénies de la bande-son, que se laisser griser par la recherche de bonus de perfection en combat.