T'as pas peur ? Moi, je dis qu't'as tort !
"Papers, please", c'est la peur au ventre qu'en bon douanier, on fait notre Job. (celui qui subit, s'attend au pire, résigné)
Pas peur ? S'il vous plait... Voilà qui ne manque pas de sel !
L'insupportable flot d'immigrants amaigris à votre seule merci, et vous dans de beaux draps, servant des drapeaux rustres, bridé par des dictats et dépendant des sous... Cela ne vous touche pas ?
Cette femme affamée qui derrière son mari n'attend que votre aval pour pouvoir avancer, et cet homme recherché par la police, qu'il a aux fesses, vous savez qui il est, mais lui doit nier. Votre seul choix peut le faire chuter.
Et outre les destins d'immigrés assoiffés, qui passent un par un, c'est la famille (la votre) qu'il faut sauver.
Arrêter de porter à bout de bras ce régime soviétique en le sauvant à coup d'éthique... face à ses régiments, ce n'est pas évident.
Mais lorsque l'agent du régime, érigé en régent grimé, se gêne de gémir aux émargements d'émigrants germant en son giron, volette alors en volutes la volonté de révolte et les circonvolutions d'une révolution qu'on rêve solution.
L'enjeu est alors clair.
"Papers please", c'est un jeu indescriptible, indéfinissable, indépendant, et cependant ce n'est pas un déjà-vu, ce qui en somme est bien vu.