**Je ne sais pas vous, mais pour moi un bon puzzle game doit être court. À l’embourbement dans la frustration je préfère l’épiphanie fugace, entre deux jeux plus en phase avec mes facultés. Path to Mnemosyne est donc un concentré bienvenu de DevilishGames. Il vient d’arriver sur Switch et ça tombe bien : son atmosphère très “terreur nocturne pendant une fièvre grippale hallucinatoire” est parfaite pour jouer au lit avant le coucher. Plus de critiques sur La Gazette du Game
On incarne une enfant en robe (de chambre ? Je vous laisse juge), qui avance vers le fond de l’écran ou revient vers nous. Pour passer les barrières jusqu’au bout du tunnel, il nous faut retrouver nos souvenirs, représentés par des feux follets bleus qui dénotent avec le noir et blanc de l’œuvre. Notre petite héroïne, aussi muette qu’anonyme, peut faire pivoter le couloir à 360° pour progresser sur un des quatre chemins. Quelques variations (points de téléportations, jeux de lumière, de rythme) s’invitent dans les mécaniques de la chasse aux souvenirs qui, selon la voix off masculine et vaguement médicale, sont la clé.
On avance ou recule dans le temps ? Dans le couloir qui mène à la mort ? À la résurrection ? Somme-nous prisonnier du refoulement psychologique ? La voix off nous veut-elle du bien ? Toutes ces questions resteront dans une très large mesure sujettes aux interprétations du joueur. Chacun est libre d’y coller ses peurs propres face à la mémoire qui s’enfuit, et de substituer aux ornements très taxidermistes du titre ses propres angoisses. On nous laisse entrevoir un dénouement plutôt apaisé, même si les décors traversés témoignent d’un passif tortueux, de blessures certaines. L’effet de traverser des miroirs à l’infini tend vers un état de transe visuelle. Ou au moins vers un petit strabisme convergent assez déroutant.
Path to Mnemosyne vous occupera 2-3h en vous laissant plus de questions que de réponses.
Ceux qui aiment se triturer les méninges sans pour autant se sentir humiliés y trouveront leur compte, en se délectant au passage d’une direction artistique magnifiquement sordide et d’un sound design oppressant.