En cette période où les bons jeux se font plus rare que l'eau dans le désert, je me suis dit que c'était peut-être le moment d'accomplir ce que je voulais faire depuis un sacré moment: revenir aux vieux amours, ces jeux qui ont comblé mon enfance. Alors autant en faire des critiques pour les faire découvrir à la nouvelle génération ou gratter la corde nostalgie des vieux gamers.
Pour cette première critique oldie, je me suis tourné vers un point & click objet de tous mes fantasmes lors de ma prime jeunesse. En effet, j'avais déjà fait sa suite, Obsessions Fatales (qui sera sûrement l'objet de la prochaine critique oldie) et je n'osais imaginer ce à quoi pouvait ressembler son prédécesseur. Je l'ai fait des années plus tard lorsque je l'ai découvert en tant qu'abandonware (jeu abandonné pouvant être distribué gratuitement et téléchargé sans problème). A ce jour, pour cette critique oldie, j'ai relancé cette aventure.
L'apparition du logo Sierra au démarrage m'a renoué avec la nostalgie. Oh mon dieu, qu'est ce que j'ai pu kiffer quand j'entendais la musique associée à Sierra. Un menu austère s'affiche et on lance sans attendre l'introduction. Une vidéo d'une qualité déplorable s'affiche, comprendre plein de pixels (eh oui, les divx n'existait pas encore), à la traduction française tragique (voix à mourir de rire) mais il y a quelque chose, une ambiance indéchiffrable, une sentiment étrange s'empare de vous à la vision de ce manoir austère. Il n'y a pas de doute, on est bien dans un Phantasmagoria.
Le jeu offre des vrais acteurs sur des décors en images de synthèse, rajoutés via fond bleu (ce qui explique le pull orange horrible de l'héroïne en effet l'orange est la couleur qui contraste le mieux avec le bleu). Si les décors ont beaucoup vieilli, ça n'enlève rien à leur charme, à leur côté hors du temps qui procure ce sentiment étrange dont je vous parlais, on peut désormais mettre une description à ce sentiment: malaise. Les rêves fantasmagoriques sont toujours un délire graphique, procurant désormais plus de rire que d'horreur tellement ils sont devenus kitsch.
Les passages horrifiques voient leurs effets vieillir mais certains demeurent très efficaces comme la toile qui se remplit toute seule à chaque chapitre ou cette voyante avec toujours la phrase qui fait peur. Toutefois, on ne se gênera pas pour mourir afin de découvrir le gore outrancier de Phantasmagoria (d'ailleurs pensez à désactiver la censure dans le menu accessible en cours de partie). Mention spéciale à cette scène où l'héroïne voit sa tête déchiquetée par une balance avec une lame au bout.
Si le jeu garde de son côté malsain et procure un sentiment d'inquiétude, il le doit beaucoup à sa musique dont les notes entrent en symbiose avec les décors résolument inquiétants (le fait qu'ils aient vieilli n'enlève rien de cet adjectif). Sans compter sur cette histoire qui fait beaucoup penser au Shining de Stephen King, on s'attache rapidement à l'héroïne et plus les chapitres avancent, plus le mystère se dissout et plus l'inquiétude monte en même temps (c'est vraiment très bien fichu). Le chapitre final est magique avec une course-poursuite démoniaque non stop (il faut appuyer sur la bonne action au bon moment sous peine de mourir). Le tout s'achève sur un plan final tragique. On en sort satisfait de cette aventure comme on n'en fait plus de nos jours surtout vu les émotions rarissimes que procurent ce jeu.
Au niveau du gameplay, c'est très, très basique, les actions sont sommaires: cliquer sur les éléments, quelques objets (jamais plus de 8 dans votre inventaire). Le jeu est alors facile, cette facilité est nécessaire pour préserver l'angoisse qui vous enserre durant le jeu. En tout cas, on n'est que rarement bloqué dans le jeu, les interactions sont évidentes (pas de combinaisons complètement tordues pourtant la marque de fabrique de la plupart des point & click). On avance sans peine et on a vraiment l'impression de participer à un film: Phantasmagoria est avant tout un film interactif qui mise sur l'ambiance.
En tout cas si l'intégration des acteurs n'est pas parfaite, on ne regrette absolument pas les personnages en 3D car les acteurs sont capables de faire véhiculer des émotions ce que des polygones sont rarement capable de faire (celui fait Zoltan est flippant). De plus les scènes horrifiques ont nettement plus d'impact. On se demande pourquoi plus personne n'utilise ce procédé de nos jours surtout que la technologie a largement évolué depuis...
D'ailleurs en passant, le jeu marche très bien sous Windows Seven, je n'ai eu qu'un blocage suite à une vidéo mal enclenchée donc je vous conseille de sauvegarder souvent histoire de ne pas être frustré. Aussi pour bénéficier d'une qualité visuelle la plus propre possible, changez de résolution avant de lancer le jeu (mettez-vous sur la résolution la plus basse possible). En tout cas, c'est agréable de voir qu'un vieux jeu comme celui marche encore sur nos OS les plus récents sans être obligé de passer par DosBox.
Conclusion:
Phantasmagoria est un film interactif à essayer au moins une fois dans sa vie (en plus, vous n'avez pas d'excuses étant donné qu'il est abandoware).
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