Temps de jeu : 10 heures
Reçu dans le Humble Monthly Bundle de Novembre 2016
Test rédigé pour Nintendo-Difference [#27]
Votre Game Boy est au bord de la mort, ses piles sont à plat et votre précieuse cartouche de Tetris reste introuvable. Pourtant, votre soif de jeux arcade semble irrépressible. Tout semble perdu, quand arrive soudainement Pirate Pop Plus, véritable lettre d’amour aux jeux rétros. Disponible depuis le 31 mai dernier sur le Nintendo eShop, le titre était déjà paru sur Wii U, Nintendo 3DS et PC. Développé par Dadako Games et édité par 13AM Games, cette joyeuse bizarrerie propose une expérience à l’ancienne, grandement inspirée par le légendaire Pang. C’est dans les vieux pots qu’on fait la meilleure soupe, paraît-il !
Ancré dans sa bulle
Pirate Bubulle tient sous son joug toute une ville, captive d’une bulle dans laquelle le maléfique corsaire l’a enfermée. Pete Junior, le vaillant héros que le joueur incarne, est quant à lui bien décidé à libérer l’innocente cité prise au piège. Aussi surprenante puisse-t-elle être, la présence d’une histoire dans Pirate Pop Plus reste légère. Point de cinématiques ou de dialogues, seulement un pitch plus ou moins raccord à l’univers et aux mécaniques de jeu, comme le faisaient si bien les titres d’antan. L’écran de jeu, entouré d’un layout modulable et simulant une console portable, est composé en tout et pour tout d’un seul tableau. À l’intérieur de celui-ci, tout n’est que graphismes 8 bits, compositions MIDI et scoring effréné. Pour peu que vous ne soyez pas allergique à la charte graphique et sonore des softs tournant sur Game Boy, force est de reconnaître que Pirate Pop Plus est un titre à l’enrobage charmant. Les animations y sont mignonnes, l’action lisible et fluide, tandis que les musiques et bruitages transpirent les goûters d’après-midi, à s’esquinter les yeux sur la machine portable de Nintendo entre deux ou trois bouchées de Prince.
Dans Pirate Pop Plus, le joueur devra éclater le plus de bulles possible à l’aide de son ancre. De prime abord, rien de bien compliqué ; l’objectif est imposant, voire impossible à manquer. Surprise, une fois percée, l’énorme bulle se scinde en deux, qui elles-mêmes se diviseront de nouveau, ces dernières disparaissant une bonne fois pour toute au contact du projectile. Puis s’en suit une seconde bulle géante, et ainsi de suite, la difficulté se corsant au fur et à mesure que le joueur engendre des points. Un concept d’une simplicité enfantine puisant ses inspirations chez Pang, une série de jeux d’arcade, à laquelle Dadako Games a eu la bonne idée d’intégrer quelques subtilités de gameplay, à l’image des bonus récupérables sur le sol. En effet, Pete Junior pourra se revêtir d’un voile d’invincibilité temporaire, panser ses blessures (le joueur dispose de quelques cœurs qu’il est possible de perdre en cas de collision avec une bulle) pour éviter le game over trop tôt, figer l’espace-temps, récolter des pièces et des coffres au trésor à dépenser dans une boutique, ou bien collectionner les lettres B-O-N-U-S pour les assembler et activer un money time où l’argent coule à flots et les bulles sont inoffensives.
Golden shower
D’autres bonus modifient quant à eux les propriétés de l’ancre. Attention toutefois au crâne de mort, un malus ralentissant le héros, ou aux nombreux changements de gravité, ces derniers étant indépendants du système d’objets et survenant en fonction de la difficulté du moment. Un coup le joueur sera envoyé sur les murs de gauche ou de droite, une autre fois il sera carrément projeté au plafond, tête en l’air et contrôles inversés. Il faudra alors s’adapter rapidement, éviter d’atterrir au mauvais endroit et, pourquoi pas, en profiter pour rebondir sur les bulles afin de les éclater, quitte à prendre des risques. Pirate Pop Plus ne dispose pas de mode aventure ou de défis précis ; il s’agit là d’un jeu où il faut se dépasser pour obtenir le meilleur score et s’inscrire dans le top du classement en ligne. Il y a bien un mode « Hyper » dans lequel le joueur ne dispose que d’un cœur en lieu et place des trois habituels et où il pourra engranger plus d’argent que d’habitude, pour peu qu’il ait payé le droit d’entrer s’élevant à vingt-cinq piécettes.
Seul un mode duel jouable en écran partagé manque réellement, quand bien même la philosophie Game Boy l’en empêche logiquement (un écran splitté sur une console portable, vous imaginez ?). Enfin, l’argent récolté dans Pirate Pop Plus permet de débloquer des éléments visuels, lesquels orneront à merveille la console virtuelle du joueur. Ce dernier pourra en effet modifier l’apparence du layout (l’encadrement, les boutons ou des stickers à apposer sur la coque), mais également la musique ou encore le rétroéclairage de l’écran. Les motifs et options sont variés, permettant aux plus créatifs des mélanges pour le moins audacieux. N’oublions pas non plus la possibilité de débloquer jusqu’à quatre nouveaux personnages, chacun possédant ses propres caractéristiques : l’un sera rapide mais plus fragile que la moyenne, et vice-versa pour un autre, tandis que le troisième possédera une ancre se mouvant de manière bien plus vive, etc. Rien de bien incroyable ou renversant, mais de quoi gonfler un peu plus la durée de vie.
Verdict : Peut-être ?
S’il vous faut absolument une histoire à suivre, des personnages hauts en couleurs, des mécaniques de jeu innovantes ou une plastique à en tomber par terre, alors Pirate Pop Plus n’est pas fait pour vous. Il n’en reste pas moins que le titre de Dadako Games est absolument délicieux dans ce qu’il a à proposer, à savoir un pur jeu de scoring fleurant bon les années 90. Enrobage au poil et à personnaliser, gameplay fluide et addictif, prix risible et durée de vie potentiellement infinie, rien dans ce Pirate Pop Plus n’est à jeter. Ne vous arrêtez pas aux vidéos trouvables sur le net, le plaisir du jeu ne pouvant être dosé qu’une fois en main. Une véritable madeleine de Proust, parfaite à dégainer lorsqu’on a seulement cinq ou dix minutes à tuer.