Qu’est-ce qui peut changer la nature d’un homme ?
Objectivement je ne devrais pas noter ce jeu 10/10. Le scénario est certes génial et n’aurait pas à rougir de la comparaison avec Xenogears, mais le scénario ne fait pas tout, enfin dans un jeu ordinaire…
L’antithèse de l’Epopée de Gilgamesh : un immortel qui souhaite retrouver sa mortalité
L’histoire de planescape : torment est une des plus fascinantes que j’ai pu voire tous médias confondus. Vous êtes un homme appelé sans-nom qui se réveille dans une morgue, amnésique. Vous ne tardez pas à comprendre que vous avez déjà vécu plusieurs existences et cerise sur le gâteau : vous êtes immortel. Le hic, vous vous en rendez vite compte : à chaque fois que vous mourrez, vous perdez la mémoire. Vous partez donc en quête de vérité, en quête de votre journal qui recèle le secret de vos vies antérieures.
Le monde de planescape est étrange. Vous débutez à Sigil : la cité des portes, car dans le monde de planescape, les portes (ou portails) mènent vers d’autres plans, d’autres dimensions, maléfiques ou bénéfiques. C’est un univers peu ragoutant qui vous attend avec un ton résolument mature, mais ce qui fait réellement la maturité de la narration de ce jeu, ce sont les réflexions philosophiques. Alors oui, on peut aborder le jeu sous l’angle de dialogues philosophico-religieux à la mord-moi-le-nœud ou prendre le parti de cet univers décalé et s’interroger durablement sur la nature de la mort, de la religion, de l’amour et j’en passe (il y a tellement de thèmes abordés que les passer tous en revue doublerai la longueur de cette critique).
Je passe sous silence les nombreux PNJ qui donnent corps à ce jeu, vos compagnons de misère (qui apportent beaucoup et vous émouvront de par leur parcours personnel) et surtout les personnages principaux : Ravel, Trias, le boss de fin (ce boss de fin MON DIEU), ect… Tous ont un rôle important à jouer dans l’incroyable histoire de sans-nom.
Ceci n’est pas un jeu
Le gameplay, sans être mauvais, est clairement archaïque. Les mécaniques de jeu sont atroces pour qui découvre ce jeu plus d’une décennie après sa sortie (début 2000). Les combats seront votre pire cauchemar et la recherche d’objets cachés que recèlent les décors n’est clairement pas une sinécure avec, parfois, des objets de 5 pixels de côtés (oui c’est de toi que je parle « parchemin de souhait ») ! Fort heureusement la plupart du temps, ils ne seront pas obligatoires (la fuite a du bon) ; de surcroît, la majorité de l’expérience engrangé proviendra des quêtes et des dialogues.
Les dialogues, parlons-en : ils constituent 80 % du temps de jeu ! Habitués des RPG, passez votre chemin, on a beau être devant le fleuron des RPG occidentaux, on a plus l’impression de « jouer » à un visual-novel. Mais bien entendu, ces dialogues vous permettront d’en apprendre beaucoup sur le background, vos compagnons et bien entendu, sur vous-même.
Les quêtes annexes sont variées et nombreuses, hélas, trop nombreuses. Bien qu’apportant beaucoup à l’univers de planescape, elles pénalisent le rythme du jeu lui conférant une lenteur trop conséquente pour être passée sous silence. Et pour ceux, qui me rétorqueront que justement, il ne s’agit que de quêtes « annexes », sachez qu’elles sont primordiales tant pour l’apport d’expérience (vous vouliez peut-être faire des combats ?) que pour la cohérence qu’elles apportent au jeu.
Dans l’absolu, je recommande de faire ce jeu en trichant. Oui, oui, en trichant. Des logiciels (que je n’ai pas essayé) vous permettent de modifier vos stats et autres équipements, faisant de vous un GrosBill (« la cervelle du canari et la puissance de feu du porte-avions nucléaire » j’adore cette définition). Dès lors adiós combats lourdingues et ennemis semi-invulnérables, vous pourrez enfin vous concentrer sur cette magnifique histoire comme il se doit.
De surcroit vous n’avez aucune excuse pour ne pas y jouer. Le jeu est à 5 dollars sur GOG (http://www.gog.com/gamecard/planescape_torment) et si vous n’êtes pas familiers avec la langue de Shakespeare, il existe pléthore de patchs et autres mods qui vous permettront pêle-mêle : de jouer en français, de corriger les derniers bugs, d’obtenir de nouvelles armures, de faire des quick saves, etc, etc… (voici quand même un site sympa avec quelques liens : http://torment.warparadise.com/index.php?page=download
Torment: Tides of Numenera
Sa suite en développement (prévue pour 2015) a déjà battu des records en atteignant son but de financement en 6 heures à peine ! Elle aura cependant fort à faire pour se hisser au même rang que son illustre prédécesseur.