C'est avec plus de vingt ans de retard que j'ai l'occasion de découvrir Planescape Torment, considéré comme l'un des meilleurs RPG à l'ancienne de la fin des années 90. Alors mérite t'il ces éloges ?
Oui et Non j'ai envie de dire, sans doute à l'époque de sa sortie il a amené quelque chose de nouveau ou tout du moins assez original pour mériter quelques éloges, néanmoins en 2020 le jeu à trop de lacunes pour être réellement appréciable par quelqu'un qui n'aurait pas le côté nostalgique en lui.
Explications :
Le jeu commence par la traditionnelle création du personnage avec ses caractéristiques typiques d'un RPG. On doit donc répartir un quota de points entre 6 caractéristiques : Force, Sagesse, Charisme, Intelligence, Constitution et Dextérité. Et c'est tout, pas de classe, pas de race rien d'autre car le reste est imposé, ce qui est dommage car la création du personnage est souvent un plaisir au début de ce type de jeu, mais ici tout le reste est imposé même si en cours de partie on pourra change de classe (Guerrier par défaut) pour Mage ou Voleur, là encore ça reste très limité. C'est assez frustrant.
Le scénario nous fait suivre un "héros" condamné à l'immortalité tout en étant amnésique et du coup on nous impose tout le background du personnage également.
L'immortalité signifie qu'il n'y a pas de Game Over, si l'on perd un combat on ressuscite toujours au même endroit en gardant ses objets etc. La mort n'est donc pas pénalisante mais d'un autre côté cela enlève un peu de pression lors des affrontements... Ce qui suivant le type de joueur que vous etes sera un plus ou un moins.
Pour en revenir à l'univers et au scénario de Torment, c'est sans doute là le gros point fort du titre et ce qui explique sans doute sa réputation. Exit le traditionnel monde Médiéval-Fantastique, Torment se situe dans un univers complexe et original assez difficile à décrire. Le monde de Torment est poussiéreux, sale, crépusculaire et assez morbide. La ville principale à un petit côté Mos Eisley dans Star Wars au niveau de l'architecture. Les différentes races rencontrées sont assez atypiques, tout comme les factions et personnages même si certains classique sont toujours présent. Au niveau direction artistique c'est donc très réussi et on se laisse très vite prendre par l'ambiance.
Torment a aussi pour lui une prédominance des dialogues, très nombreux et long qui servent à décrire de manière très détaillé le monde dans lequel on se trouve, parfois peut être de façon trop alambiqué... Et certains dialogues pourront paraitre trop long... D'un autre côté les dialogues sont l'un des moyens de faire de l'expérience, avec les différents choix à faire pendant ceux-ci. C'est assez intéressant et pas mal de situation tendue peuvent se résoudre par le dialogue et non par les combats (heureusement), ce qui est intéressant.
Néanmoins on ne pourra pas échapper aux combats qui sont un point faible du jeu. En effet ceux ci sont en temps réel même si l'on peut faire pause pour donner des ordres mais ils sont souvent brouillons, on peut se retrouvé coincé par un élément du décor ou un personnage, il n'y a pas de damier pour éviter cela, bref c'est parfois le cafouillage et surtout il y en a trop qui sont dispensable pour un jeu qui met en avant l'aspect textuel de l'aventure. Exemple dans la ville principale : impossible de circuler tranquillement sans être attaqué systématiquement par des sicaires, c'est très pénible, surtout qu'on ne gagne pas beaucoup d'XP à les tuer et que les ennemis dès qu'ils sont en difficultés fuient et donc on leur cours après pour les achever ce qui peu être très chiant, enfin il réapparaissent à l'infini dès que vous rentrez dans un bâtiment ou sortez de la zone puis revenez, les ennemis sont à nouveaux là... Très pénible à la longue. L'interface pour combattre n'est pas trés ergonomique non plus, tout comme l'interface en général ainsi que la carte du monde, vraiment pas très claire... On sent le poids de l'âge qui pèse sur Torment.
Le côté loot et customisation des personnages est là avec quelques options intéressantes, comme celle d'ajouter des tatouages sur le perso principal, tatouages qui peuvent modifier les différentes caractéristiques, cependant il y a pas tant que ça de matériel ou autre à récupérer. Là encore ceux qui aime passer du temps à peaufiner leurs personnages resteront sur leur faim.
Une fois tout ces éléments pris en compte le jeu se déroule de façon assez lourde, les missions ne cessent de nous demander de faire des allez-retour redondants et pénibles (Quête Fedex) et aussi à cause des PNJ cherchant systématiquement le combat. Parfois on cherche pendant des plombes le bon personnage où trouver quelle(s) mission(s) débloquera(ont) la suite du jeu. Certains endroit à trouver sont cachés à cause de la structure en 3D isométrique du jeu et des couleurs assez ternes de l'univers par toujours très lisible... Là encore c'est pénible
Bref Planescape Torment est un titre assez poussif et laborieux pour un joueur de 2020, si vous avez joué à des titres récents comme Divinity Original Sin le contraste sera violent et vous aurez du mal à accepter les contraintes de gameplay de 1999. Pour les nostalgiques peut être que ça sera plus facile mais en 2020 toutes les lacunes d'un vieux RPG comme Torment sautent violemment aux yeux. Alors certes l'originalité de l'univers et la touche artistique amène clairement de la fraicheur même encore aujourd'hui mais à quel prix. On aimerait voir un titre de 2020 avec un univers aussi riche et original.