"Changing so many drops of tears into the seeds of new dreams."
Planetarian est l’une de ces œuvres curieusement mal notées sur SC (bien qu’elle n’ait que peu de notes au moment où j’écris ces lignes), pourtant bien accueillie partout ailleurs. Classique des Visual Novels, et toujours populaire dix ans après sa sortie, il est devenu en Septembre le premier du studio Key à s’inviter sur Steam, avant même le célèbre Clannad.
Paradoxalement, il est l’un de leurs travaux les plus originaux. Il est tout d’abord bien plus court, se terminant en 4h40 en lecture automatique par défaut, et s’avère dépourvu de choix. Mais la principale différence réside bel et bien dans sa substance. Si l’on retrouve la dimension émotionnelle, et parfois la pureté candide et touchante propres aux VN de Key, elles résident ici dans un carcan nettement plus contemplatif et mélancolique, tendant davantage vers l’Utsuge (plus sombre) que le Nakige.
En effet, Planetarian n’est autre qu’un quasi huis-clos dystopique, prenant place dans un monde post-apocalyptique, avec comme seuls personnages son héros et son héroïne. Cette dernière m’est longtemps apparue comme un frein potentiel au VN, puisqu’il s’agit d’une innocente androïde inconsciente de ce qu’est devenu le monde, dont le lecteur, ainsi que le protagoniste, entrevoient les limites interactionnelles (de même qu’elle peut se montrer un peu trop bavarde).
Pourtant, dans les moments-clés, le récit parvient à briser ces chaînes, et au terme de ma lecture, je n’aurais nullement imaginé un meilleur choix de personnalité, une fois mise en perspective avec le contexte, le propos véhiculé, et l’évolution subtile qu’elle engendre chez le héros. Ancien militaire devenu pillard de villes désolées, survivant d’un monde dangereux et sans saveur, son développement, a fortiori pour une histoire courte, se révèle excellent, et tout aussi intangible que certain.
En dépit de sa brièveté, Planetarian réalise aussi un très bon worldbuiding, qui concoure parfaitement à définir son ambiance maussade, au même titre que l’omniprésence symbolique et esthétique de la pluie et que le récit lui-même. Bien évidemment, les visuels et les musiques ne sont pas en reste. Les premiers sont globalement fort réussis, et le rendu de qualité, même une décennie après sa sortie.
Les secondes sont a priori plus génériques, exception faite des très beaux thèmes clés venant soutenir les moments les plus importants, parfaitement à la hauteur. Mais surtout, les effets sonores sont particulièrement bons, et le VN joue fort bien avec l’utilisation de ces derniers, des OST et du silence. Certaines musiques qui sont ainsi intrinsèquement standards, valent pour l’effet qu’elles génèrent en brisant le silence, ou surtout, lorsqu’elles cèdent subitement place au silence.
Enfin, si certains éléments du final peuvent paraître superflus, les toutes dernières lignes sont tout simplement superbes, le dénouement dans son ensemble et jusqu’à la toute fin semblant conférer la pièce jusque-là manquante au récit, faisant de Planetarian une œuvre poignante et même plus complexe qu’elle ne pouvait en avoir l’air (et quand j'écris ces lignes, parfaite à lire en cette période de Noël, juste avant un réveillon !).