Plumbers Don't Wear Ties
1.7
Plumbers Don't Wear Ties

Jeu (19943DO)

En ce moment j’ai la crève, et ça a l’air parti pour durer (c’est dur de vieillir!). Alors plutôt que de dépenser mon peu d’énergie disponible à encenser une œuvre qui en vaille la peine (entre deux toux bien grasses :p), je préfère m’économiser et faire dans la facilité en tapant gratuitement sur une bonne vieille grosse bouse, en présentant un mets de choix sélectionné méticuleusement par mes soins : Plumbers Don’t Wear Ties (qu’on va d’ores et déjà abréger en PDWT par commodité). Oui oui, le fameux FMV de la honte (déjà qu’en temps normal le FMV c’est pas trop ça…). J’espère que vous me pardonnerez les quelques éventuelles approximations de cette modeste prose, celle-ci étant principalement basée sur des souvenirs de plus de 15 ans…


Mais avant toute chose, il convient de définir ce qu’est le FMV, car tout le monde ne le sait pas forcément. Apparu au milieu des années 80 (Astron Belt, Dragon’s Lair…) et "popularisé" par le Mega-CD de Sega, le Full Motion Video (nom pompeux que je trouve personnellement bien teubé, une vidéo étant par définition forcément en "full motion") est un jeu vidéo majoritairement composé de séquences vidéos (filmées et/ou animées) pré-enregistrées et vaguement intéractives. Pour schématiser, ce sont les vrais "films intéractifs" que kevinhipster93 voit dans tous les AAA des dix dernières années. Le principe-même du schmilblick faisait que le gameplay y était souvent très limité (généralement du proto-QTE, sans les touches qui s’affichent à l’écran), et la technologie est vite tombée en désuétude lorsque les premières machines assez puissantes pour afficher des graphismes 3D "photo-réalistes" sont apparues sur le marché…


Si toutefois l’envie saugrenue vous prenait de tenter une expérience FMV, je peux modestement vous recommander 2-3 softs qui tirent un minimum leur épingle du jeu, comme le survival-horror D ou les shoots spatiaux / aventure Wing Commander III & IV (avec Mark Hamill en protagoniste!) ; notez au passage que ce ne sont pas de purs FMV, distillant (plutôt adroitement en plus) du gameplay plus classique dans/entre leurs séquences vidéo, ce qui ne les rend que meilleurs… Bref, après avoir bien meublé (pas sûr que la critique soit bien longue…), il est temps de passer à la présentation de la bête…


PDWT donc, se définit lui-même comme étant "an Interactive Romantic Comedy", dans lequel on "plays like a game…feels like a movie!!!". Autant le dire tout de suite, tout ceci est faux, j’ai honnêtement rarement vu une jaquette de jeu aussi à côté de la plaque, et pourtant j’en ai vu, des jaquettes qui promettaient monts et merveilles au dos de jeux pourris… Le truc le plus insensé de PDWT, qui fait que je le classe volontiers dans la catégorie FMV alors qu’il n’en est techniquement pas un (mais son principe reste similaire), c’est que le "jeu" n’est pas composé de séquences vidéo, mais de…photos. Oui oui, ce n’est ni plus ni moins qu’un (censuré) de diaporama qui se déroule sous nos yeux ébahis ! L’intro du jeu était pourtant full-motionnée, elle !


Mais quand c’est-il donc qu’on intéragit si le jeu ressemble plus à un roman-photo qu’à un jeu vidéo ? demande kevinhipster93, qui parfois pose de bonnes questions. Et bien en fait, l’histoire se met en pause aux différents "moments-clés" du "scénario" (cette critique commence à avoir un peu trop de guillemets à mon goût…), et il faut alors choisir la suite des événements parmi les 2-3 possibilités offertes…et c’est tout. Le "gameplay" de PDWT se résume donc à une intéractivité (et un fun) semblable à celle d’un menu DVD/blu-ray. C’est même moins bon en fait, dans le sens où il faut à chaque fois attendre que le narrateur ait fini de lire l’intitulé de la réponse mise en surbrillance avant de pouvoir éventuellement en sélectionner une autre… Oui, on en est à ce niveau de ratage.


Oh mais attendez, je n’ai pas encore évoqué le scénario… Si comme moi vous vous moquez (gentiment) de votre maman qui regarde assidûment chaque semaine Les Mystères de l’Amour, j’avoue que ça passerait presque pour une thèse de philosophie en comparaison… De mémoire, on suit l’histoire de deux protagonistes, John et Jane (originalité, quand tu nous tiens!), tous deux pressés par leurs parents respectifs de fonder une famille (ils ont chacun environ 30 piges). Ils se rencontrent par hasard sur un parking, John étant plombier (et avait probablement un taf à faire dans le coin, mais la narration a décidé de faire fi de ce genre de précision), tandis que Jane se rend à un entretien d’embauche. Celui-ci se passe mal, l’employeur n’étant intéressé que par une chose (en l’occurrence LA chose), et puis…ben la suite, c’est à vous de la construire…


Il y a vraiment des trucs bizarres dans ce PDWT. Par exemple, on peut faire certains choix "logiquement mauvais" à certains moments (comme accepter la proposition de l’employeur véreux de coucher avec lui pour 5M$) mais pas à d’autres (qui n’aboutiront qu’au game over fatidique après plusieurs tentatives). La mise en scène quant à elle est vraiment…allez, on va dire aléatoire, avec des faux-raccords par milliers et des "acteurs" peu impliqués, qui préfèrent "prendre la pause" plutôt que de jouer leur rôle. Quand Jane sourit sur 90% des photos où elle est sensée être poursuivie par un type qui cherche à la connaître "en profondeur", ça aide pas à s’immerger dans le trip. Il y a également cette séquence bien WTF où le narrateur se fait dégager de l’histoire par une nana venue d’on ne sait où, mais qui revient plus tard pour reprendre sa place…en criblant de balles l’usurpatrice !


Bref, PDWT, un jeu mauvais de bout en bout ? Assurément. S’il n’avait pas fait parti d’un lot (avec Gex, Crash’n’Burn, Need for Speed et Alone in the Dark), je n’y aurais probablement jamais joué, et ça n’aurait pas été une grosse perte… Mais bon allez, je me sens indulgent (probablement la fièvre), on va essayer de lui trouver des circonstances atténuantes… La plus évidente, ce sont les fins multiples (John peut finir marié avec une femme choisie par sa mère et 3 gosses à charge, ou encore rester célibataire tandis que Jane entre dans les ordres, etc). Sinon, euh…ben Jane est plutôt bien roulée ? Elle est incarnée par une ex-diva du ring (Jeanne Basone), ceci expliquant cela (si si, elles sont souvent canons les divas du ring)… Voilà voilà.


PDWT tient plus de la blague potache que d’un véritable concept. Son intérêt ludique est proche du néant abyssal, et on pourrait d’ailleurs même débattre sur sa nature ou non de jeu vidéo, sachant qu’en fait, il n’y a pas vraiment ni jeu, ni vidéo. En tout cas, je salue tout de même l’audace d’avoir osé sortir ce truc dans le commerce, et plus encore l’exploit d’en avoir vendu plusieurs exemplaires (certaines estimations parlent de plusieurs milliers!). Moi j’vous l’dis, le monde ne tourne vraiment plus très rond !

Wyzargo
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le 23 sept. 2018

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