Après des aventures réussies sur GBA mais des chiffres de ventes en baisse, Pokémon doit appuyer le début de vie de la DS et relancer à plein régime la licence qui entre dans la 7ème génération de consoles. C’est ainsi que Pokémon Diamant et Perle débarquent en 2006 avant leur version définitive Platine en 2008. Je parlerai ici de ces versions DS de cette génération, non de leurs très controversés remakes sur Switch, tout en revenant sur les petites différences entre les versions Dimant, Perle et Platine ici et là.
GAMEPLAY / CONTENU : ★★★★★★★☆☆☆
Encore une fois, il ne faut pas s’attendre à une révolution du game-design de la franchise avec cette nouvelle génération de Pokémon, même si l’on change aussi de génération de console avec la DS, les fondamentaux du gameplay restent les mêmes que les précédentes générations et l’évolution se trouve dans les détails. Le premier d’entre eux dont j’ai envie de parler c’est que les capacités physiques et spéciales ne sont plus dépendantes des types de capacité, ce qui rééquilibre les Pokémons et apporte beaucoup à la constitution de leur move set, un aspect majeur du jeu. Les capacités inédites viendront bien sûr offrir de solides capacités dans les 2 registres pour chaque type de capacité, permettant ainsi à un Pokémon feu avec une grande force physique d’être pleinement optimisé alors qu’il était jusque-là handicapé, c’est parfait.
Une fois cette nouveauté majeure passée, le jeu essaie également d’exploiter les possibilités propres à la console. Le double écran est utilisé de manière intéressante avec la Pokémontre qui offre plusieurs informations et outils pratiques en parallèle de l’écran principal, mais beaucoup de ces fonctionnalités trahissent clairement un remplissage peu subtil et la navigation entre toutes ces fonctionnalités est assez laborieuse en fin de partie. De plus, il est impossible jouer exclusivement avec le stylet dans la main droite et la croix directionnelle par la main gauche, ce qui montre un manque de maîtrise de la machine, très excusable étant donné son début de vie. Une capacité demande également d’utiliser le micro de la console pour être au plus efficace, mais elle est très secondaire. L’exploitation des possibilités ludiques innovantes de la machine est donc essayée mais finalement anecdotique.
Sinon, ce qui fonctionnait bien auparavant peut être développé comme les doubles types qui sont toujours plus exploités, les Pokémon de départ ont enfin chacun un double type à leurs dernières formes évolutives. Si les champions d’arènes doivent attendre Platine pour être vraiment réussis pour la plupart, le conseil des 4 est très bien équilibré pour représenter un sérieux challenge avec un excellent boss final, démontrant une vraie maitrise du sujet. Le multi xp est débloqué rapidement et facilite les possibilités d’entraînement, encourageant la capture et l’utilisation d’un maximum de Pokémons différents. La zone de combat offre une multitude de challenges toujours plus relevés pour les plus motivés en fin de partie, offrant la durée de vie la plus généreuse de la saga, même en se contentant de Pokémon Diamant ou Perle.
Néanmoins, plusieurs problèmes hérités des précédentes générations ne sont toujours pas corrigés. Evidemment on a ces CS toujours aussi handicapantes pour le Team Building. On a aussi des types de Pokémons sous-représentés comme ce pauvre type Feu avec seulement Ponyta et Ouisticram jusqu’à la Ligue dans Diamant et Perle. Il faut encore une fois attendre la version définitive avec Platine pour avoir une courbe de progression plus cohérente, celle de Diamant et de Perle présentant toujours ce fossé aux portes de la Ligue Pokémon imposant une longue séance de farming pas très palpitante en fin de partie.
Des problèmes inédits s’ajoutent et dès la première heure de jeu avec des tutoriels toujours plus infantilisants en début d’aventure alors que beaucoup de joueurs sont bien habitués à ces mécaniques très basiques. Les informations textuelles au cours du combat sont un peu plus lentes qu’auparavant, ce qui diminue un peu le rythme des combats sans raison apparente, c’est un peu dommage. La version Platine fluidifie un peu tout ça mais c’est tout de même très curieux. Le post-game souffre d’un système extraordinairement complexe pour rencontrer et capturer tous les Pokémons avec l’aide des 5 cartouches GBA et des 2 jeux Gamecube, des conditions de rencontre sans queue ni tête nécessitant de longs temps de jeu sans intérêt, la mécanique de l’arbre à miel imposant un temps d’attente de 6 heures très rébarbatif…
RÉALISATION / ESTHÉTISME : ★★★★★★★☆☆☆
Si la 2D reste très présente, le changement de génération se voit d’abord par le choix audacieux d’environnements en 3D malgré les capacités limitées de la DS en la matière, et je dois admettre ne pas apprécier ce choix. Les effets d’escalier sont très prononcés, le framerate passe de 60 à 30 FPS, les zones de chargement sont multipliées alors qu’elles avaient été considérablement réduites sur GBA. Tout ça pour un effet de profondeur et quelques mouvements à l’écran franchement très légers, tout du moins jusqu’à la version Platine qui essaiera enfin d’en faire quelque chose avec une mise en scène en tirant davantage profit, c’est tout de même beaucoup de compromis techniques pour pas grand-chose. C’est davantage du côté artistique que je trouverai satisfaction.
C’est désormais à Hokkaido, la plus haut Nord des îles principales du Japon, d’inspirer le monde parcouru avec Sinnoh pour une région montagneuse et nordique que notre protagoniste explorera vêtu d’un bonnet et d’une écharpe. Si ça se traduit par des couleurs un peu moins éclatantes que sur la GBA, le cycle jour/nuit fait son grand retour avec beaucoup de variations visuelles selon l’heure tout en ayant conservé certains des effets météo apparus lors de la 3ème génération et en y ajoutant la brume et le blizzard. Pokémon Platine se permet d’apporter enfin de la chaleur avec son île tropicale supplémentaire, ce qui permet d’offrir une parenthèse agréable en fin de partie sans casser la cohérence artistique de l’univers principal.
C’est très réussi dans l’ensemble, sauf peut-être les cavernes qui n’ont que très peu évoluées esthétiquement alors qu’elles sont supposément un point important de ce nouveau décor montagneux. Hoenn faisait mieux avec toutes ses variations volcaniques, glaciaires… et la mécanique inédite d’escalade n’est pas aussi marquante que la plongée pour découvrir de nouveaux horizons à explorer. Il y avait clairement mieux à faire avec ce concept de montagne gigantesque à grimper au fur et à mesure et Platine n’y apportera que bien peu d’améliorations.
Avec seulement 107 Pokémons inédits, on peut s’attendre à un excellent chara-design pour la plupart. Et bien déjà il faut savoir que presque un tiers de ces Pokémons sont des extensions évolutives de Pokémons déjà existants, comme Cornèbre qui évolue désormais en Corboss. Et je peux comprendre qu’on reproche un manque d’identité dans ce choix, mais je trouve que la plupart des ces extensions sont pertinentes et très réussies malgré quelques choix curieux (Coudlangue sérieux ?!). Dans l’ensemble, qu’on les aime ou non les sprites ne manquent pas de détails, allant jusqu’à différencier très sensiblement selon le sexe pour un même Pokémon, et je suis plutôt convaincu par le chara-design global avec pas mal de designs inédits parmi mes préférés.
L’OST repose énormément sur des mélodies très sereines au piano pour les villes tandis que les thèmes de combat profitent de quelques sonorités supplémentaires apportées par les capacités de la DS pour avoir un peu plus de punch. Il est aussi appréciable que les tonalités évoluent sensiblement selon le cycle jour/nuit. Cependant, il faudra m’expliquer pourquoi lorsque l’on découvre un environnement dévasté par une catastrophe avec des Pokémon mourant gisant au sol, c’est une petite musique d’accompagnement très guillerette qui se fait entendre.
SCENARIO / NARRATION : ★★★★★★☆☆☆☆
10 ans après le premier Pokémon, le choix est fait de ne pas tenter de suivre l’évolution en âge du public et de rester sur un scénario classique avec une emphase sur l’ambiance et un récit manichéen, visant un jeune public. Le monde de Pokémon est toujours une utopie où la société humaine se développe en parfaite harmonie avec les Pokémons, comme les différentes villes explorées en témoigneront par leur PNJ nous décrivant comment les mineurs et les Pokémons Combat/Roche travaillent ensemble à l’extraction du charbon.
C’est tout mignon mais c’est aussi assez peu ambitieux et j’ai eu du mal à me mettre pleinement dans l’ambiance. Je comprends le conservatisme prudent de Nintendo de toujours viser le public jeune mais il y a tellement de JRPG qui savent combiner une ambiance appréciable pour le jeune public tout en ajoutant de la maturité à l’intrigue, et là ce n’est même pas essayé. Mais c’est un reproche très personnel donc essayons de nous concentrer sur l’intrigue telle qu’elle a été pensée plutôt que telle que je l’aurais aimé, et ça ne va pas forcément réhausser le niveau.
La spiritualité est la thématique majeure ressortant de Sinnoh et son intrigue avec ses Pokémons légendaires présentés pour la première fois dans la saga comme des divinités, ses starters qui font références à des divinités issues de différentes mythologies, son rival qui a pour défaut principal d’être toujours pressé et devenant meilleur en tempérant ses ardeurs… mêlé aussi à un discours sur l’importance de préserver une culture ancienne, d’apprendre l’Histoire pour mieux la respecter… je ne suis pas forcément très client mais ça pourrait être satisfaisant s’il n’y avait pas un souci.
La team Galaxie a des motivations franchement pas claires pour souligner cette thématique efficacement, elle est bourrée de répliques sans intérêt… même en voulant faire simple, le récit n’arrive pas à être pleinement cohérent et maîtrisé. Platine n’y changera pas grand-chose en ce qui me concerne et si le scénario n’est pas la plus grande attente que l’on peut avoir en jouant à Pokémon, je pense tout de même que c’est un sacré handicap pour le jeu car il y a quand même beaucoup de dialogues que nous sommes encouragés à chercher et d’événements scénarisés que l’on doit nécessairement vivre pour voir le bout de l’aventure.
Et même du côté des Pokémons légendaires, leur surnombre et leur manque d’introduction pour la plupart ne permettent pas de retrouver le feeling de ceux des anciens Pokémons alors que leur design s’y prêtaient très bien. Franchement, vu comment ils sont dispersés en fin de partie sans vraiment apporter pour certains, ils auraient dû être moins nombreux pour être plus développés et mieux intégrés à l’intrigue et à l’univers. Et si tout n’a pas été aussi négatif dans cette critique, j’ai peur que annonce assez bien ma conclusion.
CONCLUSION : ★★★★★★★☆☆☆
Si certains fans y voient l’apogée de la saga et que je trouve que cette quatrième génération Pokémon est réussie sur l’essentiel, très généreuse et innovante, elle est aussi maladroite par moments, bancale techniquement, pas assez maitrisé et pas très bien écrite. C’est une petite déception personnelle et si je dois classer les 4 générations de Pokémons, j’ai le regret de dire que celle-ci arrive en dernière position. Mais malgré tout ça reste une bonne expérience de jeu et ça confirme la licence parmi les plus grandes Nintendo alors que l’éditeur va de nouveau connaître le succès commercial incontestée sur toute la génération qui a encore d’autres aventures Pokémons à offrir.