Nucléos a une défense en carton détrempé

Je vous voir venir, avec vos grands sourires narquois et vos coups d'œil entendus. "Pokémon, c'est pour les ch'tis n'enfants !" J'ai envie de dire, "Et alors ?". Pour la petite histoire : j'ai eu une version Bleue sans l'avoir demandée puis une version Argent achetée avec mes propres deniers avant qu'elle me claque entre les doigts avec 300 bestioles dedans, dont mes tout premiers bébés, puis plus rien jusqu'à il y a quelques mois où je cherchais un jeu "presse-bouton" pour occuper mes doigts lassés de la Wii et de mes 25 autres jeux tactiles de la DS. Et pour ça, Pokémon, c'est l'idéal. C'est typiquement le genre de jeu où il n'y a pas besoin de se siphonner les méninges, où l'écran ne subira de dégâts dus au grattage frénétique du stylet et qu'on peut poser dans un coin des mois durant avant de le reprendre sans être totalement paumé dans le scénar. Parfait en somme quand on ne veut pas trop se prendre la tête.

Bref, après une analyse de marché de toutes les versions qui existent - avec passage en revue des créatures de chaque génération - et un coup d'œil dans les boutiques d'occaz' pour ne pas non plus payer une fortune, j'ai donc jeté mon dévolu sur une version Blanche 2 (qui a l'avantage de posséder des espèces que je connais déjà, tout en étant suffisamment éloignée des précédentes pour que je ne reforme pas pour la énième fois la même équipe - à savoir : Florizarre/Aquali/Dodrio/Raichu/Alakazam/Typhlosion (ou un autre Pokémon feu pour la version Bleue)).

Graphiquement, c'est très beau. Les décors sont vraiment superbes (pour un jeu en vue aérienne) avec des rochers, de feuilles mortes, des herbes plus ou moins hautes très travaillées. Pour l'instant, je n'ai vu que l'automne et l'hiver, mais les concepteurs ont poussé les détails assez loin. Par exemple, le personnage laisse ses empreintes sur la neige et, comme dans la vie réelle, on entend ses pas croustiller sur celle-ci. De même, le héros/l'héroïne laisse des traces de son passage dans le sable. Dans d'autres genres de détails, on aperçoit les galets au fond du lit des rivières et des fumerolles dans la grotte volcanique. Pour ce qui est des attaques, certaines sont vraiment très belles quand d'autres arrachent un peu les yeux (il y a notamment un certain abus des effets arc-en-ciel pas toujours logiques (pourquoi "onde boréale" n'est pas représentée par un jet de glace ?)). Mais, globalement, le niveau est très bon.

Pour ce qui est des musiques, la balance a tendance à pencher vers le plutôt bon également. Même si certaines donnent rapidement envie de couper le son (celle du Centre Pokémon - comme d'habitude - mais aussi celle de Port Yoneuve qui me gonfle assez vite), la plupart passe sans aucun souci. Bien sûr, on n'a pas à faire à des morceaux d'anthologie mais je n'ai jamais autant joué avec le son branché sur un jeu de cette licence.

Pour ce qui est du Pokédex - le plus important - on trouve ici énormément de double-types qui rendent les combats nettement plus difficiles et qui obligent notamment à composer une équipe blindée de ce genre de Pokémons (actuellement, mon équipe principale est formée par : Clamiral (eau)/Manternel (insecte/plante)/Cryptero (psy/vol)/Pharamp (électrique)/Camérupt (sol/feu) et un aléatoire en fonction du terrain à visiter : Lucario (combat/acier + force), Kaimorse (eau/glace), Azumarill (eau + surf)). Comme dans les précédentes versions, il y en a des très mignons (Obalie, Apitrini, Polarhume) et au contraire, des franchement affreux qu'on attrape juste histoire de compléter le Pokédex (Tic, Lewsor, Miamiasme, Charpenti). Certains partent du mignon pour tomber dans le moche (Moustillon est choupi comme tout alors que Clamiral est quand même très quelconque, même si ses grandes moustaches me font marrer ; Mastouffe, Magnézone, Elékable, Tarinorme, etc. sont tout simplement hideux).

On sent aussi que les concepteurs commencent à manquer d'imagination pour les noms : Tic, Nanméouïe, Ohmassacre ; mais aussi pour les formes : Poichigeon et Ponchiot ne sont rien de plus qu'un pigeon et un yorkshire, quand Crabicoque est une redite de Paras et Chovsourir une version plus faible de Nosferapti. Rajoutez à cela que beaucoup sont des Pokémon sans évolution (autrement dit : on les attrape, on les pose dans une boîte et on y touche plus). Certains sont même des jumeaux les uns des autres, sans aucune raison : Judokrak et Karaclée (sincèrement ?). Il y a aussi beaucoup d'animaux qu'on ne peut avoir que par œuf (donc, beaucoup de doublons au final). Sans compter ceux qui n'évoluent qu'avec un échange (cependant, il y a moyen de les avoir via quelques PNJs disséminés dans le jeu).

Pour ce qui est de la puissance de chacun, là aussi c'est très variable. Certains sont clairement des rouleaux compresseurs (Venipatte, Larveyette et Obalie sont excellents), là où d'autres sont mauvais (dixit le titre, mais Chovsourir est pas mal aussi dans son genre). Les sauvages peuvent même se montrer particulièrement retors (Zéblitz est méchamment efficace, tout comme Mastouffe et Déflaisan (surtout lui avec son "attaque" Détection qui me fait hurler de rage)). A noter par ailleurs que le niveau des Pokémons sauvages évoluent tout au long du jeu pour s'adapter à celui de l'équipe (ce qui évite la galère du jeu Bleu où, arrivé au niveau 40-50, ça devient le parcours du combattant pour les pousser plus loin). De même chez les dresseurs croisés sur la route (ils ne stagnent pas au niveau 30).

Pour le panel des attaques, beaucoup de nouveautés de mon côté qui m'obligent à avoir Poképédia en permanence ouvert à côté de moi. On retrouve des "lignées" réparties sur chaque type : queue-poison, hydro-queue, etc. ; mais aussi poing-feu/glace/éclair, crocs-feu/givre... Pas un mal en soi, au moins, on sait que ce sont des attaques et qu'on peut donc l'apprendre à nos bestioles. D'autant plus que, maintenant, on peut voir - au moment de l'apprentissage d'une nouvelle technique - la puissance de l'arsenal en place.

Pas encore fini (95 heures de jeu pour 216 Pokémons vus, 145 attrapés et 8 badges) mais il y a de très bons points qui se dégagent de cet opus : la petite poké-ball qui s'affiche à côté des Pokémons sauvages déjà attrapés, les pierres à évolution qu'on trouve à profusion dans les grottes ou les forêts, la large gamme de poké-balls offerte, la possibilité de courir (qui fait que je n'ai mis qu'une fois les pieds sur la bicyclette jusqu'à maintenant), le niveau des Pokémons sauvages et de dresseurs qui accompagne celui de l'équipe du héros, les combats en double ou triple, la possibilité également de capturer des Evoli sauvages (oui, vous avez bien lu. Là où cette espèce était unique avant, on peut les avoir dans les hautes herbes désormais... mais il faut être patient). Les champions ont même une utilité - autre que de te filer un badge - et l'histoire de fond s'est quelque peu étoffée.

Les moins : la mocheté de certaines bestioles, le trop grand nombre d'exemplaires uniques et de légendaires (qui sont en plus extrêmement chiants à attraper (mention spéciale pour Viridium)), des attaques particulièrement énervantes (qui a eu l'idée de "Détection" ? Qu'il se dénonce !!!), les combats rotatifs, et des double-type assez pénibles à gérer (Emolga, insensible aux attaques sol du fait de son type vol mais qui te balance quand même des vieilles attaques électriques ; ou encore Zéblitz, tout électrique, mais qui se trimballe des attaques ténèbres et feu en sus). Matis, ton rival/co-équipier, qui a une attitude assez puérile et un peu irritante parfois.

Au final, je ne regrette pas du tout mon achat (à voir ce que j'en dirais quand j'aurais fini le jeu).