Inventivité : (n.f.), Portal.
À défaut d'être totalement original et révolutionnaire, Portal est inventif.
À l'heure des modes solos scriptés à mort où l'on s'ennuie 6h durant, à l'heure des joueurs mal habitués aux jeux d'aventures et autres jrpg de 60h, à l'heure où l'on oublie qu'un jeu 8-bit se finissait en 45 minutes, Portal réinvente la durée de vie : 3h. Oui, mais pas une seule seconde n'est en trop, pas une seule minute n'est à jeter. Il n'est pas court, il est suffisamment long, et c'est le genre de truc que l'on a trop vite tendance à oublier.
À l'heure de l'aseptisation sonore à grands coups de musiques orchestrales ultra épiques/larmoyantes, de la dénaturalisation de la musique de JV, Portal réinvente la musique des crédits de fin. Inoubliable thème, inoubliable générique, quel cœur de pierre n'a su être touché par ce final ?
À l'heure des boss ridiculement faciles et inintéressants, Portal réinvente le boss fight. Dramatique et poignant, sans artifices aucuns.
À l'heure des personnages totalement anticharismatiques et auxquels on ne prend même plus le temps de s'attacher, Portal réinvente le personnage secondaire, ainsi qu'un rapport homme/machine comme on ne l'avait plus fait depuis l'odyssée de l'espace. Ou comment rendre une boule mécanique incroyablement humaine et attachante en une leçon.
À l'heure des couloirs scriptés, des univers nerveux qui ne nous laissent aucun répit, Portal réinvente l'immersion dans un univers ludique, pourtant vide et aseptisé. "The Cake is a Lie" est la meilleure chose à être arrivée au JV ces 6 dernières années.
À l'heure où l'on prend le joueur par la main H24, des aides intempestives, des chemins tout tracés, de l'absence totale de stimulation cognitive, Portal réinvente le puzzle-game et la perception des choses.
À l'heure des jeux copié/collé par centaines, Portal réinvente la notion d'idée singulière.