Prey ne me tentait pas. Déjà parce qu’il avait signifié la disparition de Prey 2 qui avait l’air d’avoir de bonnes idées. Ensuite, parce que de la SF dans un vaisseau avec une esthétique qui ne semblait pas originale, j’en avais assez soupé. Enfin parce que j’ai vu sa chute de prix radicale, si bien que dans les 6 mois suivant sa sortie je le trouvais un peu partout entre 10 et 15€, ce qui est rarement bon signe.
Mais à force de voir mes éclaireurs SensCritique en faire les éloges, je me suis dit qu’il y avait peut-être un truc à creuser. D’autant plus que je n’ai jusqu’à présent jamais été déçu (du moins totalement) d’un achat poussé par cette communauté. J’ai donc sorti un billet de 10 et me suis procuré le jeu. Quand la galette est insérée et que déboule le logo Arkane je me dis : « Comment j’ai fait pour oublier que c’était eux ? ». Puis une quarantaine d’heures plus tard je me suis dit qu’encore une fois, SensCritique avait raison.
Derrière une esthétique SF-Lounge assez classique, des personnages aux traits découpés à la serpe semblables à ceux de Dishonored et un scénario assez convenu malgré
son twist final somme toute sympathique, bien que quelque chose du même acabit soit très rapidement deviné
, se cache en réalité un terrain de jeu qui a bien plus à livrer que ce qu’il n’y paraît. Si l’Histoire n’est pas le forte du jeu, c’est clairement la vie qui parsème la station via nos rencontres, des audiologs ou autres journaux, qui apportera une ambiance marquante au jeu. Talos est bel et bien vivante, et chaque petite histoire aura sa conclusion, le plus souvent amère.
Afin de découvrir cette atmosphère si prenante, il faudra arpenter les coursives de la station dans tous les sens. Cette exploration de tous les moments est un véritable plaisir car le level design est fantastique. Même s’il n’y a pas de pièces maîtresses comme le manoir de Jin’Tosh de Dishonored 2, l’ensemble de notre expérience vagabonde sera organique et parfaitement maîtrisée. Les enchaînements de pièces et de couloirs, de tuyaux de ventilations et de promontoires improvisés, se font dans une fluidité naturelle. Tous les pouvoirs que l’on choisira ou non de débloquer viendront conforter notre façon de jouer, procurant ainsi un des immersive sim les plus accomplis qu’il m’ait été donné de jouer depuis belle lurette. Des images du premier Deus Ex me sont revenues lors de ma partie, c’est dire !
Car hormis le level design, ce sont également les Mimics, ces saloperies collantes, qui vous demanderont d’alterner les outils de votre arsenal afin de vous sortir de situations tendues. Le bestiaire est ici ultra efficace, et même s’il n’est pas extrêmement varié, il saura vous tenir en haleine. Dans les modes de difficulté les plus élevés, courir comme un dératé en usant aléatoirement de vos compétences ne vous amènera nulle part. Observation et planification sont les maîtres mots.
Un léger bémol se fera ressentir au niveau de la musique. Même si le sound design et l’ambiance musicale font le boulot, ils seront vite oubliés. Pis encore, n’hésitez surtout pas à baisser le volume de la musique au presque minimum dès le début de votre partie au risque de vouloir quitter le jeu dans la première heure. Chaque attaque de Mimic entraînera en effet une explosion sonore dans vos enceintes à cause d’une balance clairement à la rue (j’ai vérifié sur internet, ce n’est pas mon système son le souci), en plus de dévoiler la présence d’un danger avant même que celui-ci n’apparaisse. Ce qui est ballot dans un jeu où l’on commence en se méfiant des corbeilles à papier.
Prey fût donc une excellente surprise, un immersive sim d’une qualité trop rare aujourd’hui, et dont l’ambiance viscérale convoquera en vous toute sortes de souvenirs et émotions, pour peu que vous ayez le bagage SF adéquat. Merci mes éclaireurs !