Dire que ce Prince of Persia datant de 2008 a pris un tournant inattendu après l’inoubliable trilogie sortie sur ps2 serait un euphémisme. En effet, si le jeu d’Ubisoft garde cette ambiance Mille et Une Nuits si chère à la série et qu’il demeure dans le genre plateforme/action, tout le reste a radicalement changé, au point que le soft n’a de « Prince of Persia » que le nom. Et le virage opéré n’a pas plu à tout le monde, ce qui est compréhensible quand on connait la qualité des épisodes antérieurs. Faut-il dire pour autant que PoP est un mauvais jeu ? Je ne le crois pas.
Bien, en premier lieu, il me semble nécessaire de préciser les choses : si vous êtes un amateur de difficulté et que vous chercher du challenge, vous pouvez dès à présent fuir ce nouvel opus de PoP. C’est son principal défaut. Le soft a été conçu pour attirer un large public, il se veut accessible à tous, et ça se ressent fortement dans le gameplay. À aucun moment on ne bloque, les combats sont relativement simples, tout comme les phases de plateforme dont les chemins visibles à 10km sont immanquables. Ajoutez à cela un système non-punitif, dans lequel le game over n’existe pas, et vous obtenez un jeu réellement facile, accessible au plus grand nombre. Mais au final, on en vient à se demander si ce choix n’est pas le plus pertinent, et j’y reviendrai plus tard.
À la liste des changements d’importance, on trouve également le système de combat. Exit les centaines d’ennemis qui nous tombent dessus de toute part et qu’on anéanti à tour de bras, maintenant il s’agit le plus souvent de duels basés sur le timing et sur les réflexes du joueur contre des ennemis coriaces. Un système certes différent, mais plutôt plaisant, d’autant plus que les animations finement travaillées apportent un vrai cachet aux affrontements. On remarque également que notre personnage (qui notons-le n’est pas un prince !) n’avance plus en solo. L’aventure se fera aux côtés d’Elika, une jeune magicienne aux pouvoirs purificateurs, et le gameplay en sera une fois de plus beaucoup modifié. Et, bien que la série ne nous y ait jamais habituée, la coopération se révèle particulièrement rafraichissante durant l’aventure. C’est avec plaisir qu’on suivra l’évolution des deux protagonistes, dont les caractères respectifs ressortiront lors des nombreux dialogues (non dénués d’humour) qui parsèmeront notre progression. Une relation très intéressante qui vient pallier à un scénario hélas trop simpliste, le seul vrai regret que l’on peut avoir.
J’en viens alors au changement le plus visible et sans doute le plus important : l’aspect visuel du jeu. Pour dire les choses simplement, ce PoP est MA-GNI-FIQUE ! Cela n’aura échappé à personne, les graphismes sont en cel-shading, un style crayonné et coloré absolument sublime qui donne une vraie personnalité au jeu. Dans cet esprit, les effets de lumière sont bien maîtrisés, participant plus encore à la beauté de l’ensemble. Il suffit d’ajouter à cela une direction artistique de haute volée avec des décors tous plus beaux les uns que les autres, pour que l’on se retrouve plongé dans ce monde enchanteur. Et c’est justement là qu’intervient la facilité du gameplay. On ne meurt pas, on n’est jamais frustré. Le rythme, les actions, les mouvements, tout est fluide et tout est fait pour que l’on profite au maximum de ces splendides décors, pour que l’on s’immerge dans cet univers et cette ambiance féérique. Car Prince of Persia n’est ni plus ni moins qu’un jeu contemplatif.
Au final, il ne faut pas aborder ce Prince of Persia comme le digne successeur de ses ainés car ce n’est pas le cas, et si c’est ce que vous cherchez autant passer votre chemin. Le but était de réaliser un jeu à l’ambiance unique dans l’univers des Mille et Une Nuits, un jeu qui nous fait rêver par ses décors et ses personnages. Et en cela il est réussi. Prince of Persia fera donc des déçus, qui peuvent légitimement se sentir lésés d’une telle métamorphose de la série, mais il reste un excellent jeu, s’adressant à un autre public.
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N.B. : Cette note de 7/10 ne tient compte que de la qualité effective du jeu, et non de la politique honteuse d’Ubisoft. Pour rappel, Prince of Persia est le premier jeu incomplet à s’être vu affublé d’une fin tronquée, dont l’épilogue est disponible sous forme de DLC en téléchargement pour la modique somme de 10€. Sachez donc que vous ne bénéficierez pas de la « vraie » fin si vous compter acheter ce jeu sans son extension. Une note qui aurait donc pu être bien inférieure pour cette simple raison, mais ça n’aurait pas été rendre hommage à la qualité globale du jeu que de le sanctionner à cause de la politique abusive d’Ubisoft. Une aberration qui mérite malgré tout d’être soulignée pour éviter la déception de potentiels acheteurs.