Keep calm and pass me the ball
Excellente simulation de Handball qui fait la part belle aux scores fleuves.
On ne boude pas son plaisir de marquer six buts par match, même si pour le réalisme on repassera. Konami fait dans l'arcade, ce qui a son avantage : au moins, on s'amuse, et la prise en main est rapide.
L'IA du jeu est malheureusement lamentable, en particulier en ce qui concerne le placement défensif : les ailes sont abandonnées par les latéraux, ce qui donne lieu à des centres en pagaille (heureusement inoffensifs car délivrés du genou, en général), et à des percées beaucoup plus incisives des ailiers lorsqu'ils décident de repiquer vers l'axe, ce qui donne trop souvent lieu à un enchainement feinte-qui-trompe-le-dernier-défenseur/passe-en-retrait/but.
Mais le plus drôle reste l'alignement des centraux, qui rappelle les parties de street où tout le monde veut jouer en se prenant pour Cristiano Ronaldo sans faire l'effort de se rappeler qu'il ne marquerait jamais sans un Xabi Alonso derrière lui ; les espaces sont donc béants, et l'adversaire s'y engouffre allègrement, quand on n'est pas habitué c'est pas joli à voir...
Par ailleurs, voir un Vidic ou un Chiellini se faire prendre à la course par un vulgaire Brandao a de quoi faire rire au début, mais donne vite envie de jeter le pad en travers de la gueule d'un type de chez Konami pour lui faire ravaler son peu de considération pour la défense dans le football.
En conséquence, le meilleur moyen de marquer reste la combinaison passe au dessus de la défense, course impétueuse de l'attaquant, frappe à ras de terre.
Une autre methode est la fameuse "bundes-frappe", autrement dit la grosse minasse des familles de 25 mètres, qui a l'avantage soit de transpercer des gardiens toujours aussi nazes (puisse la coupe du monde leur rendre un statut plus honorable), soit de faire relâcher la balle aux grosses tanches précitées, balle qui a le fâcheux défaut de revenir très fréquemment dans les peids d'un attaquant qui traine dans le dos de la défense. C'est le célèbre "but-PES" bien connu de tout joueur depuis le 2012. On peut certes en tirer avantage, mais on en fera systématiquement les frais.
Aussi, il est bien dommage de voir que les combinaisons sont toujours aussi difficiles à réaliser, alors qu'un foutu double contact mettra constament le plot qui sert de défenseur dans le vent, et aboutira à un but fatal, en général dans les dernières minutes du match. Car ce PES donne l'impression de suivre un script de mauvais gout en permanence, à savoir que l'équipe adverse trouve des ressources mentales et physiques insoupçonnées dans les dernières minutes de la partie, si bien qu'il devient quasiment impossible de toucher le ballon.
Contre le Real Madrid ou Manchester, on peut comprendre ; contre Reims ou Sunderland, c'est un petit peu plus difficile à avaler.
Pour en revenir aux exploits personnels, gominé en couverture oblige, ce PES fait la part belle aux danseuses, alimentant la tendance actuelle qui tend à considérer le foot comme un sport individuel à peine sublimé par le sens tactique des entraineurs.
Ainsi, inutile d'espére piquer le ballon à Messi avant qu'il ait foutu un boxon monstrueux dans votre belle organisation à deux lignes de quatre, ou de compter trop souvent sur une caguade de Hazard pour partir en contre : les attaquants sont tellement avantagés qu'il redevient presque possible de dribbler tout le monde, comme dans la cour de récré en CM2 face aux benets du CP qui n'étaient pas inscrits à l'Amicale laïque de Beaumarécage-les-flaquedeau et qui passaient leurs dimanches à se morfondre devant leurs exercices de BLED tandis que vous taquiniez la gonfle avec vos potes.
Berbatov ne peut donc pas faire de meilleure pub à ce PES quand il arbore son tricot "keep calm and pass me the ball" (même si c'est une chèvre dans le jeu, ils sont vraiment à la ramasse en ce qui concerne les stats des joueurs, les gars de Konami).
Pour remédier à ce déséquilibre excessif, reste toujours le tacle assassin, mais attention au regard très sélectif de l'arbitre, qu'on aura toujours tendance à considérer comme le fils naturel d'un aveugle et d'une supportrice de l'équipe adverse. Voilà au moins quelque chose de réaliste !
En résumé, on s'amuse beaucoup en inscrivant parfois 10 ou 12 buts par match, et il est toujours jouissif de coller une taule à l'Allemagne ou à l'Italie en finale de la coupe du monde avec un triplé de Jérémie Menez. En revanche, ce PES est bien trop cheaté pour pouvoir être considéré comme une vraie simulation de foot.
