Project Zero 2 sort de l’ombre en 2003, deux années après la naissance de la série, cela en plein milieu d'une période prolifique pour le genre J-Horror, en particulier au cinéma. Si Project Zero ( Fatal Frame aux USA) premier du nom ne révolutionne pas le genre fin 2001, il nous offrait cependant une nouvelle manière de s'y plonger en ayant le courage de reprendre le flambeau de toute une panoplie de vieux jeux micro et 16 bits qui avaient survolé le J-Horror, mais qui paraissaient bien peu exploiter le genre au vu de la richesse du folklore japonais. Heureusement grâce à la génération PS2 et sa puissance phénoménale pour l'époque toute une génération de développeurs japonais ont voulu reprendre la suite, et Dieu sait que s'il y a un genre qui possède des eaux sombres, profondes et inexplorées, et ce encore aujourd'hui, c'est bien le J-Horror.
La traversée du premier jeu prenait place dans un manoir japonais tirant ses inspirations de contes et mythologies, en mixant cela avec une part d'événements plus ou moins avérés, et ça fonctionnait parfaitement.
Ces derniers mois, en me laissant submergé par le genre sous toutes ses formes, jeu vidéo, manga (Yokai Hunter <3) et bien sûr films, en particulier les “kaidan eiga”, j'ai naturellement voulu découvrir cette suite et l'on peut dire que j'étais à deux doigts de récompenser celle-ci avec une note plus élevée, mais il y a un point en particulier qui me fait encore hésiter à coller un 9 dessus.
Mais avant cela, oui, on peut dire que Project Zero 2 est un réel pas en avant en comparaison au premier épisode.
Beaucoup plus beau, un gameplay enrichi, un level design mieux pensé avec plus de variation dans l'exploration, globalement tout est plus agréable et intéressant à jouer.
Les contrôles sont par exemple repensés, mais c'est surtout le level design qui a bénéficié de gros changements.
Le premier épisode était parfois assez confus dans le cheminement à entreprendre et il y avait beaucoup (trop) d'aller-retour entre les mêmes zones.
Si on n'échappe pas à cela ici non plus, c'est bien plus rare et intelligemment justifié.
Nous ne sommes plus dans un manoir fermé, mais dans un petit hameau perdu dans la montagne. Les développeurs ont réussi à transcrire de manière juste toute la magie de la campagne japonaise et l'étrangeté de lieux isolés, coupés du monde entre deux chaînes de montagnes comme on en trouve régulièrement sur l'archipel.
Bien entendu avec une atmosphère pesante, des environnements sombres (mais lisibles) tout est réuni pour hypnotiser le joueur, car c'est souvent le mot qui me vient en tête quand je touche à un Project Zero, hypnotique.
Project Zero 2 reste dans le haut du panier quant aux sensations procurées manette en main, grâce au gameplay unique toujours à base de prise de photos sur le fil pour exorciser ce qui bloque notre chemin, mais surtout via son travail sonore encore une fois exceptionnel.
On se retrouve facilement aspiré par les lieux et bien souvent on appréhende ce qui pourrait surgir d'un mur, caché dans les bois ou dans un angle d'un couloir un peu trop calme, plutôt que ce que l'on trouvera sous nos yeux. Une tension permanente, une sensation de malaise ou de plaisir, chacun décidera de son seuil de tolérance.
Une mention spéciale aux plans de caméras à mi-chemin entre plans fixes et dynamiques donnant par moment des instants de frissons grisants.
Malheureusement ce qui m'empêche de dire que ce deuxième épisode fait tout mieux que son aîné, et ce malgré ce que j'évoquais plus haut, n'est autre le fait que les manifestations fantomatiques (yōkai, yūrei ou onryō ) ne sont pas aussi "effrayantes" que le premier, il manque quelque chose d'insondable que le premier épisode possédait, donnant la chair de poule quand l'une d'entre elles apparaissait dans notre sillage.
Ce n'est pas nécessairement dû à un problème du jeu à mon avis, mais bien plus quant aux choix effectués par les développeurs concernant le type de manifestations, mais aussi la difficulté du jeu plus permissive (j'ai fini le jeu en normal avec 35 "potions" sic.). Ces deux points combinés n’offrent pas la même tension et peur de mourir que dans le premier qui était pour sa part plutôt dur, trop peut être.
Mais que cela ne tienne, Project Zero 2 reste toujours l'un des jeux les plus effrayant que j'ai pu faire, et reste aujourd'hui une parenthèse du J-horror dans le jeu vidéo qui est bien trop peu exploité par les studios, malheureusement.
Dernier mot concernant l'histoire, c'est le point le plus intéressant de l'œuvre, pleine de subtilité, de tendresse et de drame. Il y aurait beaucoup à dire concernant les épreuves que ses deux sœurs jumelles traversent, les thématiques comme souvent avec le folklore japonais sont profondes, quelque part entre le religieux, méthaphysique et le réel. Je ne peux que conseiller de faire Project Zero 2, ou la licence dans son ensemble, qui n'a pas d'équivalent dans ce qu'elle transmet, dans le fond comme dans la forme.
Heureusement que Project Zero n'est pas chapeauté par Konami sinon on aurait eu droit à un remaster par un studio américain avec les soeurs Olsen.
Bref, donnez une chance à Project Zero ou les portes du jigoku se refermeront sur vous.