Prototype 2
6.2
Prototype 2

Jeu de Radical Entertainment et Activision (2012PC)

Prototype premier du nom était un défouloir pas très finaud, un truc un peu brute de décoffrage, avec un scénario prétexte et des pouvoirs ultraviolents. C'était plutôt bas du front et un peu moche mais bon sang, ça avait plutôt bien rempli son office et je m'étais quand même vachement éclaté à le parcourir et à faire couler des hectolitres de sang dans les rues d'une des pires modélisations de New York qui soit. Ce nouvel opus ne change absolument pas la recette qui a pourtant fait match nul du précédent opus : de la violence, un scénario crétin et des combats WTF. Cette fois, on incarne James Heller, soldat revenu d'Amérique pour découvrir sa famille morte des mains des infectés. Accusant tout de go Mercer (mais si, rappelez-vous, le héros zéro charisme du premier opus), il se fait envoyer à NewYork, qui subit une nouvelle infection, encore. On pourrait croire que le Blackwatch a un peu revu sa copie en terme de confinement d'épidémie, mais apparemment, pas des masses. Bref, Heller se retrouve à traquer un Alex Mercer qui passait par là et au terme d'un rapide mais déséquilibré combat, se retrouve infecté. Bim badaboum, on recommence, à l'image même du premier volet.

Première chose, cela va vous heurter fort mais... depuis Prototype premier du nom, le chara design n'a pas évolué. Oh que non. Toujours aucun personnage avec un peu de présence ou d'écriture. Alex Mercer est de retour, malheureusement, sans aucune évolution de son apparence. Et sa soeur ressemble à une sorte de sous Lisbeth Salander. Et que dire du protagoniste central ? Les trailers vendaient une espèce de descente aux enfers où le personnage sombrerait progressivement dans la violence. Ha ha. Ce n'est même pas le type le plus colérique de l'histoire du jeu vidéo. Il se vénère vite fait au début, puis ensuite, il va à l'église et raconte son histoire à un prêtre. Un prêtre. Qui devient le premier donneur de quêtes. Et qui n'est pas à un seul instant l'objecteur de conscience de Heller, puisqu'il va même jusqu'à souligner que "ce qui doit être fait doit être fait". Bon, côté interrogation sur la violence, on repassera donc. Après ça, tous les autres donneurs de quêtes seront relativement balisés. La palme, je la remets quand même à la fille transfuge sensément sexy, évidemment traîtresse, qui essaie de chauffer le héros sans qu'on sache exactement pourquoi. Non seulement elle est stéréotypée mais en prime, elle est méga-vulgaire. Classe.
Côté graphisme, ça commence - j'ai trouvé - plutôt bien, le premier quartier étant quand même relativement joli. Cela va aller de mal en pis puisque les autres îles (oui, New York, c'est trois îles, voilà), si elles offrent plus d'espaces, vont aussi proposer plus de vide. Bon, la dernière île reste quand même très cool, avec sa bonne ambiance fin du monde. Malheureusement, globalement, ce n'est pas une grande réussite, mais le premier n'en était pas une, donc pas de quoi s'alerter. Ah tiens, j'ai trouvé le jeu un poil moins organique, sans doute parce que l'on a rajouté à tous les effets "chair à vif", des nuances d'orange et de jaune. C'est bizarre, parce que sinon, on reste dans le domaine de l'hectolitre. C'est juste qu'on ne veut plus de fibres musculaires distendues à tout va. Enfin, c'est une appréciation totalement personnelle. Ha oui, et le design des soldats du Blackwatch est encore plus laid que dans le premier épisode, un comble. On retrouvera aussi les séquences filmées (doublées par deux doubleurs uniquement, ce qui fait que chaque soldat important que vous assimilez aura exactement la même voix... assez troublant). Elles sont toujours super kitsch et très série B.
Maintenant, voilà, le vrai gros du sujet. Les pouvoirs. Aucune grosse évolution depuis le premier, mais on s'en fout. C'était crétin et bourrin, donc cool. On a un ajout minime, les tentacules, avec un effet kisscool plutôt amusant. Sinon, retour de la grosse lame, symbole de la série. Et, comme dans le premier opus, la progression est toujours aussi mal maîtrisée, rendant le joueur particulièrement tout puissant à mi-parcours. Chaque "niveau", le joueur gagne un point qu'il peut dépenser parmi plusieurs compétences permettant d'augmenter sa vitesse, sa vie ou sa capacité à augmenter sa masse (la jauge de "super"). En plus de ça, les quêtes secondaires permettent de débloquer des perks spéciaux qui vont augmenter sa défense, ses attaques spéciales, jusqu'à la force de ses coups de base. Bref, des augmentations pleuvent de partout. C'est plutôt enthousiasmant, pour sûr, mais alors le personnage devient rapidement très très bourrin. Au point même que les balles ne font plus spécialement mal. Seuls les ennemis, un poil plus nombreux et agressifs, peuvent encore mettre cher si mal gérés, ce qui donne des séquences d'incroyable bordel où le joueur se fera shooter de toute part jusqu'à mourir de façon aussi subite qu'inattendue. Bim, dans ta face.

En gros, "more of the same". Ca sent toujours le jeu amusant mais peu ambitieux, avec la volonté de faire un truc violent et brute de décoffrage et là-dessus, ça marque pas mal. L'idée de faire du héros du premier opus le méchant est loin d'être idiote et le rebondissement unique de l'histoire - je ne vais pas faire l'affront de le révéler - sert simplement à introduire un nouvel ennemi. On se retrouve avec deux factions qui pourraient s'opposer si seulement le scénario ne semblait pas pris dans la gelée. Bon. Clairement, Prototype 2, c'est surtout un bon gros plaisir coupable de 15h, où l'on démembre sans complexe et l'on écharpe tout en se prenant pour Eddie Brock de la grande époque.
0eil
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le 23 sept. 2014

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