Tu es une proie. Voilà pour résumer le jeu de la façon la plus concise. On incarne un chat-limace qui a été séparé de ses parents au cours d'un déluge extrêmement violent, et qui cherche à les retrouver. Simple en apparence, cette quête s'avère bien plus compliquée que prévue en raison d'un environnement hostile au possible. On parcoure un monde post-apocalyptique, on devine l'humanité passée dans des décors industriels délabrés où la nature a repris ses droits, et on parcourt ces écosystèmes nouveaux comme on peut. Chaque bestiole rencontrée lutte pour sa propre survie et bien souvent, on fait partie de leurs options pour survivre un peu plus longtemps. Soi-même on chasse, si on peut dire, on attrape des baies et des espèces de mouches pour se sustenter.
Se nourrir est important, car le voyage est long. Impossible de le faire d'une traite, le monde est assez immense et régulièrement le Déluge s'abat à nouveau. Quelques gouttes annonciatrices, et un vrombrissement sourd annoncent que les nuages vont céder sous peu. Gare à qui se trouvera encore à l'extérieur à ce moment là. Il faut alors foncer vers l'abri le plus proche, ils sont rares, mais ils sont sûrs. C'est là qu'on pourra hiberner à condition d'avoir suffisamment mangé (sinon, c'est la mort), et c'est en hibernant que l'on peut sauvegarder. Autant dire que la pression est grande, d'autant que dans la précipitation on a vite fait de se faire attraper par quelque organisme de passage.
C'est que presque tout dans ce monde veut notre mort. On est bien en bas de la chaîne alimentaire. Ici un crocodile monstrueux, là un moustique gigantesque. Et au milieu de ces lianes qu'on est en train de grimper pour progresser se cache une plante qui se camoufle. Elle est plus qu'une liane, elle est un prédateur. S'y accrocher, c'est se faire prendre au piège, et mourir. Parfois certaines bestioles vous fuient, d'autre fois vous êtes bloqués par plusieurs prédateurs et en vous cachant, vous pouvez attendre qu'ils se battent entre eux pour tracer discrètement. On ne sait jamais sur quoi on va tomber, les ennemis ne sont pas fixes, tout le monde se déplace, chasse, tombe, vous tend un piège. Deux crocodiles sont en train de s'affronter en bas, et on se croit à peu près en sécurité. On observe, on attend. On guette encore une opportunité quand un troisième crocodile vous tombe dessus, se laissant tomber comme un plomb d'un perchoir qu'il a réussi à atteindre discrètement. On est la proie. Les différents tableaux sont remplis de petits tunnels, de passages étriqués, qui pourront autant sauver la mise de notre chat-limace que le coincer entre plusieurs prédateurs. Toutes les bestioles n'hésitent pas à vous poursuivre, à se poursuivre entre elles, à errer en quête de zones plus favorables.
Trouver un abri, c'est pouvoir hiberner et ainsi sauvegarder, mais c'est aussi l'occasion de gagner une rune. Peu de choses sont indiquées (pas de barre de vie : la mort est rapide) mais on voit une rune en bas à gauche. En hibernant, on monte d'un cran sur une échelle de runes. Certaines zones nécessitent d'être à un niveau bien précis, donc il faut parfois être patient. La mort fait baisser d'un niveau. Pas toujours simple à gérer.
Techniquement, c'est du pixel-art mais c'est assez magnifique. L'ambiance est noire, sombre, il y a un vrai contraste entre les paysages désolés, usines, tuyaux, complexes, et la vie foisonnante qui parcourt le monde. La violence de la chaîne alimentaire est bien rendue, et les animations des bestioles sont très réussies : elles paraissent vivantes, pas du tout mécaniques. Les effets météos sont chouettes également, et la bande son est bien oppressante.
Bref, pour l'instant je trouve ce jeu excellent. Dur, triste, prenant. On prend plaisir à découvrir ce monde qu'on découvre au fur et à mesure. Le background se devine au fil des décors traversés, et ça c'est très sympa également (un peu comme dans un Inside même si les deux jeux n'ont par ailleurs pas grand chose à voir). A voir sur la durée (car il faut apparemment une trentaine d'heures pour le terminer) mais pour l'instant c'est génial.