Rainbow Six Siege aurait pu être ce FPS taillé pour l'E-Sport à prendre la relève d'un Counter Strike sur le déclin.
Sur la papier, la sortie de Rainbow Six avait tout pour être un succès : fini les teams de 32v32 de Battlefield ou le respawn et la course au frag de Call Of Duty, vous allez jouer votre vie dans des rounds à mort unique où chaque erreur sera punitive. Un retour au source plus qu'agréable à l'heure du "toujours plus" où tanks et jetpacks s'invitent dans les FPS. Ajoutez à cela l'apparition de murs et surfaces destructibles et de choix de gadgets uniques et vous aurez une modernisation façon MOBA d'un genre qui commençait à tourner en rond, où chaque détail aura son importance.
Le concept est addictif, aucune partie n'est pareille grâce à la multitude de possibilités qu'offre le fait de pouvoir détruire des murs ou de les renforcer, les campeurs ne sont pas avantagés grâce à un système de drone à envoyer pour vérifier chaque pièce, et avoir l'information en premier sera capital pour gagner un match, ce qui favorise le teamplay plus que dans n'importe quel autre jeu du moment. Chaque agent offre un avantage propre et il faudra les sélectionner avec intelligence pour pouvoir en profiter : ouvrir un mur renforcé, détruire les grenades, prendre un bouclier, ajouter des caméras, des pièges, etc.
Malheureusement, UbiSoft a été très vite rattrapé par sa réputation de développeur de bugs : netcode à la ramasse, glitchs et tricheries à foison, communauté qui devient très vite nocive par l'absence de réelles représailles contre le teamkill... Bien qu'au fil des saisons les développeurs tentent de trouver des solutions à ces problèmes, force est de constater que le jeu est sorti bien loin d'être fini, au point que même 2 ans après, les parties classées sont toujours estampillées en "beta". Très peu de solutions sont trouvées, et les déconnexions sont fréquentes, y compris pendant les matchs officiels : c'est très loin d'être du travail sérieux.
Pire, j'ai baissé ma note originale de 8/10 à 6/10 car après 2 ans de patchs qui corrigent des bugs pour en rajouter d'autres, l'aspect stratégique originel a vite été remplacé par du bon vieux Run & Gun, sans doute pour faire de l'oeil à la communauté Call Of Duty. Fini les personnages lourds et lents qui prennent des lignes pour défendre l'objectif, chaque Season Pass va vous inciter à mettre la main au porte-monnaie pour débloquer rapidement le nouveau personnage cheaté du moment, en multipliant les personnages rapides qui possèdent des armes aux cadences infernales. Ajoutez à cela un netcode toujours aussi mystérieux et une hitbox aux fraises avec ce genre de personnage, et prévoyez une bonne dose d'injustice et de rage à chaque partie. On est très loin de l'exigence que doit avoir un jeu qui vise l'E-Sport.
Pour conclure, Rainbow Six Siege propose un des meilleurs concepts de FPS de ces dernières années. Dommage qu'il soit développé par une entreprise qui peine depuis 2 ans à stabiliser son moteur et ses serveurs, et qui à force de vouloir trop en faire finit par tuer son jeu avec des nouveaux personnages et de nouvelles maps totalement déséquilibrés. Certains joueurs qui aiment les jeux nerveux y trouveront leur compte, d'autres attirés par la stratégie et le teamplay finiront comme moi par se sentir lésés et se tourneront vers d'autres jeux.
Le mieux est l'ennemi du bien.