Il y a plus ou moins 14 ans, Ratchet & Clank arrivait sur la PlayStation 2. Platformer 3D aux éléments de shooter à la troisième personne, celui-ci nous mettait dans la peau d’un fennec alien (un Lombax pour être plus précis) accompagné de son petit pote robot, tous deux déterminés à sauver la galaxie. À l’époque le jeu était déjà surprenant. Graphismes colorés arsenal varié, gameplay bien pensé, écriture et humour appréciables, personnages attachants et univers barré. Le jeu a tout pour plaire, et la presse le reçoit comme il se doit. Le jeu est super bien accueilli et le Lombax se retrouve star d’une série qui avait jusqu’ici 14 jeux différents. Et en 2014, lors de l’E3, on nous annonce que le premier jeu serait “ré-imaginé” pour la PS4. Inquiétude chez certains, nouvelle réjouissante chez d’autres, d’autant plus que le jeu sortira aux côtés d’un film qui partagera la même histoire. Pour être plus exact, le jeu est l’adaptation du film, qui est l’adaptation du jeu. Oui. Bref, beaucoup de questions se posent. Et aujourd’hui, on a enfin de quoi y répondre.
Reboot, remake ou portage ?
Vous vous en doutez, le jeu n’est pas un portage. Surtout que la PS3 et la PS Vita ont eu droit à un portage des trois premiers jeux de la licence qui apportait un lissage et un passage à la 16:9. La vraie question était de savoir si le jeu servait de remake pour plaire aux fans ou de réécrire l’histoire ? Et bien le scénario laisse penser qu’on est pas à l’abri d’une suite de cet épisode. En effet, le concept de base est de revisiter Ratchet & Clank, raconté par le Capitaine Qwark, héros aux yeux de tous, sauf ceux qui ont eu la chance de le côtoyer. Du coup, le point de vue est différent, les évènements pas tout à fait les mêmes… Et de nouvelles portes s’ouvrent. Tout est réécrit depuis le début et même si certains personnages restent fidèle à leur poste, des nouveaux arrivants ont un rôle bien important, et surtout, on découvre les origines d’un personnage bien connu des fans de la série, le docteur Nefarious.
Et bien sur, si on change l’histoire, on change le reste aussi. Des nouvelles armes font leur apparition, les planètes à visiter subissent toutes des changements qu’on remarque rapidement. Que ce soient de nouvelles phases de gameplay ou de nouveaux objets à récupérer, même le vétéran de la série sera déconcerté et très certainement agréablement surpris. La bande son elle aussi a été revisitée et bien entendu, vu qu’il faut vraiment en parler, les graphismes sont tout simplement époustouflants.
Il aurait été clairement indécent de parler de ce jeu sans s’arrêter sur ses graphismes. Je serais malhonnête si je disais que j’ai déjà joué à un jeu plus beau que celui-ci. D’autant plus que je ne possède pas un PC incroyable, et que la PS4 est certainement la machine la plus puissante que je possède. Et je pense que même avec un PC surpuissant j’aurais eu du mal à trouver un jeu aussi beau. Parce qu’en plus d’être quasiment exempt d’aliasing, le jeu possède à la fois une bonne distance d’affichage, des textures très propres, et un jeu de lumière formidable. Chaque planète a son panorama présent pour vous en mettre plein la vue, et encore, c’est peu dire.
Et le plus beau dans tout ça ? Le jeu, tourne à 30fps mais ne subit aucune baisse de framerate. Les explosions à gogo, les jets de lave et les lasers vont vous scotcher plus d’une fois, dans ce qui semble être une symphonie d’effets visuels. Et vu la quantité d’armes à votre disposition, c’est pas ça qui va manquer. On retrouve des grands classiques mais on découvre également des armes comme le Pixéliseur qui changera vos ennemis en tas de voxels. De quoi vous pousser à tester différentes combinaisons selon la situation.
Reboot magnétique
La durée de vie n’a jamais été la marque de fabrique de la série, et cet épisode ne fait pas exception. L’aventure principale vous prendra entre 10 et 15 heures, mais pour accomplir le 100%, ou remplir tous les objectifs supplémentaires, vous aurez de quoi faire, surtout que le jeu est accompagné d’un mode défi et de pas mal de petits secrets à trouver. Il me semble bon d’ajouter que le jeu propose de choisir sa difficulté, et que le mode difficile propose un challenge bien plus corsé que prévu. Il va falloir faire preuve d’ingéniosité dans l’utilisation de votre équipement pour faire face aux hordes d’aliens qui cherchent à vous exterminer, et les boss vous surprendront plus d’une fois, même si vous les avez déjà combattus il y a une dizaine d’années. Le jeu ne cesse de surprendre et pousse à l’exploration, qui est plus récompensée que jamais. Les boulons d’or dispersés à travers la galaxie vous permettront d’enfiler de nouveaux costumes, d’appliquer des filtres divers à l’image ou encore de changer l’apparence des boulons.
En plus de réduire des extra-terrestres à des tas de feraille et de chair, vous vous verrez aux commandes de votre vaisseau dans des phases de chasse aérienne, ou encore sur un hoverboard pour participer à des courses sportives quand l’envie vous prendra. Il est même possible de récolter des cartes à collectionner pour compléter un album aux couleurs de la série. Au final, vous pourrez facilement atteindre la quarantaine d’heures de jeu, surtout si vous cherchez à obtenir tous les trophées qui demandent pour la plupart une certaine maîtrise. Le mode défi peut amener à faire du scoring pour les amateurs, et tout votre arsenal n’attend que d’être amélioré à l’aide de minerais trouvés ici et là. Et surtout à l’aide du sang de vos adversaires. En effet, Ratchet et ses armes évoluent en permanence avec les combats menés. Tandis que Ratchet gagne des points de vie, ses armes obtiennent des effets passifs comme un plus gros chargeur, des effets corrosifs ou une cadence de tire plus élevée. Clank quant à lui, se retrouvera chargé d’améliorations avec l’avancée de l’histoire. Soyons honnêtes, pour un TPS à 40 euros (prix moyen lors de sa sortie) une durée de vie pareille, c’est appréciable.
Par contre, ce qu’on a toujours apprécié dans la série, c’est bien entendu son humour. Parfois assez gras, parfois bien subtil. Il suffit de s’intéresser aux sous titres donnés aux jeux de la série pour s’en rendre compte (Le deuxième jeu s’appelle “Going Commando”, je laisse Google faire le reste du travail). Bien évidemment ce qui marchait il y a 14 ans n’est plus aussi efficace aujourd’hui… Mais au final c’est tellement bien retravaillé qu’on retrouve la même chose dans les grandes lignes, et force est d’admettre qu’avoir le Capitaine Qward, gros musclé idiot et vantard en tant que narrateur, apporte beaucoup. Celui-ci n’hésitera pas à y aller de son petit commentaire selon la situation, et même si il lui arrive de se répéter, vous lâcherez certainement un rire idiot à un moment ou à un autre. Parce que ce jeu respire la bonne humeur. Les personnages que vous rencontrerez auront tous un comportement bien à eux et les avoir à vos côtés lors d’une mission est un vrai plaisir. Ratchet est plus bavard que dans le jeu original, et Clank est toujours aussi sarcastique. Bien entendu tout ceci serait inutile sans un doublage de qualité, et pour le coup, pas d’inquiétudes, le casting n’est pas celui du film. Exit Nikos Aliagas et Squeezie. La bande son quand à elle reste de la musique d’ambiance tout de même bien catchy, dans la lignée de ce que la série nous a offert de mieux.
Mémoires d’un Lombax
Bien entendu la nostalgie fait beaucoup dans l’appréciation du titre, mais un nouveau joueur aura un plaisir certain à découvrir cet univers déjanté. Le titre parlera à toutes les catégories de joueurs, et à moins d’être allergique au genre, c’est un bonheur garanti. Faire danser des poulpes géants grâce à une boule disco de poche, sauver la galaxie, tracer sur son hoverboard, c’est un éventail d’expériences à vivre qui s’ouvre devant nous. Et pas question de le faire mal. Tout est géré au poil près, et surtout, on ne s’ennuie jamais. Certains passages mettant Clank en avant sont un peu moins nerveux et plus axés sur des mini casses-tête, mais ça dure jamais bien longtemps, et Ratchet est toujours là pour nous parler en même temps. L’action s’enchaîne de façon dynamique et surprenante, même ceux qui s’avaient à quoi s’attendre vont être surpris. Toutefois, le jeu suit avant tout l’histoire du film, et il est bon de rappeler que celle-ci n’est pas terrible. Néanmoins, si certains hésitaient encore à passer à la génération de consoles actuelle, Ratchet & Clank est de ces titres qui pourraient convaincre plus d’un joueur. Peu de regrets, si ce n’est l’envie d’avoir déjà la suite, car le jeu aurait bel et bien gagné à être plus long, mais le fait de devoir correspondre au film est certainement ce qui a pu entraver le jeu. Mais les joueurs de la saga auront repéré quelques références à la suite de l’histoire originale. Avec un peu de chance, l’aventure continuera sur consoles, et donnera envie aux autres développeurs de faire revivre le genre. Personnellement, je n’attends que ça. D’autant plus que Ratchet & Clank est la preuve que Insomniac a encore le feu sacré, et c’est vraiment beau à voir.
Pour profiter de la critique avec les screenshots c'est sur mon medium ici : https://medium.com/@Aurablade/ratchet-clank-le-reboot-en-train-f87f4d6adfc1#.60lh8065o