Et voilà, deux ans après la sortie de Rubis Oméga et Saphir Alpha, et 3 ans après la sortie de X et Y (wow le coup de vieux), Pokémon Soleil et Lune pointent enfin le bout de leur nez. Si le marketing de TPCi concernant le jeu nous a permis d'espérer de grandes choses, les leaks d'information en ont déçu plus d'un. Mais heureusement, ce ne sont pas les informations piochées un peu partout qui font un jeu, mais bel et bien le tout. Si vous hésitez encore à acheter cette nouvelle version, peut-être que vous avez besoin de lire ce qui suit. C'est spoiler-free donc vous en faites pas.
Bienvenue à Alola !
C'est ici que se déroulera l'histoire de Soleil et Lune.
Pokémon Soleil et Lune ont décidé de casser les règles. Et ça commence dès le départ. Le jeu vous accueille avec une cinématique qui n'explique pas grand chose, mais qui a le mérite d'interpeller le joueur, qu'est-ce qu'il se passe exactement ? Ce sentiment va vous accompagner un moment, étant donné que les personnages autour desquels tourne le scénario cachent pas mal de choses. Bref, le problème n'est pas là, où est votre premier Pokémon ? Après une petite demie heure de blabla, de présentation du professeur et des coutumes locales, vous allez pouvoir choisir votre starter et vous lancer. Mele-Mele est la première île sur les 4 qui constituent la région d'Alola, et rien qu'ici la faune est impressionnante. Se constituer une équipe variée est possible dès les premières heures de jeu, et même si on aurait bien voulu voir plus de Pokémon de la 7ème génération, on retrouve vite ses repères, tout en étant émerveillé par les nouveautés qui sautent aux yeux, car même si la recette reste la même, c'est la génération du changement.
Le changement, c'est maintenant.
On le sait depuis un moment, mais une des étapes les plus importantes de ce changement c'est les graphismes du jeu qui ont rien à voir avec Pokémon X et Y. Le moteur reste le même, mais tout le reste a changé. Les personnages ont enfin des proportions normales, et surtout, les routes ne sont plus des lignes quasi droites avec des herbes un peu partout. Pour la première fois, la 3DS sert à quelque chose du côté de l'exploration. Les endroits à explorer sont plus vastes, le terrain n'est pas plat comme dans X et Y ou ROSA, et le mouvement est plus libre que jamais. Les différents micro-climats du jeu (région volcanique, désert, montagnes enneigées et autres) sont alors bien plus agréable à fouler du pied, et le sentiment d'aventure n'en est qu'accentué. Les personnages du jeu ajoutent d'ailleurs beaucoup à ce côté aventure. Ils sont plus importants, servent à quelque chose, et en plus de profiter d'une écriture parfois surprenante pour un jeu de la série, l'équipe de traduction a accompli un travail impeccable. Le jeu est drôle, les dialogues bourrés de références et les jeux de mots idiots pleuvent pour notre plus grand plaisir. Et pour cause, l'équipe de traduction est la même que pour Pokémon Méga Donjon Mystère. Pour ceux au fond qui ne suivent pas, c'est à eux qu'on doit des trucs du genre "Mes amis m'appellent Francis La Lame".
Du coup, la Team Skull qu'on pensait ringarde parvient à balancer des punchlines de haut niveau, et ça les rend extrêmement attachants. Seul bémol niveau personnages, le PokéDex Motisma, qui rappelle un peu trop un certain Whisper. Celui-ci vous sert de compagnon d'un bout à l'autre du jeu et vous rappellera constamment ce que vous avez à faire, rendant le jeu encore plus linéaire qu'il ne l'est. Même si il est possible de trouver quelques endroits cachés, votre écran tactile vous rappellera en permanence qu'il faut retourner au port ou battre les sbires qui sont à deux mètres de vous. Heureusement, il a au moins le mérite d'afficher la carte en permanence sur l'écran tactile, chose qu'on apprend vite à apprécier. Mais l'avancée dans le jeu reste agréable malgré sa linéarité, en particulier grâce aux Poké Montures qui vous emmèneront où vous voulez en faisant fi des obstacles sur votre passage. Et je parle ici d'une des nouveautés du jeu les plus agréables. En effet, Tauros éclatera les rochers sur votre passage si vous chargez dessus, Dragonfeu vous emmènera où vous voulez une fois appelé... Vous voyez où je veux en venir ? Les CS n'existent plus. Adieu le Castorno esclave, bonjour la simple pression sur un bouton pour monter sur Sharpedo et tracer sur les flots en éclatant rochers et dresseurs. Ces Pokémon ne prennent pas de place dans votre équipe, et vous seront attribués au fur et à mesure que vous avancez dans le scénario. Et comptez sur eux pour débloquer des passages précédemment bloqués, histoire de redécouvrir quelques endroits à chaque fois que vous en avez une nouvelle ! D'ailleurs, les bicyclettes sont elle aussi remplacées par les Pokémon. À vous de voir si vous préférez vous balader à dos de Tauros, Mastouffe, ou autres qui n'attendent qu'à être découverts.
Pour ce qui est des combats, la grosse nouveauté, c'est évidemment les Capacités Z. Celles-ci prennent l'emplacement d'un objet chez le Pokémon qui l'utilisera, et ne peuvent être utilisées qu'une fois par combat, par un seul Pokémon. Rien ne vous empêche d'en attribuer une à tous les membres de votre équipe, mais est-ce qu'une attaque surpuissante par combat vaut la peine de sacrifier un orbe vie ? À vous de voir. L'animation est jolie et pour l'aventure ça peut sortir d'un mauvais pas, mais rien ne dit qu'on verra beaucoup de Capacités-Z en strat. Par contre pas la peine de se prendre la tête avec les Méga-Évolutions. Elles n'arrivent qu'en post-game et vous devrez acheter les méga-gemmes avec des Points Combat durement gagnés à l'Arbre de combat, qui remplace les tours qu'on avait l'habitude de grimper.
Les nouveaux talents, eux, risquent de bouleverser un peu le metagame actuel. Celui de Mimiqui annule les dégâts de la première attaque subie.
Cela-dit, l'aventure principale parvient à remonter un peu la difficulté par moments. Bien entendu, c'est le cas si vous désactivez le Multi-Exp toujours aussi craqué. On fait alors face à quelques combats un peu tendus, et la composition de votre équipe se révèlera plus importante qu'auparavant. Ne vous attendez pas à du Shin Megami Tensei, mais ne vous attendez pas non plus à rouler sur les quelques boss du jeu en utilisant un seul Pokémon. D'ailleurs, la plupart des routes accueillent un dresseur plus fort que les autres qui ne vous affrontera que si vous avez battu tous les autres. On se retrouve donc rapidement face à un dresseur qui place Piège de Roc alors que toute son équipe porte un Carton Rouge. Et même si ça reste rare, on sent que l'IA fait un effort, switch plus souvent, se sert d'attaques qui soignent, et autres saloperies qu'on adore détester. Dans tous les cas, préparez vous à galérer un peu face aux adversaires en fin de jeu.
D'ailleurs, ce sont entre 30 et 35 heures qui vous attendent pour parvenir à la fin du scénario, et pour explorer tous les endroits cachés et finir le post-game, vous atteindrez facilement les 50. Si en plus de ça vous décidez de remplir le PokéDex... Et bien vous allez vous amuser. Le PokéDex d'Alola contient plus de 300 Pokémon à capturer. Sans oublier les formes Alola, qui remettent au goût du jour certains Pokémon de la première génération. En plus de changer d'apparence, ceux-ci gagnent un nouveau type et donc de nouvelles attaques. Mention spéciale à Noadkoko et Triopikeur, débilement drôles. Par contre, pas de PokéDex National. Vous me direz, les descriptions PokéDex on les connaît, mais ça déstabilise. Si vous avez quand même besoin de leur fiche PokéDex, il va falloir passer par la Banque Pokémon et son encyclopédie. Choix pour le moins incompréhensible, mais pas de quoi fouetter un Miaouss. Et si vous voulez en fouetter un, et bien profitez de la Poké Récré, ou plutôt Poké Détente. Son fonctionnement est plus ou moins similaire, mais bien mieux intégré dans le jeu. On vous proposera fréquemment de vous occuper de vos Pokémon en fin de combat, afin de les soigner, ou tout simplement de les nourrir. Et si vous n'avez plus de nourriture, il vous suffit de faire un tour à Poké-Loisir, où les Pokémon restés au PC s'entraînent, ou font pousser plus de bouffe. Vive le capitalisme.
"Votre badge s'il vous plaît ?"
Ah bah oui, on parle de changement, mais le plus important, c'est que les arènes n'existent pas à Alola, tout comme la Ligue Pokémon. Tous les jeunes dresseurs font un Tour des îles, sorte de voyage initiatique durant lequel ils feront face à tous types de Pokémon durant différentes épreuves. Celles-ci se terminent par un affrontement avec un Pokémon plus puissant muni de stats un peu plus pétées. Ces épreuves sont plus ou moins originales, mais dans tous les cas ne font que rafraîchir la formule qu'on nous sert depuis 20 ans. Et une fois toutes les épreuves d'une île terminée, il vous restera un doyen à affronter, dresseur connu de tous qui mettra votre équipe à rude épreuve si vous n'êtes pas prêts. Ce voyage initiatique sera parsemée de rencontres avec la Team Skull, voyous de bas-étage qui semblent juste vouloir foutre le zbeul sans but réel, et avec la Fondation Æther, organisation spécialisée dans le soin de Pokémon maltraités. Une sorte de SPA 2.0. Au final, on se retrouve avec une histoire digne d'un jeu Pokémon, mais avec une mise en scène plus agréable que d'habitude, des personnages moins anecdotiques, et quelques passages qui vous amènent à vous demander si vous êtes encore en train de jouer à Pokémon. Les Méga-Chimères tant teasées sont elles aussi de la partie, même si leur existence prendra sens seulement une fois le post-game commencé. On prendra plaisir à combattre des personnages plus intéressants que d'habitude et à suivre une histoire qui commence en étant assez floue. Si vous voulez prendre une pause, vous pourrez vous promener sur la Place Festival.
Celle-ci sert de hub au multi-joueur et accueillera des dresseurs du monde entier, tout en se développant avec le temps. C'est plus ou moins l'évolution de la Galerie Concorde de Noir 2 et Blanc 2, et on ne va pas s'en plaindre ! Vous pourrez même coopérer pour participer à des quêtes en ligne, qui récompenseront tous les joueurs qui auront participé une fois l'objectif accompli ! Une fois l'aventure terminée, vous aurez également accès à l'arbre de combat, dirigé par Blue et Red. Pas question d'y aller les mains dans les poche, et vous l'aurez vite compris. Par contre, on peut toujours jouer en coop avec un pote pour ruiner cette bande de rigolos. On y trouvera même des adversaires connus, comme Timmy et Cynthia. Et oui, ils ont gardé leur thème d'origine. Vous aurez également l'occasion de découvrir un nouveau mode, la Bataille Royale, où 4 dresseurs s'affrontent en même temps. C'est un peu brouillon, mais ça promet d'être assez violent une fois maîtrisé. Et pour finir, certains PNJ vous donneront des quêtes annexes qui vous rempliront les poches d'argent, dont vous aurez besoin si vous voulez être constamment au top de la mode. Car oui, la personnalisation du dresseur fait son retour et est quand même plus variée que dans X et Y.
D'ailleurs, toujours en comparaison à X et Y, la bande son du jeu est plus grandiose que jamais. Go Ichinose, compositeur depuis Or et Argent n'était pas impliqué dans le chantier de X & Y et RO/SA. Il fait ici son grand retour et ça s'entend. La musique colle parfaitement à la région, et même si le thème de Pokémon sauvage n'est pas le meilleur à ce jour, le reste rattrape largement. Mention spéciale au thème du dernier combat du jeu qui en renversera plus d'un. Côté graphismes, on reste malheureusement sur une 3DS et le jeu en souffre terriblement. Techniquement à la ramasse, Soleil et Lune bave souvent, vous balance de l'aliasing de partout, et rame dès que plus de deux Pokémon sont sur le terrain. Alors même si on voit enfin le dresseur derrière son Pokémon, occupé à donner des ordres, c'est un peu dommage étant donné l'absence totale de 3D stéréoscopique en dehors du PokéScope, fonction ultra anecdotique qui a peu de chances de vous occuper plus d'une demie-heure. Pour faire simple, ça consiste à prendre des Pokémon en photo et à faire face aux commentaires des autres. Rigolo au début, mais on s'en lasse vite. Bref, le jeu n'est pas spécialement beau, et la console concernée n'aide pas vraiment. Cela-dit, la nouvelle interface est assez agréable, et les nouveaux joueurs apprécieront le fait que les faiblesses des Pokémon soient affichée sur l'écran après la première rencontre.
Bilan :
Certains s'attendaient peut être à trop. Mais pas d'inquiétude, le jeu est vraiment bon. On fait face à une des meilleures histoires qu'un jeu Pokémon ait eu à proposer, et également à une lettre d'amour aux fans de la première heure. Les références aux autres jeux pleuvent, on se surprend à parler avec tous les PNJ qui ont souvent quelque chose à dire... La 7G propose pas mal de bestioles géniales comme Mimiqui ou Sucreine, et le fait de courir après autre chose que des badges apporte un vent frais sur le jeu. Les améliorations apportées font mouche, et même si on regrette quelques fonctions comme le fait de pouvoir voler librement comme dans RO/SA, ou l'absence totale d'un Parc Safari, difficile de regretter d'avoir joué. On explore bien plus que dans les versions précédentes tant les routes sont vastes, et on a de quoi s'amuser pour encore un bon moment, surtout si le jeu profite d'un suivi régulier au niveau des quêtes en ligne. Les stratèges apprécieront le lot de nouveaux Pokémon, les autres jouiront d'une région bien pensée, agréable à parcourir, et plutôt jolie. Malgré ses défauts, on a le droit à un grand cru, et le pari du gros jeu pour les 20 ans est réussi, merci.
D'ailleurs vous savez quoi, j'y retourne. (Ah oui, le sous-titre c'était une blague au fait)
Les plus :
-La nouvelle génération
-La nouvelle région
-L'histoire, la mise en scène et l'écriture du jeu.
-Un minimum de difficulté
-Les références multiples aux autres jeux
-Des lieux à découvrir, des routes vastes
-Le jeu de la licence le plus agréable à l'œil à ce jour
-Des nouveaux modes de combat
-Les nouveautés qui donnent l'impression de jouer à une nouvelle licence
-La nouvelle interface
-Le multi, bien pensé encore une fois.
-Mimiqui
Les moins :
-Un peu beaucoup linéaire
-Motisma qui passe son temps à parler. FAITES-LE TAIRE.
-Les capacités Z assez peu utiles au final
-La 3DS qui limite le jeu techniquement et qui provoque des ralentissements, même sur New
-Plus de Dex National ni de Parc Safari
Comme d'habitude, ma critique est aussi dispo en joli avec des images