Pokémon Lune
7.1
Pokémon Lune

Jeu de Game Freak, The Pokémon Company et Nintendo (2016Nintendo 3DS)

Je sais que les critiques de jeux vidéo pour être considéré comme "valide" de nos jours se doivent de respecter un cahier des charges assez strict. Il est question de graphisme, de gameplay, de frame rate, de prix etc...


Cependant dans mon cas je n'ai pas envie de donner l'impression que cette critique cherche uniquement à cocher des cases. Pas que j'ai quoi que ce sois contre ce type d'approche qui peut s'avérer tout aussi instructive mais la raison est simplement que le jeu dont je m'apprête à faire l'éloge me parle à un niveau si profond qu'il me paraît impossible de l'appréhender par le prisme de la simple considération technique.


Mon histoire avec la saga Pokemon à commencer il y a plus de 15 ans de cela et si je vous épargnerai évidemment tous les détails sachez juste, pour une meilleure compréhension de cette critique, qu'elle a débuté avec une Game Boy color dans une main, une cartouche de la version Rubis dans une autre et une incompréhension totale de l'usage de la CS plonger qui ôta au gamin de 6 ans que j'étais tout espoir de voir un jour la fin de cette incroyable première aventure (RIP Rhinocorne level 100 dont j'avais perdu le contrôle par manque de badge).


Loin de rester dans mon imaginaire comme une source de frustration cette expérience marquera non seulement mon premier pas dans l'univers Pokemon mais également mon premier contact avec la culture du jeu vidéal cher à ce bon vieux Mac Lesggy.


Habitant à l'époque loin des grandes métropoles je fus totalement immunisé à l'effet "rouleau compresseur" de la franchise lorsqu'elle débarqua en France approchant alors Pokemon avec cette neutralité propre aux enfants en bas age ignorant complètement ce à quoi la saga était affiliée et encore moins à qui on la devait mais ignorant surtout l'énorme impact que cette dernière aller avoir sur mon imaginaire.


Alors qu'autours de moi on se mortifier de la politique française vis-à-vis des territoires d'outre-mer, dans mon coin, je m'appliquais à mâcher le bouton A de ma Game boy espérant ainsi augmenter mes chances de capture de ce fichu Abra qui visiblement refusait le combat loyal.


Ce n'est que bien des années plus tard, après la frénésie Yu-Gi-Ho, lors de mon retour en France que j'eus la possibilité de visiter ma seconde région Pokemon. Débarquées récemment sur la fameuse DS de Nintendo les versions Diamant et Perle restent encore à ce jour les jeux que j'ai recommencé le plus de fois. A cette époque toute les bonnes chaines d'information se devait de mettre en gardes les parents irresponsables face au danger de la "cyberdépendance" et des terribles "meuporg" qui faisait sans doute trembler la ménagère dévouée à france 2 au point qu'un nombre anormalement élevé de cas de Parkinson furent relevé dans la région du Poitou-Charentes. Bref...


En grandissant ma vision sur la franchise évolua également. Ayant plus de recul et de "bagage vidéoludique" je commençais alors à mieux lire entre les lignes. La profondeur du gameplay que je ne faisais que ressentir à l'époque s'imposa alors comme une évidence et je ne me lassai pas d'applaudir les différents niveaux de lecture que Game Freak parvenait à incorporer dans des œuvres qui avaient (trop) longtemps étaient considérées comme des jeux exclusivement réservé au bambin.


C'est une des raisons pour laquelle les versions noir et blanc sont probablement, encore aujourd'hui, mes préférés. "Probablement" car c'est le genre de question à laquelle je ne trouverai sans doute jamais une réponse définitive.


Raccourcissons donc notre historique en concluant qu'après cette seconde rencontre moi et la saga Pokemon ne nous somme jamais vraiment perdu de vue et que je m’apprête à commencer pour de bon la critique de l'oeuvre qui nous intéresse maintenant sous le regard bienveillant de ma peluche de Brindibou.


Pokemon Lune et Soleil ! Dire que j'ai attendu ces jeux serait non seulement un euphémisme mais en plus une insulte à mon moi d'il y a quatre mois. Extatique devant chacun des trailer je compris que j'avais atteint le point de non retour lorsque j'eus une forte envie de vanter les capacités aérodynamiques de mon short au premier venu.


(De transition tu n'auras pas)


Sun and Moon modernise tout ce que la saga a proposé jusqu’à maintenant en l'offrant sous son meilleur jour et y ajoute au même moment un flot de nouveauté qui la prépare pour relever ses challenges futures. Cela donne à ces nouvelles versions une étrange aura à la fois d'opus conclusif à travers l'aboutissement de ses mécaniques et la nostalgie des 20 ans et à la fois de nouveau départ à travers son scénario auto-référencé.


Pokemon nous offrant son plus beau visage celui d'une franchise mature qui a appris de ses erreurs, évolué (wink) avec ses joueurs et est plus prête que jamais à relever tous les défis (wink wink).


De la même façon qu'à l'époque de son passage sur DS puis sur 3DS la dernière transition graphique entamée avec X et Y a droit à son nouveau lot d'ajustement et d'amélioration. Les Pokemon n'ont jamais été aussi vivants Poké-récré, Poké-loisir et autre joyeuseté le terme de "partenaire" utilisé depuis la première génération atteint ici des sommets. En full-animation plus épuré qu'il ne l'était dans X et Y les monstres de poche ont également droit à de nouvelles capacités et de nouveaux talents qui viennent ajouter une couche de complexité supplémentaire à un gameplay qui reste très accessible et toujours maîtrisé à la perfection.


Ok le gameplay est nickel mais est-il porté par une région intéressante et un scénario passionnant ?


J'ai vu et entendu ici et là à la sortie de Soleil et Lune des fans de la saga qui avaient aimé, ou non, le jeu critiquer "le retour en arrière de Game Freak" vis-à-vis de la narration et de la mise en scène (surtout durant les premières heures de jeu). Soi-disant très classique voire même qualifier de retour aux sources beaucoup eurent apparemment l'impression que Game Freak négligé les ambitions scénaristiques apparues dans les dernières générations.


J'ai parlé plus tôt de maturité et si cette dernière peut échapper à certain du point de vue de "l'emballage" on la trouve indubitablement dans la conscience qu'a Pokemon de son héritage.


Vous connaissez Pokemon et Pokemon le sait.
Poussé, entre autres, par la célébration des 20 ans de la saga Soleil et Lune multiplient le fan service et les hommages à ses grand frères, étendant son univers mais toujours avec un incroyable respect de la cohérence de ce dernier :



  • Le retour de Red et Blue véritable symbole de la série. La vingtaine chacun (quelle coïncidence!) Red portant le fameux T-Shirt 96 comme si la référence ne pouvait pas être plus évidente/classe.


  • L'affrontement final contre le professeur Euphorbe qui renvoie aux rumeurs du combats contre le professeur Chen dans les premières versions.


  • L'événement du pont des 5 dresseurs au parc de Malié avec le faux recrutement de la Team Rocket comme à Azuria dans les versions Rouge et Bleu.


  • L'apparition d'un paquet de visage connu durant l'aventure piochant dans toutes les générations de Cathy ancienne meneuse de la tour de combat à Hoenn, Pierris (avec un nouveau design qui transpire la classe) membre du conseil quatre d'Unys qui débarque au calme, Nikolaï savant fou adoré de la 5g, le cousin de Chen pour la symbolique, Cynthia pour pouvoir faire jalouser les jaloux avec son physique de rêve à la plage et te botter le cul à l'arbre de combat, Beladonis toujours en imper sous le soleil des tropiques et bien d'autre encore.



Les thèmes musicaux, les clins d’œil dans les dialogues, la narration environnementale, les designs, bref Pokemon à un riche et passionnant héritage, il est grand et il le sait. Je trouve vraiment hallucinant
que cet univers qui lors de sa création apparaissait si étrange pour bien du monde ait évolué de façon si naturelle sans jamais travestir son identité et son essence qui font de lui ce qu'il est aujourd'hui et ce dont il peut vraiment être fier.


Les nouveaux Chara-design et Pokemon-design ont une classe insolente, de Gladio en passant par Euphorbe, Pierris, les Ultra-chimère, certains types de dresseurs (ma préférence va au top dresseur et au nageur), Dahn, la fondation Aether.... Cela va faire un bon moment maintenant que Ken Sugimori n'est plus seul à s'occuper de cette partie du projet et les nouveaux talents réunis par Game Freak font vraiment évoluer la saga dans la bonne direction.


Niveau musique les compositions sont particulièrement inspirées, la nouvelle région permet de nouvelle fantaisie du point de vue des sonorités et Junichi Masuda fidèle au poste et Minako Adachi s'en donne à cœur joie avec des morceaux tantôt relaxant, tantôt épique, tantôt triste, tantôt nostalgique à l'image de l'histoire qu'ils accompagnent. Certains d'entre eux sont d'ailleurs déjà bien partie pour devenir culte à l'image du génialissime thème de la région d'Alola ou du grandiose morceau accompagnant le combat au sommet qui tire juste comme il faut sur la corde nostalgique.


Allez hop mes deux morceaux préférés parce que de toute façon cette critique est déjà beaucoup trop longue pour être bien référencée alors autant se faire plaisir :


La fondation Aether un condensé de mystère et de danger dans un uniforme immaculé.


Le combat contre les Doyens juste épique, un bon gros sentiment d'accomplissement, cette impression de palier franchie soutenue par ce formidable morceau. Un côté très serious business sur le début mélangé avec le fun et la saine compétition qu'incarnent aussi les combats Pokemon.


Pour ce qui est de l'histoire en elle-même elle traduit une fois de plus la maturité de la saga, les différents niveaux de lecture sont bien là. La dimension épique toujours au rendez-vous côtoie sans honte aucune un coté bien plus sombre lors des moments les plus intenses. De plus Game Freak embrasse cette fois totalement le concept des multivers qui n'était jusque-là qu'une sous-intrigue persistant depuis les versions X et Y.


Les personnages sont pour la plupart excellents bien que certains mettent un peu de temps (et d'effort c'est vrai aussi) à être apprécié à leur juste valeur. L'aventure se pare par moment d'un petit côté buddy movie inattendue et très agréable avec des compagnons dresseurs, ou non, bien plus présents qu'à l'accoutumée. Évoluant au fil des péripéties et au contact du joueur ces derniers s'apprécient d'autant plus sur les dernières heures ou l'ont peut vraiment découvrir et comprendre pleinement leur évolution psychologique. Bravo surtout à Lilie qui avec sa nouvelle détermination va à tout les coups finirent maître d'une future région à explorer ( je te parie mon Archeduc shiny là-dessus !).


Grand intérêt également pour Gladio sa psychologie et ses Jojo Pose mais surtout sur Euphorbe dont la backstory, les capacités et les motivations font de lui bien plus qu'un simple professeur Pokemon à la cool mais bien un amoureux des combats qui transpire de charisme.
( Le type teste l'efficacité des attaques de ses Pokemon sur son propre corps ! Il y a besoin d'en dire plus ?!).


Pour finir j'aimerais parler aussi rapidement de la Team Skull et de la Fondations Aether.


Analysé les antagonistes dans Pokemon a toujours été un de mes passe-temps favori. Les motivations et l'idéologie de ces derniers sont d'ailleurs un bonne indicateur des changements de thématique et de ton d'une version à l'autre.


La Team Skull est justement assez fascinante de ce point de vue. Il y a une vraie dualité dans la façon dont ils nous sont présentés. Tantôt une bande de jeunes tarés un peu niais à l'humour absurde qui balance de la bonne punchline à tout va (merci la traduction vf). Tantôt un réel danger capable de vandaliser une ville et de faire dans le kidnapping. Guzma et Apocyne renforcent aussi beaucoup la profondeur de la Team par leur backstory respectives et l'évolution de leur mode de pensée. Apocyne meilleur admin depuis la 4g sans discussion possible allez boom ! Intelligente, consciente de son statut et de ses capacités (chose rare surtout pour un admin), prompt à rationaliser son monde, elle a plus d'une fois réussi à s'attirer ma sympathie. J’espère que l'on en apprendra plus sur son passé dans les versions à venir car on en sait malheureusement bien peu sur elle à l'inverse de Guzma.


La Fondation Aether par son simple nom a donné lieu à tellement de théorie farfelue avant même la sortie des jeux que je ne pouvais juste pas éluder leur cas dans cette critique. Je vous rassure je ne vais pas partir dans de grandes analyses à base d'alchimie et de cosmogonie il n'empêche que par sa simple existence cette organisation est bourrée de symbolisme. Certains sont assez évidents comme le Jardin d'Eden ou le complexe de Dieu qu'entretien Elsa-Mina mais d'autres sont plus libres à l’interprétation comme son rapport particulier au Ultra-Chimère ou la façon qu'a Aether de modifier la nature pour la sauver d'elle-même. En tout cas un paquet de chose très intéressante à méditer sur lesquels les fan les plus passionnés vous pondront une théorie journalière.


Pour ce qui est des membres de la fondation en eux-même on trouve des têtes assez différentes. Pour commencer les "sbires" ont un chara-design grandiose, un thème génial et une équipe diversifié symbolisant leur soutient d'une certaine pluralité entretenant d'autant plus leur caractère ambigus si on les compares à d'autre Team connues qui tournaient plus autour des types poison et ténèbres.


Elsa-Mina est évidemment la plus intéressante par son caractère et ses motivations mais Saubohne et Vicky ne sont pas en reste et incarne vraiment bien les différentes facettes de la fondation dont la noirceur trans-paré à travers leur chère patronne.


Sweet conclusion :


Ouf ce fut long mais je suis vraiment content d'avoir pris le temps d'écrire cette critique car j'ai réussi à y intégrer à peu près tout ce que je voulais dire sans trop avoir à faire de concession pour fluidifier la lecture (qui va de toute façon être indigeste pour un néophyte de la saga donc fuck it autant y aller à fond !).


Je vois vraiment cette critique comme un maigre mais très sincère remerciement pour tout ce que Pokemon représente à mes yeux mais aussi pour tout ce qu'il a accompli au cours de ses 20 belles années d'existence. C'est aussi en assistant à la plupart des événements mis en place pour célébrer ce fameux anniversaire que j'ai pu constater pour la première fois depuis longtemps l'énorme impact de la saga à l'échelle mondiale.


Que ce soit des centaines de personnes chantant à l'unisson le thème principal de l'anime à Chicago ou simplement ce coquin de Shigeki Morimoto au calme qui nous demande humblement de poursuivre l'aventure au côté de Game Freak il y a toujours ce petit quelque chose de magique que je ne saurais expliquer clairement avec des mots. Ce petit quelque chose qui est présent depuis les toutes premières versions et plus incroyables encore qui est resté intact jusqu'à nos jours.


J'avais prévu une conclusion incroyable à base d'envoler lyrique, d'effet de manche, confetti et gif animé d'un gout certain mais j'ai décidé de jeter tout ça à la poubelle tout d'abord parce que je ne suis pas un grand fan des tires larmes mais surtout parce qu'après avoir longuement réfléchi sur comment finir cette lettre de remerciement à la saga Pokemon je me suis rendu compte qu'au milieu de toutes ces analyses et ces anecdotes je ne leur avais alors même pas encore dit merci en bonne et du forme.


Voici donc ma conclusion/remerciement à Pokemon :


Merci Satoshi Tajiri d'avoir lié votre passion de la chasse aux insectes avec votre amour du jeu vidéo.


Merci Satoru Iwata d'avoir cru au projet de ce jeune entomologiste et d'avoir convaincu Nintendo d'en faire autant.


Merci Junichi Masuda d'avoir donné une identité musicale si incroyable et iconique à la saga.


Merci Ken Sugimori d'avoir assuré le développement et la cohérence visuelle de l'univers.


Merci Tsunekazu Ishihara pour l'énorme boulot abattu pour faire respecter l'univers de la saga à travers le monde via ses communications et ses produits dérivés.


Merci Shigeki Morimoto pour l'influence bénéfique que vous avez eue sur les derniers jeux Pokemon.


Et pour finir bien sur :



Merci Pokemon



Je pense que tu as d'ors et déjà compris pourquoi.


Bravo pour les vingts ans et j’espère que toi et moi seront encore dans le coin pour souffler ta trentième bougie sur ce...

Dr_Stein
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le 22 déc. 2016

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Dr_Stein

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