Realpolitiks est un jeu tout en contradictions.
Il se déroule dans un monde moderne et contemporain (le scénario initial s'étend de 2020 à 2100, sachant que d'autres vous invitent à gouverner dans un futur assez éloigné, notamment après un hiver nucléaire) mais donne à voir quelques archaïsmes dans sa présentation et ses mécaniques de jeu (la production des ressources et le manque d'explication vis-à-vis de certaines).
Il essaie d'offrir un aspect aussi sérieux que la concurrence de la gestion d'un État et des relations internationales (de nombreuses options pour interagir avec ses voisins et plusieurs facteurs à prendre en compte pour mener des relations apaisées ou mouvementées avec eux) mais possède un humour assez douteux (notamment dans les événements aléatoires ou les illustrations, qui peuvent avoir un style...très particulier).
Il vous met à la tête d'un État dont vous gérez personnellement une immense partie de la politique intérieure et extérieure (vous avez en effet l'impression de pouvoir plus ou moins toucher à tous les leviers) et pourtant vous n'avez pas souvent l'impression de réussir à contrôler les choses (souvent à cause des événements aléatoires qui s'acharnent parfois sur vous alors que vous tentez bon an mal an de garder la tête hors de l'eau depuis la dernière crise économique).
Il veut offrir du réalisme dans sa présentation des troubles et des idéologies qui parcourent notre époque (terrorisme, développement des démocraties illibérales, influence des ONG, etc.) mais prend du plomb dans l'aile avec ses systèmes tantôt trop simples (par exemple un simple curseur pour déterminer si vous êtes une démocratie, une autocratie ou un État totalitaire), tantôt sibyllins (j'avoue avoir toujours un peu de difficulté à comprendre l'intérêt de l'IDH dans le jeu).
On retiendra cependant que le jeu offre une excellente porte d'entrée aux jeux de grand strategy, avec en définitive assez peu de variables à gérer, mais aussi l'intérêt d'être le seul représentant de sa catégorie sur Switch, avec une maniabilité adaptée à la fois aux Joy-Cons et à l'écran tactile qui n'est pas si désagréable que cela une fois bien prise en main.
La présentation générale du titre est agréable, à savoir une mappemonde réaliste surmontée par le Système solaire qui me plait beaucoup ou encore les envolées martiales qui servent d'ambiance musicale souvent à propos, et j'ai apprécié certains aspects considérés, à ce que j'ai pu lire à droite à gauche, comme des défauts, notamment le système de guerre, un peu surprenant mais finalement agréable à jouer lorsque l'on comprend le principe et que l'on améliore ses technologies militaires.
Le jeu n'est pas si compliqué une fois que l'on saisit les mécanismes, et on se rend rapidement compte qu'il n'y a pas vraiment de bonnes façons de jouer : comme dans les jeux Paradox par exemple, il n'y a pas de conditions de victoire précise à part les objectifs que vous vous fixez. Cela peut-être conquérir le monde belliqueusement ou pacifiquement, avoir un taux de chômage de 0%, posséder la bourse la plus puissante du monde, réussir à ne pas vous faire manger par un voisin envahissant, prospérer après une crise économique...ou tout ceci à la fois !
On peut espérer qu'un prochain DLC ou une nouvelle itération du jeu apportera un peu plus de contenu pour débattre dans des assemblées internationales ou à pulvériser sous les roues des blindés, mais pour une première entrée sur la scène politique, il faut saluer la performance : nous avons eu le droit à un discours plein de promesse.