The G-Virus
Que j'aime le suspense, surtout écrit, cette montée progressive de la tension, cette curiosité lancinante qui, mêlée de doutes et d'interrogations, fait parfois s'arrêter le temps. Et bien ici il n'y...
Par
le 2 juil. 2011
13 j'aime
3
Curieux hasard d'avoir commencé à dépoussiérer cette critique inachevée, qui n'en est pas vraiment une, à la veille du jour où j'ai pu essayer la démo d'une demi-heure de son remake. Disons que cela me permet de retrouver un peu de motivation, et surtout de me remémorer certains des éléments qui ont fait de mon expérience sur Resident Evil 2 l'une des plus marquantes.
Par un été caniculaire, de nuit évidemment, j'ai découvert Resident Evil en l'attaquant sauvagement, illégalement et passionnément par son deuxième opus, terré dans la petite mais fraîche chambre d'amis, avec, c'est bien commode, des amis. Nous nous succédions à la manette pendant que certains somnolaient, avançant nos conseils avisés, essayant de minimiser le nombre de sauvegardes afin d'obtenir une légendaire récompense en fin de jeu (Hunk et Tofu). L'atmosphère oppressante de Racoon City contrastait avec celle de franche camaraderie qui régnait dans la pièce, théâtre modeste de nos exploits survivalistes. Les râles des zombies (que j'imite à la perfection depuis lors) tentaient vaguement de concurrencer nos éclats de rire tandis que nos pauvres héros évoluaient tant bien que mal dans ce chaos moite et pixelisé.
La Playstation, (pardonne-nous maître Sega) avait été apportée par l'un de ces amis avec sa ration de jeux sponsorisés par Tipiak et, armé de mon imprimante et de la version Tipiak (oui également) de Photoshop j'avais habilement créé de splendides jaquettes maison. (Et en plus, la médiathèque locale donnait des boîtiers CD, y compris des boîtiers doubles puisqu'ils n'avaient pas d'utilité là-bas, vous savez les employés glissaient les CD dans un étui plastique souple et fin qui prenait beaucoup moins de place.) Croyez-le ou non, cette Playstation n'est jamais repartie, je l'ai toujours non loin de l'endroit où je commence cette indigeste tartine.
Les jours s'écoulèrent, et,en fait on laissa un peu le jeu de côté car d'autres X-Men vs Street Fighter ou Street Fighter Zero 3 par exemple nous tendaient la main et, même si nous restions fidèles à Capcom, étaient autrement plus accessibles instantanément. Par ailleurs, pour notre école, (au sens école d'arts martiaux) le jeu de baston était le classique indétrônable (au point que le salut de Ryu et de Cyclops reste notre salut officiel avec son "X" vociféré lors de nos éparses retrouvailles).
Cependant, une fois la horde éparpillée, une fois seul avec la bestiole, je me lançai dans l'aventure en la reprenant depuis le début.
Il est très difficile de décrire le choc que ce fut. Même si j'avais assisté aux débuts du jeu, je n'avais réellement que très peu touché à la manette, et se retrouver aux commandes n'a rien à voir avec le fait d'être spectateur. Je ne dis pas cela à cause de la maniabilité lourdingue de notre ami Leon (et de notre amie Claire), simplement, quand ce sont vos munitions et vos points de vie que vous comptez, la donne change quelque peu. Donc, au début, j'avançais en terrain plus ou moins balisé, les première énigmes ne me donnèrent pas trop de fil à retordre, j'en avais vu la solution ou avais participé à leur résolution. Je remarquai aussi que le jeu des aller-retours était très présent, sans doute une façon d'allonger la durée de l'aventure, mais cela ne me gênait pas. A force d'arpenter les couloirs de ce maudit commissariat à l'architecture aussi improbable que son système de sécurité est tordu, j'en vins à les trouver familiers et à m'y sentir parfaitement à l'aise pour tuer zombies, lickers et araignées géantes. Car, loin du simple troupeau de morts-vivants classiques, Resident Evil 2 apportait son lot de mutations improbables et de créatures repoussantes plus grotesques que réellement effrayantes. J'y trouvais un côté fun et défouloir loin de ce frisson glacé que me ferait plus tard ressentir Silent Hill (mais une seule chose à la fois).
Passé le commissariat, ça se compliquait.
Car, surprise, tout le jeu ne s'y déroulait pas ! Soudain de nouveaux environnements et de nouvelles créatures se joignirent à l'horrifique aventure. Et c'est là qu'intervinrent deux précieux alliés.
Le premier était un peu honteux.
Il s'agissait d'un guide, issu sans doute d'un encart dans l'antique Playstation Magazine que mon petit frère avait acheté.
Le deuxième c'était mon frère !
Car, même s'il était sans doute un peu jeune pour l'expérience, il n'en fut pas moins le meilleur copilote imaginable lors de ces déambulations dans les tréfonds de Racoon City. Grâce à lui, plus besoin d'ouvrir la map 25 fois par minute pour me resituer, il me suffisait de lui demander plus ou moins gentiment : "Attends, c'était où déjà qu'on avait trouvé le fusible, réfléchis bien !" et le tour était joué. J'étais tellement habitué à ce qu'il se souvienne parfaitement que je manquais parfois de tact dans mes requêtes et j'imagine le goût ambigu que devait lui laisser notre collaboration. Souvent, il me rappelait judicieusement que j'avais oublié tel objet ou telle arme quelque part ou me dirigeait sans hésitation vers la salvatrice salle de sauvegarde. Parfois je lâchais un remerciement.
Mais il y eut un petit contretemps.
Resident Evil quand on a 18 ans ça ne fait pas très peur. Même à l'époque, le côté fun l'emportait. Par contre, quand on n'en a que 8 comme mon frère, c'est différent. Je ne me souviens pas exactement de la façon dont se sont produites les choses mais voilà à peu près de quoi il s'agit.
Même si devant moi et pendant les parties il ne dévoilait pas le moindre signe de peur, la nuit c'était autre chose. Il se réveillait, faisait des cauchemars et mes parents eurent tôt fait d'intervenir. Hors de question qu'il continue de me regarder jouer.
Nous étions tous les deux fort déçus.
Lui n'allait pas connaître la suite des aventures du jeune policier, et moi...ben ça me manquait de ne plus partager ce périple.
Heureusement (enfin je ne sais pas. Je culpabilise un peu quand même de l'avoir exposé à toute cette horreur polygonale. Mes parents m'avaient toujours laissé regarder des films d'horreur, même très jeune car je n'étais pas très impressionnable et que j'avais compris assez tôt que c'était "pour de faux" Mon petit frère, même s'il avait une fascination similaire et en a gardé un goût immodéré aujourd'hui, était sans doute un peu plus sensible au genre horrifique (il vous racontera les Ghoulies s'il en a envie un jour.).), heureusement donc, nous avions pu obtenir un compromis. Nous ne jouerions que la journée, en plein jour, jamais après le dîner (soit à 19h bien précises).
Comme l'aventure était longue et parfois un peu poussive, nous écoutions de la musique en même temps, Garbage, Version 2.0 ayant notre préférence.
Ainsi nous repartîmes comme jamais, intercalant au cours de cet été interminable explorations de laboratoires secrets et sorties à vélo le long du canal en chantant le "papapapaaaa" du morceau When I Grow Up à tue-tête. Nous rentrions déguster un Mr Freeze dans la relative fraîcheur de ma chambre, prêts à terminer le jeu.
Et nous le terminâmes.
Pas une fois.
Pas deux fois.
Pas trois fois.
Mais quatre fois ! Car on pouvait faire le jeu de quatre façons différentes selon qu'on débutait la partie avec Leon ou Claire et si on avait déjà achevé un run avec l'un ou l'autre de nos héros.
Bon, par contre, pas de Hunk ni de Tofu, je n'en ai pas eu le courage ni la volonté.
Mais quel souvenir !
Plus tard mon frère acquit même la petite figurine de Sherry et William Birkin qui doit prendre un peu la poussière quelque part, il la trimbalait fièrement un peu partout, comme un trophée. Mes petites figurines en papier à l'effigie des personnages de Alone In the Dark 3 que je lui avais confectionnées faisaient pâle figure à côté (un comble pour des zombies). Plus tard, nous nous attaquâmes aux Silent Hill(s) aussi, mais là, c'est une autre histoire et j'ai dit qu'on parlerait d'une chose à la fois.
A ce jour c'est cette expérience qui a rendu le genre survival horror bien particulier à mes yeux, un genre que je place très haut parmi tous mes genres préférés. Alors que la notion de survie et d'isolement sont au coeur de ce que nous sommes censés ressentir lors qu'on se lance dans un tel jeu, je ne peux m'empêcher de considérer que la pratique du survival à deux est celle qui a le plus de saveur, peut-être même la vraie façon de parcourir un manoir, un commissariat ou n'importe quel laboratoire un peu trop top secret.
Cet utilisateur l'a également ajouté à ses listes Les meilleurs jeux de la PlayStation 1 (PS1), Mes claques esthétiques, en jeu vidéo., 30 Nights Video Games Challenge et Je pique la liste de Hairy_Cornflake de Top "je ne sais combien de mes jeux vidéo préférés" et j'ai même pas honte, sauf que c'est pas un top donc ça va.
Créée
le 22 janv. 2019
Critique lue 803 fois
10 j'aime
11 commentaires
D'autres avis sur Resident Evil 2
Que j'aime le suspense, surtout écrit, cette montée progressive de la tension, cette curiosité lancinante qui, mêlée de doutes et d'interrogations, fait parfois s'arrêter le temps. Et bien ici il n'y...
Par
le 2 juil. 2011
13 j'aime
3
Curieux hasard d'avoir commencé à dépoussiérer cette critique inachevée, qui n'en est pas vraiment une, à la veille du jour où j'ai pu essayer la démo d'une demi-heure de son remake. Disons que cela...
Par
le 22 janv. 2019
10 j'aime
11
Je vais commencer par reconnaître une chose importante pour la lecture de ce qui va suivre : je n’apprécie pas Resident Evil 1. Je l’ai fait plusieurs fois dans différentes versions pour lui donner...
Par
le 6 avr. 2018
7 j'aime
5
Du même critique
Station to Station est né de l'inspiration d'un David Bowie exsangue, squelettique, se nourrissant exclusivement de poivrons, de lait et de cocaïne. Il marque une étape décisive dans la construction...
Par
le 21 févr. 2013
60 j'aime
10
Et voilà, ça commence, les idoles tombent. C'est moche, c'est inévitable, c'est statistique. 71 ans, avec de tels antécédents c'est même pas si mal. Ca fait un moment que je me tâtais à écrire une...
Par
le 30 juin 2022
55 j'aime
21
Un jour, j'aurai vu tous les films de vampires. Ah "Le Bal des Vampires" ! Ca me ramène à une joyeuse époque, celle où débuta mon amour immodéré des vampires, celle où, usant les genoux de mon jean...
Par
le 6 janv. 2014
49 j'aime
48