Resident Evil premier du nom, dans sa version originale sur PSOne, avait été dans ma vie de joueur une étape significative. L'ambiance très sombre, les choix de gameplay et de level design, qui paraissent aujourd'hui bien dépassés, avaient permis la naissance d'un jeu marquant, plutôt intelligent - encore une fois pour l'époque - dans son fonctionnement, et particulièrement immersif. Certes les cinématiques avec (faux) acteurs et la maniabilité étaient très perfectibles, mais on avait tous pour mission de sortir notre équipe de ce maudit manoir qui reste encore de nos jours dans les mémoires.
Au fil de la première trilogie (et des épisodes annexes), la série a commencé de mon point de vue à tourner un peu en rond. Certes, le background et les personnages étaient toujours présents et motivaient pour s'y remettre, mais le gameplay et surtout à la manibilité du titre, déjà un peu à la ramasse avec le premier Resident Evil, tiraient un peu la saga vers le fond au fur et à mesure que les années 2000 s'égrenaient.
Resident Evil 4, annoncé en premier lieu sur GameCube - la console sur laquelle j'ai pu y jouer - était annoncé comme un renouveau de la série. Et sur ce point on ne nous avait pas menti !
Alors certes, il y a un peu une arnaque planquée dans RE4. Et c'est tout simplement que ce n'est pas vraiment un Resident Evil. Mais de ce point de vue, cet épisode n° 4 réussissait à maintenir l'illusion que l'on jouait à une version New Generation de Resident Evil. Avec les personnages, tout d'abord, mais également avec quelques codes issus des premiers épisodes et habilement retranscrits dans ce titre. Mais finalement, au fond, tout le reste a changé. A commencé par le scénario, plutôt sympathique à suivre au départ, mais qui s'avère assez pauvre au fur et à mesure qu'on s'engouffre dans l'aventure, avec - attention au seul spoiler de ce texte - cette pseudo histoire de parasite qui intéresse au plus haut point nos amis d'Umbrella ... Mais aussi avec le gameplay qui s'avère d'une totale nouveauté, par rapport aux épisodes historiques. Car si les premiers Resident Evil pouvaient être raisonnablement considérés comme des jeux d'aventure typés survival-horror, RE4 apparaît clairement comme un TPS avant l'heure de gloire des Uncharted.
Mais un TPS d'une redoutable intelligence et dont la première qualité était d'être en avance sur son temps. Car beaucoup d'éléments y étaient parfaitement bien calibrés. La maniabilité - à l'inverse des épisodes précédents - était d'une efficacité notable. Les mouvements et les déplacements étaient plutôt fluides, le fait de vivre l'aventure à la troisième personne changeait toutes les perspectives, et surtout il y avait une vraie impression de dynamisme qui transpirait de l'aventure. On vivait les évènements à l'écran, avec intensité, avec du punch et avec - ouf !... - des commandes réactives.
Et puis RE4 était quand même un titre particulièrement beau pour son temps, avec des graphismes plutôt fins. Et ce volet graphique servait à merveille une ambiance des plus réussies. Surtout au début. Tout y était. Les habitants complètement psychotiques qui se mettaient à nous courir après sans qu'on sache trop pourquoi, l'impression de traverser véritablement des territoires de merde. Et qui a pu oublier ce mec à la tronçonneuse - un peu pompé sur le film que tout le monde connaît - qui nous tombait dessus dans les premières heures du jeu.
La grande force de RE4, c'était d'être une aventure parfois oppressante par son ambiance, mais définitivement agréable par son gameplay. C'était parfois inquiétant, mais la manette GC nous répondait au doigt et à l'oeil. On passait une sale journée, mais on sentait qu'on avait du répondant pour y faire face. Et finalement, ce plaisir de jouer - l'essence même du jeu vidéo - permettait de passer outre tous les petits défauts de ce jeu, à commencer - comme dit plus haut - par son scénario un peu faiblard, sa durée de vie finalement un peu courte, et ses situations parfois un peu tirées par les cheveux.
RE4 est donc un changement de cap assez radical de la série du point de vue des mécaniques de jeu, mais au service d'un titre plaisant à jouer, apportant un vrai souffle d'air frais à une série qui commençait à caler, au risque de frustrer ceux qui étaient si attaché aux mécaniques et à l'histoire des premiers épisodes. En ce qui me concerne, RE4 fut un vrai kiff de l'époque GC et un jeu auquel j'ai eu profondément plaisir à jouer.
Et ça, ça vaut bien un bon 9 !