Resident Evil 5 par ngc111
La succession est quelque chose de difficile à assumer, cela commence à se savoir. Entre démarcation, copiage, assimilation voir appropriation de codes, les différentes voies proposées aux fils (héréditaires ou spirituels) pour marcher ou non sur les traces de leurs prédécesseurs sont nombreuses et ont toutes de solides arguments à faire valoir.
Resident Evil 5 arrive après un quatrième opus magistral, qui tenait plus de la renaissance que du simple coup de fouet. Le jeu de Shinji Mikami a posé de nouvelles bases, plus proches du TPS que du survival, et sans le savoir a défini certains codes de la nouvelle génération de jeux vidéos.
Au fond RE 4 était en avance sur son temps et tenait presque du premier jeu "next gen" alors qu'il sortait sur des consoles à l'âge bien avancé.
Mais revenons-en à RE 5 ! La pression était forte sur ses épaules au vu de la qualité de son prédécesseur mais il bénéficie du changement de plate forme pour faire parler la poudre et prendre son envol.
Force est de constater que le jeu de Capcom est très beau... techniquement. Les textures s'en sortent bien, les décors sont fouillés et les personnages sont même carrément impressionnants.
Mais la traversée laisse comme un goût banal, un sentiment d'indifférence. Village, temple, bateaux, laboratoires... tout cela se succède mais le joueur ne s'émerveille jamais devant les décors. On pourrait presque appliquer l'expression "manque de charisme" que l'on utilise pour qualifier des personnages.
C'est d'autant plus dommage que le scénario, bien que dérivant de plus en plus vers le film d'action classique, revenait au cœur de la série après un quatrième opus ayant quelque peu fait l'impasse sur le sujet (le seul point négatif de ce jeu ?).
Reste la jouabilité pour relever le tout ? Le constat ne sera pas aussi sévère ! Il est dommageable de voir que l'inventaire reste pénible à gérer et que le fait d'être deux ne facilite pas vraiment les choses bizarrement. Les phases de de fusillades restent elles totalement jouissives... mais sont plombées par un abus d'interactions "corps à corps" qui systématise le schéma 'je tire dans le genou puis je viens mettre un coup de latte ou égorger ma victime". Là encore c'est moins réussi que le 4 car moins équilibré au final.
Et la liste des comparaisons peu flatteuses ne s'arrêtent pas là !
Capcom a cruellement manqué d'idée donc en reprenant le même gameplay que pour précédent mais a aussi manqué d'inspiration.
Pour les décors on l'a vu, mais aussi pour les situations honteusement pompées sur l'aventure de Léon :
- La scène du début où il faut tenir le coup jusqu'à ce que les cloches sonn... euh l'hélicoptère arrive.
- Le camion qui nous fonce dessus.
- Le boss à attirer dans un endroit précis pour le tuer.
Les boss justement sont une des grandes faiblesses de cet opus. Inintéressants, longs à buter mais pas vraiment difficiles... c'est à tel point qu'ils ne marquent même plus un sommet du jeu comme d'habitude. Pire ils ne ressemblent à rien si ce n'est à des agglutinations de vers noirs et grouillants.
Que reste-il alors pour sauver RE 5 de la mauvaise note ? Sans doute les bases, certes mal retranscrites, du quatrième en terme de gameplay et l'intérêt de l'histoire pour les fans de RE (bien complétée par les divers documents).
mais c'est principalement son mode coopération qui lui confère une appréciation positive et qui procure une certaine jouissance au joueur. C'est un petit rêve qui se réalise et l'on ne va pas s'en plaindre. On se soigne mutuellement, on partage scrupuleusement les munitions et l'on intervient pour sortir son collègue d'un mauvais pas... cela fonctionne parfaitement et suffit à sauver le jeu du marasme dans lequel la fainéantise de ses développeurs l'avaient plongé.
Sans génie, avec une application encore imparfaite, RE 5 a tout du fils n'arrivant pas à assumer la stature de son paternel, cherchant à faire plus ou moins comme lui, mais sans passion et avec moins de talent.
Il s'en sort finalement pas la force du nombre... soit deux joueurs au lieu d'un !