Mon psychanalyste étant parti en cure de désintoxication pour un mois, ma propre thérapie cathartique en prend un coup dans le gésier. "Il faudra écrire !" m'a-t-il exhorté lors de notre dernière séance. C'est donc pour ne pas retomber dans d'incontrôlables terreurs nocturnes hystériques que je crache le morceau.
Sur vous. Vous m'en excuserez.
Parlons donc de Resident Evil, cause d'interminables insomnies enfantines.
En 1996, lorsque sortit cette galette maudite, les jeux vidéo n'étaient que couleurs chatoyantes, animaux bucoliques et vils sacripants à tacler à coups de miches généreusement polygonées. Insouciance, joyeuseté et rigolade ! Sauf que -élément perturbateur- un grand frère indélicat vint briser ce charmant équilibre acidulé. Sans la moindre crainte, le petit niais d'alors l'accompagnait dans sa découverte de l'horreur. Dans le noir, bien sûr. Connerie irréversible.
Adieu Sonic et ses musiques guillerettes. Boujoux Donkey Kong et ses copains animaux trop mignons. Bye bye Tekken et ses combats de poufs drôlissimes. Bonjour cannibalisme dégoulinant, gémissements zombiesques résonants et monstruosités bondissantes. Quelques minutes devant un écran pour des années de cauchemars. Un traumatisme absolu. Enculé de jeu !
Et voilà qu'en 2002, ces raclures de chez Capcom décidèrent d'offrir un lifting à ma Némésis alors que le choc n'était toujours pas digéré. Et le grand frère d'acheter en toute hâte une Gamecube, histoire de remuer le couteau dans une plaie depuis bien longtemps en putréfaction . Enfoiré de frère !
Sauf que, encouragé par quelques poils à la raie et une ridicule fierté d'ado, il était temps de faire face. Retour en Enfer donc. Et quel retour !
Quand la direction artistique atteint un tel sommet dans le grandiose effroyable, quand la bande son terrifiante s'accorde sur une musique insupportablement sinistre et quand le gameplay se fait pute pour maximiser une pression déjà à son paroxysme ; chaque pas est un effort, chaque porte à franchir est une épreuve pour les nerfs. Rien que de mettre le jeu dans la console procure aujourd'hui encore une appréhension, un malaise et un lancinant mal de ventre... Unique.
La grandeur de Resident Evil réside dans la puissance absolue de ses images, dans l'intelligence de sa construction et dans ses mécaniques implacables. Plus encore dans un remake qui tape toujours juste et apporte ce qu'il faut d'innovations pour tenir par les noisettes même le plus aguerri arpenteur de l'ancêtre.
Un éclair qui illumine une silhouette au bout d'un couloir. Un cadavre qui se relève plus en forme que jamais. Une ombre frappant contre un carreau. Un héros enfoncé solidement sur son balais... Absolument terrifiant.
Resident Evil, tu m'as pourri mes nuits.
Je déteste jouer avec toi.
Je te hais.
...
Mais putain qu'est ce que je t'aime !
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Le Remaster n'est qu'un portage lissant les modèles 3D (rendant le tout moins homogène) dont le principal mérite est de démocratiser un jeu maintenant difficilement accessible.
C'est l'occasion de se refaire du mal...