Comme son nom semble l'indiquer RE: Revelations a des choses à nous révéler et c'est pourquoi les évènements de cet épisode presque-canonique se situe entre deux jeux clés de la saga, c'est à dire entre Resident Evil 4 et Resident Evil 5. Pour remettre les choses dans leur contexte rappelons qu'à la fin de RE 4 Albert Wekser met la main sur un nouveau virus afin de remettre Umbrella sur pieds, ce qu'il fait dans RE 5 avant de se faire démonter la tronche par Chris Redfield. Avons-nous là besoin d'une quelconque explication sur la trame officielle de la saga ? Non, les détails sont sans importance surtout que le film Resident Evil Degeneration essayait déjà, en vain, d'apporter une fausse consistance à des éléments dont tout le monde se branle.
Et donc Resident Evil: Revelations arrive à ne rien révéler du tout au cours de ses 12 chapitres. Le jeu nous raconte un événement sans rapport immédiat, dont on se fout royalement. Dans une bêtise de chaque instant le scénario du jeu empile les organisations paramilitaires aux sigles nuls sur fond de géopolitique version PMU. Les traîtres ont des têtes de traîtres, les side-kick comiques sont insupportables et le character design est passablement affreux. Dans cette parenthèse désenchantée on retrouve Chris Redfield et Jill Valentine histoire de nous faire croire que toute cette histoire de bateau perdu, de cité engloutie et d'arme orbital a un quelconque intérêt pour le fan de Resident Evil. L'arnaque du faux chaînon manquant digérée, RE: Revelations n'arrive jamais à proposer une intrigue un minimum intéressante ou logique. La saga volait déjà assez bas sous le radar de l'intelligence depuis un moment mais avec cet épisode on s'approche dangereusement du crash tant l'écriture est honteuse, même pour un jeu Capcom. Le génial Resident Evil 4 proposait aussi un histoire débile, racontée n'importe comment avec un univers à la cohérence inexistante mais il tenait debout grâce à une proposition de Game Design en béton armée et malheureusement ce n'est pas le cas d'un RE: Revelations qui se perd en essayant de ménager la chèvre et le chou. En effet, l'idée est de concilier les différents Gameplay de la licence et pour y arriver, RE: Revelations alterne ses héros et ses séquences en le justifiant avec un découpage façon série télé plus agaçant qu'autre chose.
On a donc le droit à des phases de TPS pur qui ont dépassé le stade du générique pour tomber dans le domaine du périmé. Passons outre les ambiances grise avec des militaires en treillis gris pour se concentrer sur des sensations de tirs affreusement molles et un level-design exclusivement en couloirs d'un mètre de large oubliant totalement les constructions alambiqués d'un Resident Evil 4 qui favorisaient la mobilité via des échappatoires pensées autant en verticalité qu'en horizontalité. Ici on se retrouve avec du kitting à 2km/h sur rail avec des ennemis qui ne semblent pas encaisser les balles qu'ils reçoivent. Redondantes et pénibles, ces phases sont une véritable torture. Comme elles sont au coeur du mode Commando, par ailleurs plutôt généreux et bien fichu, elles en limitent grandement l'intérêt.
Mais en parallèle le titre cherche aussi à renouer avec l'angoisse originelle de Resident Evil en prenant comme décor un bateau à la dérive où les ambiances oppressantes se multiplient. Proposant un rythme plus posé, ces séquences arrivent parfois à produire un effet intéressant: on explore, on découvre. C'est terriblement moche mais comme ça vient de la 3DS on veut bien pardonner, pour le support d'origine c'est assez impressionnant. Mais la portée de l'entreprise reste limitée, d'une part à cause d'un bestiaire complètement raté fait de calamars géants et de blobfishs complètement risibles. D'autre part à cause de la nouvelle mécanique introduite dans cet épisode: le scan d'environnement. Jill et ses petits camarades ont à leur disposition un appareil pour scanner les traces d'agents biologiques dangereux comme dans CSI. Le problème c'est que le jeu vous oblige implicitement à scanner les environnements tous les deux mètres pour trouver des munitions, des herbes, des objets clés. Pour casser l'ambiance et le rythme, on n'a pas trouvé mieux que de passer son temps à regarder à travers le viseur vert de cet appareil de malheur.
De plus, l'écriture calamiteuse du jeu n'aide pas car elle n'arrive jamais à offrir de passages mémorables ou simplement surprenants. Si les premiers instants laissent entrevoir un puissant potentiel cauchemardesque la peur, tout comme la tension, ne prend jamais et le retour aux sources promis/espéré/guetté ne fonctionne jamais vraiment, tout au plus quelques bribes par ci par là.
Porté par un scénario trop débile pour être apprécié même au troisième degré, Resident Evil: Revelations est un épisode à côté de la plaque, avec de bonnes intentions mais souffrant d'une exécution bancale. Le fait est que ce volet ne s'adresse vraiment à personne tant il essaye de parler à tout le monde.