Resident Evil: Survivor
3.9
Resident Evil: Survivor

Jeu de Capcom et Eidos Interactive (2000PlayStation)

« My only hope is this gun » C’est si mauvais que ça ?

Si la formule assez particulière de la saga Resident Evil (angles de caméra pré-déterminé, tanks controls, machines à écrire comme points de sauvegardes...) persiste à travers les 5 premiers jeux principaux de la licence, il y avait déjà quelques spin-off qui ont essayé autre chose, Resident Evil Survivor le premier d’entre eux en étant carrément un FPS. Sorti quelques mois après Resident Evil 3, tout juste un mois avant Code Veronica, sa sortie a été quasiment confidentielle et encore aujourd’hui le jeu n’est que très peu connu et en plus mal aimé avec des notes qui le rangeraient quasiment du côté des pires jeux de la PS1. Est-ce vraiment le cas ? Je vous propose de le découvrir en écoutant le thème Godforsaken Place.



RÉALISATION / ESTHÉTISME : 5 / 10



On ne va pas se le cacher, le jeu n’est pas à la hauteur techniquement de ce que l’on peut attendre d’un jeu Resident Evil sorti en l’an 2000, on sent que le budget n’était pas bien élevé. L’essentiel est repris des autres jeux en espérant que le fan-service fasse l’affaire, le pire c’est que ça marche pas trop mal. Les environnements urbains avec un restaurant, une église, une bibliothèque... sont beaucoup d’environnements qui font écho à ceux que l’on peut croiser ici où là dans les RE classiques. Leurs skins sont largement réutilisés pour le bestiaire des mobs comme des boss à l’exception du boss final qui est quasiment le seul inédit et réussi.


Les bruitages caractéristiques de la licence sont dans la même veine, le recyclage qui se fait passer pour du fan-service, malgré quelques absents comme l’espèce de râle des Lickers qui se contentent de pousser un cri de douleur à l’impact des balles, un peu dommage. À côté de ça, pas mal de qualités techniques des précédents RE sont passées à la trappe. Les cinématiques toutes en temps réel sont assez moches, on peut toujours se consoler en se disant que les transitions avec les phases de jeu ont le mérite de se faire de façon fluide avec simplement les barres noires qui disparaissent.


Il n’y a pas de démembrement alors que c’était l’occasion rêvée puisqu’on peut enfin viser précisément une partie du corps des ennemis, même la tête ne peut exploser comme dans le tout premier Resident Evil, c’est assez décevant. De la même façon, les escaliers donnent à nouveau lieu à un temps de chargement alors que Resident Evil 3 y avait mis un terme. C’est bien de reprendre les éléments visuels et sonores de la saga pour donner dans le fan-service facile mais ça aurait été encore mieux de ne pas oublier ses forces techniques qui font ici défaut, c’était peut-être ça le plus important.


Pour l’ambiance horrifique, parce que le jeu s’appelle Resident Evil mine de rien, les quelques jump scares sont efficaces mais là encore repris fidèlement d’ailleurs. Les vitres sont par exemple souvent l’occasion d’une attaque surprise avec un effet sonore simpliste qui consiste à passer du silence quasi-total au gros bruit et à la musique agressive, bien sûr que ça marche mais c’est tout de même assez léger. En dehors de la chapelle, dont vous avez le thème musical proposé au début de la critique, il y a assez peu de moments où l’ambiance se démarque particulièrement.


Au moins, l’OST composée n’est pas qu’un ensemble de remix de thèmes existants de la saga, elle est même assez complète et tout à fait correcte. Le compositeur, Shiro Kohmoto, n’a jamais travaillé sur d’autres jeux que celui-ci mais c’est un travail que je trouve honnête, compte-tenu de la qualité, et surtout de la réputation, du titre. Bien que réalisation et esthétisme ne soient pas fameux, surtout à cause d’un recyclage exagéré et de lacunes techniques peu excusables vu la date de sortie, c’est pas là que le jeu est le plus problématique selon moi.



GAMEPLAY / CONTENU : 4 / 10



Nous sommes bien en présence d’un FPS avec la possibilité de se déplacer librement dans l’environnement tout en 3D et de tirer où l’on veut sur l’écran. La visée est d’ailleurs compatible avec l’accessoire GunCon 45 de Namco, mais je ne l’ai pas essayé donc je n’en parlerai pas plus. Le maniement est de base très rigide en forçant là encore le joueur à s’arrêter pour viser et tirer, seul le rechargement de l’arme peut se faire en mouvement bien qu’il n’y ait pas de raccourcis à la manette pour recharger en temps réel quand il reste encore des balles dans le chargeur.


Cette lourdeur ne pose pas de problème face aux zombis classiques ou même face à un Tyran mais dès que le bestiaire se veut plus énergique (chiens, hunters...) on se retrouve souvent à tirer à côté ou à avoir une caméra qui devient un peu folle quand ce n’est pas les deux. Il n’y a pas de strafe pour exploiter un peu le level-design, pas d’esquive face à des attaques dont on voit mal comment nos déplacements peuvent nous en protéger, pas d’attaque au corps-à-corps pour se dégager quand le masque de collision d’un ennemi collé à nous empêche tout mouvement...


Le jeu manque cruellement de technicité et devient au final assez brouillon et basique : j’avance, je tire, il crève, j’avance, je tire, il crève... ça se résume beaucoup trop souvent à ça. La réapparition de certains ennemis à l’infini lors du backtracking est plus frustrant qu’utile. Heureusement, c’est assez rare de revenir dans une zone déjà visitée puisque les objets-clefs ne servent pas à grand chose tellement ils sont évidents sur la route juste avant de servir pour la seule et unique fois, on sent qui les ont mis pour le clin d’œil mais qu’ils n’avaient pas l’intention d’en faire quoique ce soit d’intéressant.


Il n’y a pas de système de sauvegarde sauf à la toute fin du jeu pour une sorte de New Game + mais il faut bien avoir en tête que le jeu n’est pas bien long, 1h45 à mon premier run pour être honnête. Il est à noter tout de même pour compenser ce constat assez alarmant qu’il y a plusieurs embranchements réellement différents les uns des autres pour motiver la rejouabilité. Même s’il n’y a pas vraiment de justification scénaristique au fait de ne pas pouvoir revenir en arrière quand on a choisi d’ouvrir une porte plutôt qu’une autre mais passons.


Il faut refaire le jeu peut-être 3 fois pour collecter à peu près tous les documents, toutes les armes, voir tous les dialogues... Ça limite un peu le soucis de la durée de vie mais même comme ça, même en prenant en compte que ce genre de jeu comme la licence ne rime pas souvent avec une grande durée de vie, c’est pas bien généreux en contenu il faut bien le dire. Si le gameplay était de qualité ça passerait mais en l’occurrence c’est simplement jouable et avec quelques rares bonnes idées, pas terrible du tout.



SCENARIO / NARRATION : 6 / 10



Enfin, on retrouve un habitué de la série dans l’équipe de développement du jeu avec Noboru Sugimura, scénariste de Resident Evil 2, qui livre ici un scénario pas si mal que ça. Bon on commence comme parti pris avec le cliché du protagoniste amnésique, plein de jeux l’utilisent très bien donc j’ai envie de dire pourquoi pas ? Et effectivement, c’est pas trop mal utilisé pour amener un twist que je n’ai pas vu venir tellement je m’attendais à quelque-chose de bâclé, toujours vu la réputation du titre qui m’a laissé pensé qu’il n’y avait rien à espérer.


Du scénariste on retrouve aussi la violence qu’il avait insufflé davantage à la licence avec le deuxième épisode. Le scénario parle d’événements très cruels, sans les montrer, et ça participe à l’ambiance cauchemardesque qu’on peut attendre d’un jeu de la sorte, sur ce point le contrat est pleinement rempli à mes yeux. C’est peut-être le point le plus réussi par ailleurs, c’est peut-être pas le plus essentiel quand on parle d’un jeu mais là on parle d’une licence de survival-horror, et là le jeu est respectueux de son matériau d’origine à mon sens.


Les documents écrits se scindent en deux parties, ceux qui résument les événements des précédents jeux, éventuellement d’un autre point de vue, et ceux qui développent l’intrigue propre à ce jeu, un choix que je trouve très pertinent d’autant qu’il y en a pas mal de bonne qualité. Un employé qui décrit sa souffrance de devoir effectuer des opérations sur des cobayes vivants sans anesthésie, qui en conclut qu’il ira droit en enfer après sa mort pour ça mais que de toute façon l’enfer il connaît puisqu’il s’y trouve en ce moment, moi je trouve que c’est bien écrit.


Bon après c’est loin d’être parfait évidemment, beaucoup de personnages secondaires sont sans le moindre intérêt, devoir refaire le jeu plusieurs fois pour tout comprendre est assez pénible, il y a quelques maladresses idiotes... Par exemple, il y a des dialogues qui explicitent inutilement des propos qui pouvaient très bien se comprendre par la force des choses, comme les soldats qui débarquent à la manière de Half-Life. Pourquoi leur faire dire leur mission oralement lors de leur apparition en cinématique au lieu de les montrer tuer des civils qui se précipitent vers eux pour nous faire comprendre en jeu leurs motivations ?


Il y a aussi quelques incohérences par rapport à des Resident Evil à venir, comme le 0 qui attribue la création du Virus-T à un autre personnage que celui donné dans un des documents en début de jeu. Donc, le scénario repose sur une histoire principale violente et surprenante avec trop de défauts pour être une vraie réussite dans son ensemble mais c’est ce qu’il y a de moins foiré dans ce jeu. C’est un petit peu triste parce que c’est pas forcément là qu’on attendait le jeu mais c’est tout de même à noter.



CONCLUSION : 5 / 10



Resident Evil Survivor n’est pas un bon jeu, ça n’aura échapper à personne, sa réalisation inférieure aux normes de son époque, son esthétisme quasi copié-collé de la trilogie de la PS1, son gameplay simpliste et bourrin, son contenu vraiment pas très généreux, son scénario seulement pas trop mal... en font un jeu que je qualifierai de très moyen. Ce n’est pas la purge absolue à laquelle je m’attendais, c’est tout à fait jouable, assez violent, parfois surprenant mais le premier spin-off de Resident Evil et son premier éloignement de sa formule originale ne sont clairement pas concluants.

damon8671
5
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le 20 avr. 2018

Critique lue 392 fois

damon8671

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