Certains ont été élevé à Pac-Man, d'autres à Alex Kidd, d'autres encore à Mario, à Sonic, à Link, à Spyro, à Crash Bandicoot, à Abe, à Viewtiful Joe, à Super Meat Boy ou que sais-je encore, j'ai été élevé à Rick Dangerous.
1989, 14 ans, bizarre, il me semblait avoir commencé plus jeune. Je sais qu'avant, j'ai tâté de mon premier jeu vidéo sur la OTRON Video Game Gamatic 7600 que mon père avait acheté par curiosité (un Pong de 1977 !), puis sur un Atari 2600, ma première console (Vanguard forever), puis est arrivé fin 80 le magnifique Atari 520Stf (le moins cher) dégotté d'occasion, premier ordinateur, accompagné de son lot de 50 disquettes piratées, parmi lesquelles Indiana Jones, Exterminator, Nebulus, Maupiti Island et pleins d'autres hits.
Bam, je me mangeais des claques tous les jours en double-cliquant sur l'icône de lancement des jeux. Avec des intros toutes psychédéliques et de la musique électronique de fou pour commencer, des démos de pirates en fait, dont je regardais bientôt les animations en me prosternant vu qu'ils étaient responsables, d'une de la copie du jeu, de deux des musiques détonantes des démos d'intro, et de trois du mode "press T for training", terme déontologique pour désigner le crack du jeu et le cheating, soit les vies infinies, munitions infinies, etc.
Grâce leur soit rendue car un jour de 89 avant lequel je ne pressais jamais sur T, je tombe sur la disquette de Rick Dangerous. Après une sympathique image d'intro accompagnée de quelques notes guillerettes, un premier écran débarque sans aucun temps de chargement pour une fois et me voilà à l'entrée d'un temple Inca sous-terrain dans la peau d'un petit Indiana Jones trapu et ricaneur. Je suis déjà sous le charme de tout ce beau design. À peine, je fais un pas devant pour suivre le couloir qu'une énorme boule de pierre débarque derrière moi : "WOOOUIIIIINN !" s'exclame Rick mourant dans la demi-seconde. Je suis mort. Je n'ai rien vu.
Bravant l'incompréhensible, je me résigne à suivre la seule voie possible, courir jusqu'en bas avec la boule aux fesses pour tomber dans un trou qui mène à la suite, un autre écran fixe et "WOUUIIIIN !" Un indigène velu et grassouillet campait là n'attendant que mon postérieur en chute libre pour utiliser sa lance.
Plus tard, je découvre comment tirer un coup de pistolet, poser de la dynamite (!) et même utiliser un bâton qui actionne des mécanismes, comment j'en ai trop chié pour comprendre. Aucune explication nulle part, pas de livret, pas d'internet, mes autres copains ont des Sega ou des Nintendo, voire pour les plus aisés, un Amiga 500, qui se targue de dépasser l'Atari sur tous les niveaux. Ouais mais tu peux pas comprendre, le son Atari loulou, ça peut pas se remplacer, c'est pas de la puce, je te digitalise pleins de pistes et tout comme une Super Nes, non c'est plus de la puce Grunge à la Amstrad CPC, du bon son bien grind, avec du grain et même des prises MIDI pour brancher des trucs et tout. Bref, où j'en étais... Ah oui.
Et je ne joue plus qu'à ça ! Je suis complètement endoctriné et n'allume plus le ST que pour jouer à Rick Dangerous en prenant bien soin d'appuyer sur T, mais pas toujours, pour le challenge. C'est Indiana Jones mais pas façon "réaliste" et point-n'-click comme le Lucas Arts, c'est Plateforme / action. C'est parfait.
Je m'acharne, je grappille du terrain case après case, piège après piège, j'apprends tout par coeur, je visite beaucoup plus tard une pyramide égyptienne au niveau de difficulté encore plus taré et j'adoooore ça même si ça m'énerve, c'est le plus beau et le meilleur jeu du monde, le level design et le gameplay sont riches et variés.
Un jour, je le finis, et je le recommence quand même, je suis trop bien avec Rick.
Finalement, je choppe Rick Dangerous 2 et c'est reparti de plus belle.
Et donc, pour tous ceux qui pensent s'être attaqués à des jeux difficiles, maintenant tâtez-moi de ça : http://www.jeuxclic.com/jeux.php?id=5491
Dans mon top 10, forever.