Romancing SaGa 2: Revenge of the Seven
7.9
Romancing SaGa 2: Revenge of the Seven

Jeu de Square Enix et Xeen (2024Nintendo Switch)

Dans la catégorie : « remake inespéré que je souhaite voir mais je n’y crois pas » Romancing SaGa 2 était particulièrement bien placé. Alors pour comprendre ma surprise et mon plaisir un retour dans le passé s’impose.

En 2020 lors du confinement, je me lance dans le remake de 2017 signé Arte Piazza (les remakes DS de Dragon Quest ce sont eux) alors en promotion sur l’e shop. Un jeu de niche dont il est assez difficile de trouver des infos et des retours de joueurs, mais qui m’a procuré un plaisir et surtout un effet de surprise rare. D’ailleurs je m’interrompt : si vous ne connaissez pas mais que vous aimez l’Aventure avec un grand A, de l’exploration libre et des combats un minimum stratégique, arrêtez de me lire et allez donc tester la demo du remake de 2024, car le plaisir de la découvertes y est primordiale.

En effet, pour un jeu Super Nintendo de 1993, Romancing SaGa 2 est en avance sur son temps, innovant et atypique sur bien des aspects. Alors si vous voulez découvrir cette perle de la meilleur façon qui soit, ce remake est tout trouvé.


Se présentant de façon plutôt classique au dépars, le jeu va, passé son introduction, vous révéler tout son potentiel. Vous y incarnez donc Gérard, jeune prince d’une région isolé du monde, qui va alors voir son père mourir par l’un des 7 héros déchu venu semer le chaos dans le monde. Une fois venger, du temps va passer et il faudra trouver un successeur et ainsi commence la quête de tout un empire : combattre les 7 héros et unir le monde à votre cause. Pour ce faire, plusieurs chemins et possibilités sont offerts !

Impossible de créer un vrai open world pour la console, et franchement tant mieux, la progression se présente sous forme de destinations sur une carte. Dans un village un PNJ vous donnera une information qui débloquera une nouvelle destination : soit un village, soit un donjon (avec ennemis visibles). Le processus se répète ainsi par petit saut de puce et on se rend compte du monde tentaculaire qui est proposé. Surtout qu’il y a bien plusieurs façons de créer son équipe et d’avancer, ainsi lorsqu’il faudra s’introduire dans la forteresse du début: aller vous attaquer de front l’ennemi quitte à vous prendre des vagues de monstres, ou aller vous donner de l’argent à un passeur sur une barque qui va vous introduire par une des ailes du bâtiment ? D’ailleurs, saviez vous que sous votre château se trouve un donjon ? Et qu’en aidant les voleurs là bas on peut les recruter ? Et d’ailleurs, quand la forteresse est conquise, le temps passe et un village se crée. Et ainsi de suite ! Et tout ça ce n’est qu’une petite partie de l’ice berg ! Le jeu avait le bon (ou le mauvais) gout de ne rien expliquer, ce qui créait des surprises.


Car le gros souci des SaGa, c’est le côté volontairement cryptique. Alors si en plus on y ajoute de l’anglais (je ne suis pas très bon), c’est parfois un calvaire et une notice Game FaQ des années 2000 vous sera d’une aide appréciable. Ou alors vous apprenez de vos erreurs. Car rien, je dis bien RIEN n’était expliqué. Comment construire l’école de magie ? Comment aller à tel endroit ? Comment débloquer de nouvelles formations ? etc. J’ai parfois erré, mais la sensation de découvertes et de mystère y était grande. Malheureusement c’est ce que j’ai toujours reproché, ce côté un peu incompréhensible qui ne cherche pas à aider le joueur, comme une sorte d’élitiste qui se complait dans son savoir obtus. C’est ça aussi Romancing SaGa 2. Enfin, c’était ça. Parce que pris d’une passion pour le jeu, j’ai voulu voir comment la série avait évolué et malheureusement je me suis rendu compte que RS 2 est pour moi le pinacle de la série, même si SaGa Scarlet Grace propose un excellent système de combat, peut être même le meilleur. Alors je me suis mis à espérer qu’un jour qui sais, Kawazu et son équipe feront enfin un SaGa « moderne » similaire aux Romancing, et soyons fou, en français. Qui sait.


Et alors en 2024 nous avons eut SaGa Emerald Beyond… mais on s’en fiche.


Oui, parce que quelques mois après, coup de théâtre : Remake de Romancing SaGa 2 (ah ?), en 3D (Oh !), par l’équipe qui à très bien remaké Trials of Mana (Aaaah !), en français (Non !) et en boite (*explosion*). Petit bonus : des vrais ajouts qui transforment le jeu en bien. Et alors là, vous avez une perle.


Xeen, responsable de ce remake 3D, avait appliqué une excellente formule pour Trials of Mana 2020 en alliant fidélité et nouveauté pour le meilleur et seulement le meilleur. Cette formule est la même ici puisqu’il s’agit du même moteur graphique, on doit retrouver 50 fois un petit personnage (ici M.S, sorte de petit cyclope issus des épisodes Game Boy) façon Où est Charlie, ajout de plusieurs modes de difficultés, post game inédit (bien plus digest ici), capacité passive à équiper, ajout scénaristique avec des cinématique optionnels qui reviennent sur le passé des « Héros » et surtout une fidélité de l’aventure originale mais en ayant une relecture en 3D. Créant à la fois un effet de déjà vu et de nouveauté. C’est involontairement une forme de défaut puisque beaucoup de choses ne m’ont pas surpris car je savais déjà ce qui m’attendait. Le plaisir a plutôt été de voir comment cela a été représenté.


Déjà le système de combat subit une légère refonte. Il s’agira toujours de tour par tour qui met en avant les magies et technique de vos personnages. Ce qui est une bonne chose car cela amène à plus de stratégie et il faudra bien se répartir les rôles plutôt que de faire n’importe quoi, puisque vos personnages même si ils ont des classes qui servent de ligne directrice sont pour ainsi dire des couteaux Suisse pouvant manier ache, bâton ou arc avec plus ou moins d’aisance. Chaque personnage peut s’équiper de deux armes et de seulement huit techniques et huit magies (qui ne doivent pas être d’élément opposé). Il faudra donc au grès de vos apprentissages faire le tri parmi vos possibilités d’attaques, consommant leurs lots de PB.

Bien sûr, les techniques auront leurs avantages à ne pas négliger entre le tir d’arc qui touche tout les ennemis, le coup d’épée qui peut paralyser, le coup de hache très efficace face au ennemis de type plante, etc. Pour débloquer tout ça, le système de « glimmer » vous fera découvrir un nouveau coups par surprise, ou presque puisque le remake à le bon gout d’indiquer les techniques ou magies qui seront nécessaire à l’obtention de nouvelles. De plus les points faibles des ennemis peuvent être affichés, ce qui est très appréciable. Dès lors, deux nouveautés sont intégrées à ces systèmes de base déjà simples mais assez riche.

La possibilité d’agir se fera dorénavant selon la vitesse, c'est-à-dire que sur Super Nintendo il fallait choisir toute ses techniques d’un coup et après vous voyez le résultat alors que dans ce remake on peut agir juste après un ennemi mais avant un autre en fonctionne de la vitesse des personnages, permettant d’anticiper ou se rattraper. C’est un détail mais cela change un peu la stratégie. Le plus gros ajout vient de la jauge Overdrive, sorte de jauge de furie. Les coups critiques ou un point faible touché remplissent cette jauge et une fois pleine plusieurs personnages de votre équipe peuvent agir tous d’un coup en faisant plus de dégâts et surtout en ne consommant aucun PB.

Plus clair, toujours un poil stratégique, plus riche, il reste malheureusement inférieur au système de SaGa Scarlet Grace mais les combats s’enchainent quand même avec plaisir.


Et il y a intérêt parce que des combats vous allez en faire et pas qu’un peu. Heureusement donc que le jeu avait l’originalité de vous soigner après chaque combat, au détriment de vos PC qui sont les vrais compteurs de vie de vos personnages, pouvant alors mourir définitivement s’ils atteignent 0. Le level design est certes plus étendu, les ennemis sont toujours aussi nombreux et même si les grappes de monstre ne feront qu’un affrontement, il arrive très fréquemment d’enchaîner combat sur combat en passant d’une salle à l’autre. Ce n’est pas aussi chaotique que sur Super Nintendo, mais ça frise toujours l’overdose, je tiens à prévenir. Cela reste pour moi le seul vrai gros défaut du jeu (remake ou pas d’ailleurs).

Petit regret aussi, mais c’est un détail, il n’est plus nécessaire de conquérir une région pour pouvoir s’y téléporter, dorénavant ou peut aller du château à la nouvelle destination comme bon vous semble, rendant obsolète les auberges locales. Dommage…


Pour le reste, d’autres ajouts rendent l’expérience enfin plaisante, retirant tout ces éléments obscurs et fâcheux. Des tutoriels sont là pour bien tout expliquer mais surtout un journal de quête permettra de consigner tout ce que vous devez faire avec des indices sur la marche à suivre. Et si vraiment vous êtes perdu à l’autre bout du monde, vous pouvez activer une grosse balise qui vous dit où vous devez aller et à qui vous devez parler. Bon, je vous avoue je ne l’ai utilisé qu’en extrême nécessité mais en vrai rien qu’avec le texte en français et le journal de quête m’ont suffit à progresser sans me perdre et en sachant toujours ce que je devais faire ou ce qu’il me restait à inspecter.

Bien que cela puisse sembler banale aujourd’hui, la progression est si ouvertes que vous pouvez très tôt amorcer une dizaine d’objectifs plus ou moins secondaire et si en plus vous ne touchiez pas au jeu pendant longtemps, il y avait moyen d’être bien perdu dans les anciennes itérations. Certain élément reste toujours aussi obscure (la sirène…), mais ce système de guidage très « casual », diront certain, aide enfin à ne pas louper des choses. D’ailleurs petit bémol : un marqueur pour dire quel quête sont temporaire n’aurait pas été du luxe, car rien de plus frustrant que de remettre quelque chose à plus tard et se rendre compte que la quête est finalement condamnée…


La principale modification qui saute aux yeux est la refont graphique : transposer l’univers 2D vue de dessus en monde full 3D avec caméra libre. Et ça je dis « Merci ! ». Ras le bol de ces remakes fainéants qui se contentent de rendre des jeux vieillissant plus beau, avec 2-3 bonus. Rien que cette année sur switch on a eut Paper Mario 2 et Dragon Quest 3 et pour ce dernier la 3D semble simplement esthétique, du coup c’est à se demander pourquoi de simple remaster n’ont pas été fait pour ces jeux.

Non, là la 3D sert vraiment, rendant l’univers plus immersif, et permettant de véritablement redécouvrir le jeu sous un nouvel angle. L’aspect recherche, surtout dans les villages, n’en est que plus complexe. Le level design qui essaye de restituer la structure « pauvre » de l’original est enrichi de petites hauteurs qui permettront de légers passages de plate forme, un ajout discret mais appréciable puisque dynamisant des donjons un peu fade, il faut bien le dire. On est en 90, avec ses labyrinthes blindés de monstres et de coffres. L’original avait déjà quelques idées (de la glace qui glisse, du sable mouvant dans le désert…) mais en plus de la plate forme j’ai l’impression que le remake 2024 ajoute quelques petites idées comme les tapis roulant et portes qui ne s’ouvrent que dans un sens, ou encore les quelques donjons avec portails de téléportation. Mais déjà rien que l’ajout de la plate forme est très appréciable. Et est parfois même plus complexe que juste passer au dessus d’un rocher.

Le visuel n’est pas en reste, les paysages m’ont quand même fait de l’effet et il y a un souci du détail pour rendre les zones extérieurs un minimum cohérentes. Passé d’une forteresse passe partout en 16bits à un véritable château en 3D à flanc de falaise avec ciel ombragé et le petit point de sauvegarde visible au loin, ça n’a juste plus rien à voir. Alors que c’est le même lieu ! Hélas oui, l’unreal engine donne un rendu technique relativement impersonnel et l’univers bien qu’extrêmement varié (château céleste, épave sous l’eau, savane, volcan, banquise, etc) reste pour ainsi dire plutôt quelconque d’un point de vu esthétique. Mais je maintiens que certain panorama en jette, surtout sur switch. Le chara design reproduit fidèlement les personnages de Tomomi Kobayashi… l’aquarelle en moins. Et les visages plus typé « japanime lambda » dessert son travail que j’admire tant. Ah oui tiens, mention spécial à l’intérieur de la boite !

Enfin, comment ne pas évoquer la bande son de Kenji Ito, qui comme son collègue Hiroki Kikuta sur Trials of Mana, applique la même méthode de simple réorchestration. Enfin « simple », dans le sens où il ne cherche pas à re inventer ses compositions passées en faisant comme certain des musiques parfois trop riches en variations et nuances, aux mélodies en retrait, fléau de pas mal de bande son moderne je trouve. Non ici, si la musique sonnait rock sur super Nintendo, alors ce sera du vrai rock dans le remake 2024. Les mélodies sont respectées à la clef de sol près et seul le son est modernisé pour un résultat de toute beauté. La quiétude des villages n’est que plus douce et les trompettes qui résonnent lors des combats de boss galvanisent comme il faut. Et si vous êtes nostalgique (ou curieux) vous pouvez mettre l’OST 16 bits. Qui a son charme également !


Enfin Romancing SaGa 2 est aboutis, dans la meilleure forme qui soit. Une véritable aventure où l’on se perd dans son monde, où l’on combat d’innombrable monstres, débloquant sans cesse de nouvelles techniques et compagnons, voyageant jusqu’à des villages japonais perdu au loin, découvrant alors que nos actions passées ont un effet sur le futur. Car c’est aussi ça la force de RS 2, ce côté empire évolutif (pas mal pour 1993 mais assez limité pour 2024). Et c’est quelque chose qu’aucun autre SaGa ne fera, le rendant absolument unique.

La rejouabilité est de mise tant il y a à découvrir, à rater et à essayer (je ne suis jamais allé chez les sirènes par exemple), riche tout en restant succinct, donnant un bon gout de reviens y même si je vous avoue qu’après 43 heures passé dessus je sature un peu. Par contre quel satisfaction d’en être arrivé à bout, et si le boss final est infernal (moins celui post game que j’ai battu in extremis), le final est grandiose et conclue de la plus belle des manières cette grande épopée dynastique.


Romancing Saga 2 était un joyau brut qui comportait bien des aspérités et demandait une implication pour découvrir tout son potentiel, mais maintenant ce remake lui donne l’aspect d’un diamant étincelant qui j’espère sera découvert par de nombreuses personnes. N’oubliez pas d’où il vient, et vous vous rendrez compte à quel point il est original et riche, et finalement, même en 2024, n’a pas perdu de sa superbe si on passe outre quelques éléments qui peuvent paraître limité aujourd’hui. Mais pour le mieux, car cela confère à ce RPG un côté rapide et bien rythmé, dépourvu de cinématique à rallonge et de quête fedex moisie. Maintenant j’espère que cette aventure sera votre !

Pax-
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le 25 nov. 2024

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