Je te frapperai sans colère Et sans haine, comme un boucher.

C'est en m'apercevant que ce jeu bénéficie désormais d'une côte vertigineuse, sans doute due à quelque député jadis en mal de sensations que je me retourne vers ce jeu qui, s'il m'a largement fait souffrir, m'a également émerveillé.
Rule of Rose, ou le dernier achat "à la jaquette" comme on dit, trouvé pas trop cher au milieu des best-sellers (j'ai acheté Guitar Hero juste derrière, vous imaginez ?) , parce-que visiblement il y a quelque chose. Il faut dire aussi qu'à l'époque, et d'ailleurs encore un peu maintenant, Silent Hill était mon graal et Rule of Rose semblait, avec son armée de petites filles bizarres, en être un digne successeur.


Comme un vaisseau qui prend le large


On se croirait dans Sa Majesté des Mouches, isolés, les enfants créent leur propre société, leur Aristocratie du Crayon Rouge n'a rien d'une utopie, car même avec des dents de lait, ils peuvent mordre. Et notre pauvre, misérable, triste et malheureuse Jennifer, victime plus qu'héroïne de ce jeu en fera les frais. Armée d'une fourchette en argent, d'un couteau (Ô heureux !) ou d'un revolver, c'est une véritable pénitence que d'affronter les monstres qui peuplent l'étrange zeppelin où se déroule la majeure partie de l'aventure. En quête de cadeaux à offrir à des enfants gâtés, la jeune fille et nous même, n'aurons pour but un peu flou que de nous élever au sein du groupe, en constante concurrence avec la répugnante, mais tout aussi malheureuse, Amanda.

Lumière dans les ténèbres, Brown, sera notre seul allié. Le dévoué compagnon, un labrador à la truffe infaillible, conduira notre route à travers les couloirs, les salles et les cabines à la recherche d'une bricole, un biscuit, un ruban, un papillon, afin de satisfaire l'appétit sans cesse grandissant des Aristocrates. Le cadeau, l'offrande, le sacrifice, détermine la position que Jennifer occupera au sein de la hiérarchie.


Et cette musique ! Piano rassurant auprès de Brown, violons torturés au détour d'un corridor peuplé de créatures aussi misérables que dangereuses, l'atmosphère du titre est incontestablement son point fort. Car rager à l'issue malheureuse d'un combat ou pester contre un boss (oui il y en a, et vous ne les aimerez pas) n'est pas chose rare. Seule l'ambiance, la curiosité malsaine et peut-être un certain goût pour la douleur auto infligée poussera le joueur à continuer. Rule of Rose est encore plus abrupt et frustrant dans son action que n'importe quel Silent Hill, cruel au point qu'on se demande dans quelle mesure tout cela est volontaire.

La chasse au trésor, pour qui se prend au jeu, est pourtant une idée sympathique, on suit en toute confiance ce valeureux chien qui nous guide opiniâtrement, on se plaît à épier les complots qui se trament petit à petit et on espère voir un jour meilleur. Le tout est de ne pas être rebuté par un faisceau de défauts à la limite du pardonnable, les collision incompréhensibles, la mesquinerie des boss, justement, et une rigidité absolue des contrôles.


Avec tout ce qu'il a, Rule of Rose se montre rebelle à l'impuissante analyse, aussi détestable que séduisant, il mérite, c'est évident, son statut non de classique en raison de ses défauts, mais au moins de jeu culte.

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le 14 avr. 2017

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I-Reverend

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