J'ai terminé l'histoire principale de Rune Factory 5 sur Switch. Je vais vous expliquer pourquoi je n'ai pas aimé le jeu, en sachant que mon seul référent de la saga est RF4 sur 3DS et
que je n'ai joué qu'en mode portable (par rapport aux performances techniques).
On va commencer avec ce qui saute aux yeux : la DA est mignonne et colorée et le chara design va lui aussi dans ce sens. Mais techniquement, c'est tout bonnement à la ramasse. Le framerate est l'un des plus instables que j'ai pu voir sur la console. Que vous soyez en combat, en train de cultiver dans vos champs, que vous sortiez d'un bâtiment ou que vous tourniez simplement la caméra : il y a des drops un peu dans tous les sens. Très désagréable, soit, mais la technique ne fait pas tout. Allons plus loin.
Les contrôles ont eux aussi tendance à être pénibles. Hitbox approximatives (ex: le marteau censé frapper un rocher, mais en fait non, ok), absence de grille pour meubler aisément notre pièce à vivre, le lancer qui s'active accidentellement quand on veut livrer un item... Et c'est sans compter sur le menuing fastidieux lors des achats (récurrents !) auprès des artisans et commerçants du village. Le système de combat n'a guère évolué et consiste principalement à masher le bouton action. On a quand même droit à quelques coups spéciaux (ouf).
Les différentes zones à explorer sont somme toute sympathiques, en revanche le level design des donjons consiste toujours en une suite de couloirs entrecoupés de pièces rectangulaires. Avec des interrupteurs à activer de temps à autres en bonus, histoire d'injecter quelques puzzles. Dépoussiérer et moderniser tout cela ferait du bien à la saga...
RF5 est en grande partie une simulation de vie, et pousse à l'interaction avec ses personnages, qui s'effectue principalement au sein du village. Village qui s'avère d'ailleurs particulièrement inanimé et dans lequel on croise bien peu d'âmes. Ce sentiment s'accentue avec les répliques limitées de nos voisins - tant en terme de quantité que d'intérêt - qui n'ont vraisemblablement rien d'intéressant à dire. Il y a bien quelques répliques rigolotes dans le jeu, mais elles se retrouvent noyées dans un océan de mornitude. Il en découle une certaine difficulté à développer de la sympathie pour eux, puisque leur personnalité se révèle par conséquent trop fade. Le comble pour un titre qui propose de développer une relation jusqu'au mariage. Les dev ont malgré tout écouté leurs fans en permettant les relations entre personnages du même sexe dans le jeu. Mais les plus matures, eux, s'avèrent toujours inaccessibles, impossibles à rencarder.
Enfin, le scénario se permet d'attacher un autre boulet à la cheville de l'écriture pour la couler un peu plus profondément dans les abysses de la vacuité. Ne comptez pas sur la mise en scène inexistante pour sauver le tout, on fait ici dans le minimalisme. Ce qui est d'autant plus dommage puisque RF4 m'avait laissé quelques chaleureux souvenirs de ce côté là. Je me permettrai une comparaison avec les Atelier Ryza qui font également dans le slice of life. Mais tout m'y paraît bien plus intéressant, vivant et touchant. C'est même l'un des grands intérêts de ces jeux. Au fond, le scénario n'y a pour rôle que de donner un début, une ligne directrice et une fin au joueur. Ce sont toutes les interactions entre les personnages qui font le sel des deux titres. Et RF5 échoue lamentablement sur ce point.
Concrètement, que reste-t-il au jeu ? Son concept, qui demeure inchangé : planter, arroser, cultiver, couper, bâtir, explorer, se marier, etc. C'est chill, ça fonctionne toujours, mais c'est terriblement maladroit dans tous les domaines et l'ensemble paraît tristement cheap. Jusqu'à la BO qui m'évoque, sur le plan technique, l'époque des musiques MIDI de la PlayStation.
Rune Factory 5 n'invente rien et ce n'est d'ailleurs pas tant ce qu'on lui demande. Mais il ne réinvente rien non plus dans sa formule. Je ne peux m'empêcher de ressentir en RF5 une transposition bancale d'un concept qui a brillé au format 2D, mais qui se cherche encore désespérément pour s'adapter aux technos d'aujourd'hui. En espérant que le prochaine fois - si prochaine fois il y a - sera la bonne.