Ad finem temporum ego manere vicit ; ça ne veut certes pas dire grand-chose, mais je trouve que ça synthétise plutôt bien mon ressenti général sur ce Ryse – Son of Rome. Un soft qui m’intriguait depuis pas mal de temps, à la fois pour son contexte relativement inédit (en excluant la franchise Astérix et les jeux de gestion, l’époque est très peu exploitée) et pour sa forme largement tournée vers le QTE, qui est comme chacun le sait la quintessence du gameplay vidéoludique (#ironie). Promu comme un véritable peplum hollywoodien blockbusteresque, ce statut autoproclamé est tout autant sa plus grande qualité que son principal défaut…


Épique, homérique, grandiloquent… Nombreux sont les adjectifs pouvant décrire cette véritable épopée entreprise par Marius Titus pour protéger Rome de ses ennemis. La mise en scène est en effet véritablement inspirée (notamment lors des batailles), et chaque environnement traversé est souvent sublime et majestueux, fourmillant de mille et un détails partout où notre regard se pose, tout en restant très fidèle et respectueux de la réalité historique (notamment dans les proportions, contrairement à certains jeux…), et le tout est magnifié par une technique irréprochable. Certes, le "tout étriqué" doit sans aucun doute bien aidé (on est constamment posé sur des rails), mais quand bien même, le jeu est parfaitement fluide même pendant les grosses scènes de bataille, et aucun problème d’aliasing ne pointe jamais le bout de son museau…


Mais déjà, un premier écueil est à signaler : le scénario. Si la fin est plutôt bien trouvée,


car je pense que l’Homme serait effectivement une véritable marionnette entre les mains des puissances divines SI ELLES EXISTAIENT VRAIMENT,


l’histoire respire l’approximation et le manichéisme à outrance, avec des méchants très méchants (limite sadiques) et un héros vertueux au possible (simili-Tom Cruise). Non, on ne me fera pas croire que Rome considérait aussi mal ses vassaux, au contraire même, elle souhaitait plus que tout étendre la "civilisation", et cherchait donc à les intégrer au mieux, et c’est d’ailleurs cet excès de "pacifisme" qui provoquera sa chute 400 ans plus tard (mais ceci est une autre histoire :p)…


Je ne dis pas qu’il n’y a jamais eu d’abus de quelque sorte que ce soit (les gouverneurs mal intentionnés ont existé partout et de tous temps), mais n’importe quel chef d’État un minimum sensé sait qu’il vaut mieux pacifier ses provinces plutôt que de se farcir des révoltes toutes les semaines…


De même, que les bretons puisse atteindre la capitale romaine oklm est juste un non-sens total, surtout à une époque où Rome est encore au sommet de sa puissance militaire. Rappelons au passage que la fameuse Boudica, qui a réellement existé, s’est faite atomisée par l’armée romaine lors de la bataille de Walting Street, alors que ses troupes étaient 20x supérieures en nombre… Et ne parlons même pas de la présence des éléphants au sein de leur armée, idée ridicule là encore, le seul éléphant moderne ayant jusque là foulé le sol anglais était justement du côté romain, lors de la conquête de la Britannia par Claude, le prédécesseur de Néron. Bref, si je conçois volontiers que les développeurs n’aient pas voulu coller parfaitement aux événements véritables, on ne peut pas non plus excuser le n’importe quoi…


Allez, revenons un peu du côté du positif, en évoquant par exemple le soin apporté aux chorégraphies martiales. Si certains finish moves sont sans doute un brin trop esthétisés, on apprécie la crédibilité apportée à la mise en scène très sanglante et "viscérale" (c’est le cas de le dire!) des batailles de fer et d’acier de cette époque, où les amputations à vif (bras, tête…) étaient sesterces courants. Toute aussi appréciable, la retranscription des stratégies militaires romaines est également de très bonne facture, ou en tout cas un minimum documentée (de ce que j’en sais), la célèbre formation en tortue (avancée en rang boucliers devant pour contrer les flèches ennemies) constituant même une part non négligeable du gameplay de Ryse, à laquelle on peut également associer la défense de places fortes, deux phases de jeu qui tentent du mieux qu’elles le peuvent de briser la redondance de l’action…


Et il en a bien besoin, car le gameplay "principal" de ce Ryse est plutôt décevant, à la fois mollasson et simpliste. Et c’est vraiment dommage, car il y a de vraies bonnes idées, comme par exemple celle de pouvoir sélectionner sa récompense à chaque exécution réalisée, à choisir entre gagner des points d’expérience permettant de débloquer divers bonus et aptitudes, obtenir temporairement un surplus de puissance, ou remplir un peu la jauge de rage ou celle de vie. En effet, cette dernière ne peut se remonter que par ce biais, et c’est donc de lui-même que le joueur devra décider quand prioriser tel ou tel gain à l’instant T…


Malheureusement, les joutes en elles-mêmes manquent énormément de profondeur. Et notamment à cause du "bestiaire" finalement assez peu étoffé, dont chaque "spécimen" dispose d’un pattern unique très aisément identifiable, et donc parable. Et en plus, ils attaquent généralement à la queue-leu-leu, tel un bon vieil Assassin’s Creed… Comme si ça n’était pas suffisamment facile, les opposants se mettent à surbriller lors des finish moves ou de certains attaques de boss, en bleu, jaune ou rouge, nous indiquant ainsi le bouton correspondant à presser (X, Y ou B) pour contrer / esquiver / achever la cible… C’est certes un chouïa plus "subtil" que la traditionnelle "apparition à la sauvage" du bouton à l’écran, mais ça reste du QTE pur jus…


En définitive, suis-je déçu par ce Ryse – Son of Rome ? Pas spécialement, dans le sens où il est plus ou moins ce que je m’attendais qu’il soit : un jeu popcorn. J’ai par exemple été tout aussi attristé qu’il n’ait pas inclus une petite touche infiltration là où c’était pourtant pertinent (Britannia et ses forêts touffues, notamment le passage nocturne) qu’agréablement surpris par la mise en scène d’une reconstitution de bataille dans le Colisée, spectacle très prisé par les romains à l’époque (et où les gladiateurs-acteurs pouvaient parfois vraiment mourir…). Bon, le Colisée n’était pas encore sensé être construit à cette époque, mais allez, pour une fois, on va dire que ça passe…


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Wyzargo
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le 16 nov. 2018

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Wyzargo

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