Pour ma centième critique sur SC je voulais faire un truc qui claque. Plus une sorte de réflexion personnelle sur le statut de culte dans l'art et ce qui finalement fait tout l’intérêt de ce site à savoir la subjectivité de chacun au détriment de ce qui normalement devrait primé dans un système de notation : l'objectivisme. J'avais prévu d'aller casser du sucre sur un Citizen Kane, un 2001 l'odyssée de l'espace ou un autre énième chef d’œuvre que j'ai longtemps cru comme intouchable avant de me rendre compte qu'en fait l'avis de la masse, je m'en tape.
Et puis pas plus tard qu'hier je suis tombé sur une vieille cartouche de Nintendo 64. En fait non, deux, Body Harvest, un pré GTA absolument immonde, lent, mou et vide (un peu comme ma..) et le jeu dont cette critique super longue à démarrer va parler vite fait, S.C.A.R.S.
Pour resituer assez sommairement la chose, ce jeu de courses sorti il y a maintenant 16 ans nous place aux commandes de véritables bêtes de l'asphaltes, des bolides qui prennent tantôt le visage d'un lion, tantôt d'un rhinocéros et tantôt d'une sauterelle. Ouais déjà ça commence à sentir pas bon. Pour bien contrer Mario Kart (parce que c'était un peu l'objectif de n'importe quel race game qui sortait à l'époque) on avait des bonus qui attaquait, défendait ou bloquer les différents joueurs lancé dans la course.
Mais S.C.A.R.S porte bien son nom malgré 4 points super mal venu, il reste une blessure d'enfance qui ne partira jamais et qui a probablement influencé toute ma vision du jeu vidéo et de l'art. Forcement pour de la N64 quand on avait des ambitions un peu grandes, elles se heurtaient à un amas de pixels édentés. On retiendra dans les bonnes idées, l'intro à chaque circuit avec sa construction couche par couche très high-tech ou encore quelques design de voitures bien inspirés mais sinon grand dieu que c'était vilain. Et revoir des images du jeu à l'occasion de cette critique à rouvert la plaie, y a versé de la poudre à canon dedans et a même balancé une allumette. Voilà. Ça c'est pour avoir acheté tout et n'importe quoi à une époque où le jeu vidéo pouvait encore nous vendre tout et surtout n'importe quoi. Tu l'as bien mérité jeune garçon. Et je ne te propose pas de collyre, ce n'est passez puissant pour ta conjonctivite de stade 4.
C'était quand même bien fluide vu le nombre d'animations à l'écran (et ces DAMMIT FUCKINGS lignes colorés qui suivaient les roues du véhicule) et il ne faut pas tout jeter à la poubelle. Par contre il faudrait pouvoir installer une poubelle spéciale pour la musique. Car on est en 98, et les années 90, vous le savez, avaient une certaine idée de la musique électronique. Alors si j'en étais pas au point de saigner des yeux devant le jeu, mes oreilles ont fait le boulot. Et de manière intense.
Maintenant on va arrêter d'être consensuels et parler du coeur du problème, bien plus intime. Car voyez vous si j'ai évoqué Body Harvest précédemment c'est qu'il a un point commun avec SCARS, je n'avais pas de Controler Pack.
Ah, époque maudite, enfance volée, souvenirs torturés.
Nintendo est vraiment une chouette SARL à qui je souhaite le meilleur des avenirs mais si jamais un jour je rencontre le mec qui a eu l'idée du Controler Pack je crois qu'on pourra écrire la 121ème journée de Sodome. Je reverserais mes gains à la famille de Sade.
Ne me demandez pas pourquoi je n'avais pas de Controler pack comme une bonne partie du globe à cette époque-là, j'en avais pas, c'est tout. J'ai beau eu avoir une quarantaine de jeux N64, jamais je n'ai fais l’acquisition de ce petit module à brancher sur la manette qui autorisait à faire des sauvegardes. Et dans un temps jadis où mes heures de jeux étaient limitées, Body Harvest se résume à l'exploration d'une map dont je n'ai jamais vu plus du dixième et SCARS ne m'aura jamais dévoilé plus de la moitié de ses véhicules. Et pourtant j'ai passé DES HEURES à refaire encore et encore les mêmes intro, les mêmes déblocages d'animaux et les mêmes courses. Et encore. Et encore. Et encore.
Une douce torture puisque je continuais malgré tout à recommencer ce jeu et bien d'autres sans trop me plaindre. C'est une expérience à vivre, juste pour pouvoir avoir les larmes aux yeux en découvrant dix ans plus tard grâce au net la fin de ces mêmes jeux.
Alors cette critique n'en est pas vraiment une vu que je n'aurais jamais eu l'occasion de perfect le jeu, mais voyez le plus comme une Ode à l'enfance où toute les manières de jouer les plus stupides étaient permises. Si j'avais pu noter ce jeu à sa sortie je lui aurais mis 9 car il était beau, futuriste (on savait pas que la techno ne durerait pas éternellement) et fun. Pas autant qu'un Mario Kart faut pas charrier, mais il faisait son boulot honnêtement.
Si je devais le noter en oubliant mes souvenirs au filtre sépia et avec une bande son de gamins qui rigolent en voulant toujours rester aussi jeune alors je lui mettrais un 3. Mais le voilà le duel millénaire dont je parlais entre objectivisme et subjectivisme. Au bout de 100 critiques et 4000 notes je ne sais toujours pas faire un choix entre prendre un produit tel quel, avec tout le travail qu'il a nécessité, son contexte et ses qualités réelles; et le voir dans le prisme de la mémoire, la mienne, avec toute les tares qu'elle peut accumuler et son érosion au fil du temps. Une sorte de sublimation par l'affect d’œuvres parfois pas si exceptionnelles que ça mais que j'ai eu le bonheur de côtoyer à tel moment de ma vie et qui ont fait ce que je suis et la manière dont je conçoit de l'art à mon tour.
Alors je chie sur Orson Welles et tant mieux si certains prie devant un autel à sa mémoire tout les soirs, moi j'ai d'autres cames et même si je suis un peu dur avec SCARS maintenant, il m'a quand même bien accompagné dans mon intro à la vie et je suis sur que si j'avais pu passé au delà de son intro à lui il ne s'en serait révélé que meilleur.
Ne le prend pas mal ce 6 petit SCARS je crois que je ferais pareil avec beaucoup de jeux N64 qui étaient parfois du véritable foutage de gueule mais qui paradoxalement appartiennent au patrimoine de ce qui a été et restera la meilleure console de jeu vidéo.
Yea boi. Boi. Yea. What. It’s 1998. Word.