Les premiers pas dans le monde lugubre et crayonné de Salt and Sanctuary (S&S) nous font vite rentrer en terrain connu : création de caractère avec choix de classe et de présent de départ, combats à base d’esquives, gestion d'endurance, parades et blocages au bouclier, présence d’autels auxquels on réapparaîtra après une mort et desquels nous repartirons chercher notre sel perdu au lieu de notre trépas… Ca sent fort le Dark Souls tout ça. Oui, effectivement, l’inspiration va jusque dans cet univers cryptique que l’on prendra une petite vingtaine d’heures à traverser et qui respire le désespoir.
Mais on réalisera également assez vite que le jeu est arbore un aspect metroidvania, avec ce que cela inclut de compétences à débloquer, de salles secrètes et de passages de plateforme. Du coup, si l’on pense Dark Souls + Metroidvania, on pense clairement au génial Hollow Knight. Mais S&S penchera tout de même plus dans la lourdeur des titres de From Software et moins dans légèreté et l’onirisme de celui de la Team Cherry.
Donc ok, on sait à quoi on joue, mais du coup S&S c’est autre chose qu’une énième jeu qui marche dans les traces de ses illustres prédécesseurs? Etant sorti un avant HK, on peut déjà balayer le pan ersatz de cette rhétorique. Quant au second pan, celui de l’identité du jeu, je dirais ceci: Salt and Sanctuary n’est pas follement original (si ce n’est pas sa direction artistique, avec ses dessins à la main donnant un ressenti crayonné) et il copie beaucoup, mais il le fait bien (la plupart du temps) et est un véritable plaisir à parcourir. Le level design est efficace, les biomes variés, le gameplay simple mais exigeant (la montée en puissance se ressent autant par celle du personnage que par celle du skill du joueur). En comparaison (puisque nous sommes partis dans cette direction au fil des mots), Blasphemous était frustrant par bien des aspects, par des maladresses lourdes et plombant l’expérience. Ici que nenni, pas de faux pas, si ce n’est un nombre de boss pas anodin (nous dirons un quart sur une grosse vingtaine) qui sont complètement anecdotiques et sur lesquels nous rouleront allègrement, que ce soit par leur simplicité ou par leurs patterns facilement exploitables via un équipement spécifique. Et le tout toujours dans un bon goût esthétique. Ca suinte la misère autant que chez Miyazaki.
Salt & Sanctuary, ce n’est donc pas la relève des Dark Souls, mais un croisement sans prétention de deux genres que j’affectionne, et qui fonctionne presque parfaitement. Une bonne solution pour combler vos manques donc.