Autant commencer par la raison pour laquelle je me suis lancé dans le jeu : il est souvent cité en référence pour la qualité de son intrigue.
La meilleure façon de présenter la chose sans spoiler pour moi, est de fonctionner par analogie. L'histoire de Sanitarium est semblable à un puzzle : le fait de le reconstituer a quelque chose d'addictif du fait de sa structure assez complexe, l'attention portée aux détails de chaque pièce permet de créer une multitude de liens infimes avec ses voisines. Mais c'est aussi un puzzle où l'image qui s'offre à nous une fois reconstituée se révèle être à la fois épurée et convenue. C'est donc un titre qui utilise des ressorts narratifs déjà vus avant et après lui, l'intrigue se tient mais a, je pense, assez peu de chances de vous surprendre si vous avez déjà quelques thrillers psychologiques à votre actif. De plus, sans trop en dire, le tout baigne dans un certain manichéisme sans nuance, ce que je regrette dans un jeu au traitement si sérieux et froid malgré quelques brèves touches d'humour bien senties.
Là en revanche où Sanitarium est assez singulier, c'est dans son atmosphère malsaine (bien plus dans un sens esthétique que thématique, même si il aborde des sujets peu réjouissants comme la folie ou les sacrifices humains) et dans sa capacité à proposer des ambiances parfois surprenantes et souvent radicalement différentes tout en gardant un ton global homogène. Montrant la mort et la mutilation sous tous ses visages, la 3D isométrique s'orientant évidemment vers les vues d'ensemble et non les zooms sur des éléments précis, le titre installe un climat particulièrement pesant tout au long de l'aventure. Un tableau bien glauque rehaussé par des dialogues au doublage parfois clichés, souvent variés, globalement réussis. Ce n'est pas un jeu effrayant à proprement parler (je l'ai fini, je suis incapable de jouer à un Resident Evil Rebirth et je suis tétanisé devant un Silent Hill 3, donc le "ticket courage" exigé à l'entrée ne coûte pas cher), mais plus un titre qui baigne dans une certaine perversité dérangeante.
Enfin Sanitarium est un point'n'click qui a le mérite d'offrir un gameplay parfaitement lié à sa narration et ses thématiques et de proposer des phases de jeux qui savent se renouveler (casse-tête à base d'illusions d'optique, de classiques "tel objet dans telle situation", d'utilisations de capacités de personnages, etc.) même si on peut déplorer un ou deux passages mal foutus (les "boss").
Bref, quand je me le remémorerai, ça n'ira pas au delà de l'expérience bien sympatrique. C'est un thriller réussi dans son ambiance et son alliance des mécaniques ludiques et narratives. Et (mais?) un thriller classique au regard de la production culturelle globale.