Avec Sea of Stars Sabotage Studio nous propose de revenir à l'époque du J-RPG 16 bits qui a fait la gloire de la Super Nintendo, avec des titres comme Chrono Trigger, Lufia 2 (mon champion personnel avec FF6) ou la saga Final Fantasy.
Visuellement le jeu propose du (gros)pixel assez fin - bien plus qu'il n'était à l'époque des consoles 16 bits - et absolument magnifique. Techniquement c'est irréprochable et on sent le jeu peaufiné dans les moindres détails.
Le système de jeu, au tour par tour et assez classique, présente un léger parfum d'action RPG avec des parades ou des enchaînements à effectuer en rythme, histoire de garder le joueur concentré sur ce qui se passe à l'écran. La composante tactique est assurée par une gestion tendue des points de magie, de la jauge de combo (qui permet d'effectuer une attaque spéciale commune à deux personnages), de l'ordre des actions et des résistances ennemies, en particulier pour casser les attaques en préparation adverses. Le système fait efficacement son boulot mais il n'est pas assez riche à mon goût pour éviter de devenir répétitif avant la fin, alors même que les combats ne sont pas si nombreux.
La difficulté n'est ni insurmontable ni anecdotique (mieux vaut bien préparer les combats contre les boss), un peu aléatoire (en particulier selon les attaques utilisées par les ennemis, certaines étant redoutables et d'autres sans grand danger), mais la mort n'est jamais punitive (en plus des sauvegardes manuelles le jeu conserve des checkpoints réguliers). Et un système de reliques à découvrir en jeu permet de modifier la difficulté (en plus ou en moins) selon qu'elles sont activées ou non.
L'aventure se révèle étonnamment longue et menée avec une ambiance bon enfant plaisante, même dans les (rares) moments plus tragiques. Elle est très linéaire et convenue mais décolle tardivement, avec des rebondissements bienvenus à défaut d'être renversants, et offre une dernière partie plus libre en post-game.
C'est sans doute mon principal reproche : tout est trop contrôlé. Et la progression (d'une part le levelling est impossible vu la courbe d'expérience pour monter en niveau et d'autre part le choix du bonus à chaque niveau gagné me semble sans impact significatif) et l'aventure par elle-même. L'espace de liberté laissé au joueur est un peu trop limité.
J'étais parti pour donner à Sea of Stars un bon 7, regrettant sans doute l'absence d'une relecture post-moderne du genre, toujours efficace dans le jeu rétro, et de ne pas retrouver l'humour de The Messenger (l'humour n'est pas à proprement parler absent, mais il est au diapason de l'aventure : bon enfant). Mais la toute fin du jeu est très réussie et surtout j'ai eu envie de me détacher de ma tentation de vieux joueur aigri (ou expérimenté, comme on voudra) : adolescent j'aurais sans doute adoré et, s'il n'apporte rien de neuf, le jeu n'a pas grand chose à envier aux classiques du genre. Avec quelques passages plus mémorables il aurait même pu prétendre à 9.