Dans la famille RPG, je voudrais le beat'em all...Heu ?

Disons-le tout net, Seiken Densetsu n'est certainement pas le A-RPG le plus cérébral de sa grande et belle famille : Kingdom heart à côté paraîtrait presque stratégique.

Mais on est dans du A-RPG, au fond et quand bien même le système de combat se résume bien souvent à "taper, taper, taper, taper" (avec une variante "augmenter caractéristique perso" + "taper"), il s'agit d'un jeu qui réalise un presque sans-faute.

Tout d'abord il ne propose pas un mais trois scénarios différents (avec une introduction et surtout une conclusion et des boss de fin différents) en fonction des personnages choisis au début de la partie. En effet, il faut sélectionner trois héros parmi les six proposés, chacun ayant son profil et ses compétences propres. Pour faire le jeu à 100%, il faudra donc le recommencer trois fois - ça n'a rien d'indispensable mais c'est loin d'être une corvée.

Le(s) scénario(s) est/sont basique(s) : le méchant *insérer ici un nom commun impliquant la magie et un adjectif effrayant* souhaite régner sur le monde et pour ce faire menace l'équilibre de la planète en tentant de libérer l'énergie des pierres mana. Vos héros sont des dommages collatéraux de cette quête effrénée et y perdent leur *insérer ici au choix village/parent/amant/amante/meilleur ami*. Ils se mettent donc en quête des pierres mana pour éviter le pire. Et c'est marre. Bateau donc mais efficace pour porter l'action et permettre de traverser le monde et de visiter ses moindres recoins.

N'étant pas un joueur de la génération SNES il m'est difficile de me prononcer réellement sur la qualité graphique du soft mais de ce que j'ai vu passer comme jeu de la même époque, Seiken Densetsu 3 se situe visiblement dans la catégorie "Putain c'est beau". Venant de Square Soft, c'est rarement là que le bât blesse : le soft gère même l'alternance jour/nuit en changeant les ennemis à affronter selon cette alternance et les jours de la semaine, dont chacun correspond à un élément, renforçant les monstres de ce même élément et affaiblissant ceux de l'élément opposé. Les environnements sont très variés : ville médiévale, village enneigé, désert, toundra, plateaux montagneux, bateau hanté, île tropicale, volcan, tout y passe. Les musiques - si je leur préfère largement celles de final fantasy - sont efficaces, jamais envahissantes, un parfait support pour l'ambiance. Là encore, chez Square, on en attendait pas moins.

Niveau difficulté, Seiken Densestu 3 est un petit challenge : sans causer de calvitie liée aux arrachages multiples comme savent si bien le faire certains classiques du RPG (Valkyrie *kof kof* Profile...), il propose une difficulté assez piquante pour qu'il ne soit pas possible de foncer sans entraîner son équipe. Pas du matos pour hardcore gamer mais pas non plus un de ces RPG où les membres de l'équipe sont macGyver en puissance à qui rien ne résiste. Les ennemis sont variés, vicieux, certains boss vous en feront suffisamment baver pour que vous n'ayez pas envie de les affronter les mains dans les poches.

Niveau personnage, ils ont chacun leur histoire, simpliste elle aussi, mais suffisamment posée pour qu'on s'attache un minimum à eux et à leur désir de retrouver la paix. Il est amusant de constater qu'on peut composer une équipe avec des membres de royaume ennemis (Chaque personnage forme une "paire" avec un autre et leurs histoires se croisent).

Alors hormis le scénario - qui ne casse pas trois pattes à un chocobo mais a le mérite d'être efficace et bien mené - pourquoi ce point en moins ?

Le système de combat est assez simpliste, lui aussi et contrairement au scénario, c'est un peu gênant. On ne contrôle qu'un seul personnage et même si on peut la calibrer, l'intelligence artificielle des deux autres n'est pas des masses au point : soit ils restent coincés dans un coin du décor, soit il vous abandonnent seul face à un ennemi pour aller en tabasser un autre plusieurs pixels plus loin, soit ils se font tabasser joyeusement. Parfois, les ennemis peuvent vous enchaîner en boucle et vous ruiner sans que vous ayez eu le temps de réagir. Les combats sont bordéliques, on ne sait plus qui tape, faire lancer un sort à un personnage non joué relève de la gageure (s'il est en train de donner un coup ou d'en prendre un, parfois même sans raison, impossible d'accéder aux sorts. Je vous laisse imaginer lorsqu'il s'agit de votre soigneur...). Bref, on se retrouve à appuyer sans cesse sur le bouton "taper" en espérant que les deux autres vont infliger quelques dégâts, tout en gardant un œil sur les HP qui peuvent dégringoler très vite. Sans dire que Seiken Densetsu a un système de combat fait pour les demeurés, j'ai parfois eu l'impression de jouer à une espèce de beat'em all plutôt qu'à un RPG. On tape, on avance, on tape, on avance...

Le système d'armures et d'armes et d'une simplicité un peu décevante ; pas de propriétés magiques, pas de nouvelles capacité attachée, chaque armure/arme est plus puissante que la précédente et augmente les statistiques du perso, point.

Seiken Densetsu 3 frôle la perfection : soigné et prenant, il se joue et se rejoue sans fin et sans faim. Mais son système de combat et d'équipement demeurent deux taches qui sans plomber le jeu laissent une petite frustration, surtout comparés à son fayot de grand frère, Final Fantasy VI...