D'entrée de jeu, une question s'imposera à vous lorsque vous poserez vos paluches sur le plus récent projet du studio spécialisé dans la maltraitance psychologique des gamers : le bien-nommé FromSoftware. Alors comme vous l'apostrophera l'un de vos opposants : aimez-vous danser ? Car oui, dans Sekiro : shadows die twice, vous allez danser. Pleurer aussi, mais nous y reviendrons.
Plaçons les choses dans l'ordre. Sorti en janvier 2019, auréolé du titre de game of the year en fin de cette même année, Sekiro a un CV que ne renierait pas Bernard Tapie.
Vous y incarnez Loup, shinobi dévoué corps et âme à Kuro, son jeune maître. Le design de Loup est classe, tellement classe que je craquerais bien pour une figurine de celui-ci. Dans un monde parallèle, Loup est mon main sur smash bros Ultimate.
Le jeu se déroule au japon féodal, la région d'Ashina est votre terrain de jeu ou de torture, c'est selon. Ashina regorge de forêts luxuriantes, marécages, grottes, villages, temples et châteaux dans lesquels loup s'infiltrera ou combattra avec panache. Durant votre ballade de santé, samouraï, vieux sages, animaux, ennemis du folklore japonais -et j'en passe- viendront vous rappeler que vous ne jouez pas à un jeu ou vous pouvez marteler la touche d'attaque, tandis que vous vous paluchez allègrement le melon… Ici, et comme dans les anciennes productions FromSoftware, vous devez mesurer chacun de vos coups.
Chaque ennemi, dispose d’ouverture, faiblesse a une prothèse, de fenêtre où vous pouvez placer quelques coups ; d'enchainements d'attaques propres à chacun et qu'il vous faudra appréhender. Il faudra ancrer dans votre mémoire kinesthésique jusque dans vos doigts ces patterns. N'espérez pas vaincre en utilisant la seule esquive ou le saut. Le contre (Mikiri ou pas) fait partie des mécaniques de gameplay qui apporte tout le sel au titre.
Dans sa profonde bienveillance, le soft facilitera vos affrontements de manière astucieuse : par le son et l'image. Ainsi, il vous sera aisé de ressentir si vous et vos contres êtes dans le tempo imposé. Plus le son de votre katana s'entrechoquant sur celui de l'adversaire est aigue, plus vous infligerez de dégâts de posture, de la même manière : plus votre lame créera d'étincelles en se fracassant sur la lame adverse, plus sa barre de posture augmentera. Une fois la barre de ce dernier remplie au maximum, ce dernier est stunned et vous pourrez vous délecter d'une animation de loup infligeant une mise à mort. Le système de combat, très frontal (tourner autour de l’adversaire à la manière d’un Souls n’est généralement pas la clef de la réussite d’une passe d’armes) ce système nerveux, est un des grands points forts du jeu, au même titre que le sound design général et la direction artistique. Tout est réuni pour que vos affrontements soient très viscéraux et épiques.
Jusqu'ici, tout va bien : vous vous infiltrez avec la discrétion de Solid Snake dans son carton, virevoltez d'un toit à l'autre à l'aide de votre grappin, usez de votre prothèse shinobi à bon escient et vous commencez à doser le jeu et à y prendre du plaisir. Mais voilà, vous tombez nez à nez avec votre premier boss. Non, pas le(s) mini(s) boss(es) qui vous ont déjà coûtés une remarque de votre conjoint(e) sur la raison de votre énervement, mais votre premier boss. Disons-le clairement : votre progression dans Sekiro ne sera freinée que par ceux-ci. Les "chemins menant au boss" et les phases d'infiltration ne devraient pas vous poser grand souci. Ils sont pourvus de nombreux checkpoint : les idoles de sculpteur, sortes de feux de camp sauce nippone. A l'instar des Souls, à la découverte d'un boss, survivre plus d'une minute est un exploit. Un apprentissage est nécessaire. Il est plus ou moins long selon votre talent, parfois décourageant, mais au combien exaltant !
Je me souviendrai a jamais de tous ces adversaires, qui m’ont appris les vrais coups durs de la vie. Un sentiment d'accomplissement, voire une fierté vous gagnera à la suite d'une exécution de shinobi. Vous êtes ici pour cela non ?
Sekiro, je t'aime et je te déteste en même temps, mais je ne peux m'empêcher d'enfiler mon plus beau tutu pour danser avec toi, à mes risques et périls.