Après quelques vidéos de gameplay visionnées sur YouTube, je décide d'acquérir le légendaire "Shadow of the Colossus" pour tenter de combattre à mon tour ses emblématiques titans, source d'inspirations de nombreux jeux, comme Breath of the Wild par exemple. Et je dois avouer que ce fut l'un des meilleurs achats de ma vie.
D'abord, je vais évidemment évoquer les combats face aux titans, symboles de ce jeu. C'est simple : je n'ai jamais vécu de batailles aussi intenses, épiques, et enivrantes. Le fait que ces combats soient le seul véritable élément de gameplay du jeu a justement permis aux développeurs de les travailler davantage. Je vous mets au défi de trouver des combats de boss plus créatifs, plus étudiés et plus sophistiqués que ceux de Shadow of the Colossus. Vous allez vite vous rendre compte que la tâche est particulièrement corsée.
Mais écrire une critique sur ce géant du jeu vidéo en ne parlant que de ses combats serait une grave erreur. Là où Shadow of the Colossus tire son génie selon moi, c'est de son contexte et son ambiance. Dès le début du jeu, le joueur est lâché au beau milieu d'une immense contrée, qu'il va devoir explorer. Et cette exploration va vite s'annoncer particulière : pas un animal, pas un village, pas un PNJ... Même pas de musique, rien. La map est gigantesque, mais elle est aussi parfaitement vide. Seuls 16 titans jonchent ces terres, cachés dans les coins les plus reculés et attendant d'être éveillés. Sinon, rien. Mais comment expliquer à son prochain qu'un jeu si vide puisse être un véritable chef-d'œuvre ?
Et bien ce vide, c'est justement l'élément essentiel du jeu et c'est celui qui lui donne tout son charme. Il se marie parfaitement à la solitude du héros, parti dans une quête en solitaire pour tenter de faire renaître sa défunte compagne dans des terres divines, interdites, désolées, où nul ne peut s'aventurer. Ce vide installe intelligemment le calme et le silence chez le joueur pour mieux le surprendre lorsqu'un gigantesque colosse sort de terre pour lui livrer une bataille aussi épique que la bande-son qui l'accompagne.
C'est ce principe qui rend Shadow of the Colossus complètement fou. Ce jeu défie la logique, les codes, et les habitudes, en n'intégrant que quelques éléments de gameplay : un héros, un cheval, une épée, 16 titans, et rien d'autre. Et avec si peu d'ingrédients, il parvient à emmener le joueur dans une quête sublime, mêlant l'euphorie et la dépression, le calme et la tension, l'ennui et la sublimation.
Malgré des graphismes assez dépassés et une jouabilité difficile à appréhender, qui lui valent le seul petit point que j'enlèverai à sa note, je suis formel : Shadow of the Colossus est un chef-d'œuvre, et il n'y en a pas deux comme lui.