La magie des premières heures a fini par s'estomper.
Difficile de définir ce qu’est Shadow of the Colossus. Difficile même de le noter, et pour cette raison, je pense que la rédaction d’une critique retraçant mon expérience sur le jeu s’impose. En démarrant SOTC pour la première fois, on se retrouve immédiatement plongé dans une splendide cinématique d’introduction. Les images d’un cavalier, chevauchant à travers plaines, vallées et forêts, se succèdent, accompagnées d’une musique mélancolique. Portant contre lui le corps d’une jeune femme ayant sombré dans un sommeil éternel, le cavalier nommé Wanda se rend dans des terres interdites, là où se trouve un sanctuaire ancestral. Il y conclue alors un pacte avec une entité mystérieuse : il devra terrasser les seize colosses de ces terres oubliées pour ramener sa chère et tendre d’entre les morts.
La cinématique s’achève alors, à nous de jouer désormais. Et pourtant on reste un instant ébahis devant cette curieuse introduction. Lorsque l’on prend la manette en main, on sort rapidement du vieux temple pour être accueilli par un monde étonnamment vide. Au dehors, les plaines s’étendent à perte de vue, et il règne un silence irréel, instaurant une ambiance calme et reposante. Un sentiment s’empare alors de nous comme rarement les jeux sont capables de transmettre : la solitude. Une atmosphère poétique qui contraste grandement avec la première rencontre d’un colosse. Un être de pierre gigantesque qui fait trembler le sol à chacun de ses pas. On se sent littéralement écrasé, aussi vulnérable qu’une fourmi face aux aléas de la nature. Mais poussé par notre quête, on prend notre courage à deux mains et on se lance à l’assaut de ce géant, intimidé mais résolu !
Si SOTC est aujourd’hui un monument du jeu vidéo, c’est grâce à cette ambiance unique, à ces combats épiques et aux sentiments puissants qu’il communique au joueur. Et pourtant, passée la magie de ces premières heures de jeu spectaculaires, certains comme moi finiront par se lasser. En effet, on constate bien vite que le gameplay est lourd, les déplacements lents et pas assez précis, et la caméra quelque peu rebelle. Un parti-pris peut être, pour faire ressentir au joueur la vulnérabilité du héros face à ces colosses, mais finalement je l’ai plus ressenti comme un fardeau, entachant cet univers agréable que le jeu nous propose. De plus, le scénario est véritablement anecdotique, un prétexte pour nous dévoiler ses autres forces. Pas de rebondissement, pas de surprise, et le soft tombe peu à peu dans une monotonie exacerbée par son principe même : tuer les colosses les uns après les autres. Car si aucun d’entre eux ne se ressemblent, le jeu se révèle malgré tout fort répétitif, et c’est peut être cet aspect qui en fera décrocher plus d’un.
Bref, SOTC est très travaillé au niveau de ses graphismes et de ses musiques remarquables. Il dégage ainsi une réelle ambiance, tantôt épique, tantôt poétique, mais qui ne perdurera peut être pas jusqu’au bout de l’aventure, et c’est là que le bât blesse. Car il a des défauts qui nous ennuieront lorsque la surprise des premières heures retombera. Un jeu qui ne pourra donc pas plaire à tout le monde, mais qu’il faut tester néanmoins, ne serait-ce que pour l’expérience hors du commun qu’il propose.