Ueda, digne créateur du terrible ICO et travaillant chez SONY, revint en 2006 avec Shadow of the Colossus, sur le même support. En admirant les divers screens, en lisant les previews, je ne pouvais qu'être impatient de toucher à ce titre qui annonçait déjà monts et merveilles, en repoussant toujours plus loin le voyage onirique et émotionnel via un jeu vidéo.
Eh bien je n'ai pas été déçu, j'ai carrément été marqué au fer rouge.

Dans SOTC, vous incarnez Wanda, un jeune guerrier.
Rongé par la colère et la tristesse qui suivit la mort de sa bien aimée, il entreprit un long voyage au dos de son cheval Agro, au travers des plaines et des montagnes où seule la nature domine, afin d'emmener sa promise dans un temple abandonné depuis des siècles qui aurait le pouvoir de redonner la vie à quiconque.
Il arriva devant un très grand pont de pierre, proposant un chemin vers une gigantesque région oubliée, condamnée mais terriblement belle et attirante.

En entrant dans le temple figurant à la fin de ce chemin de pierre, il fut directement ébloui par l'intense lumière du soleil qui y règne. Il s'approcha peu à peu de l'immense pièce dominée latéralement par des statues anciennes, très anciennes, révélant un passé douloureux.
Au fond de cette pièce, un lit de pierre rendu étincelant par les rayons du soleil y est installé, pour y déposer la belle défunte. Il s'exécuta et entendit une voix d'outre tombe, la voix des dieux, s'adressant à lui. Cette voix sombre et divine lui expliqua comment faire renaitre cette jeune fille aux traits angéliques et sereins : il lui faudra parcourir ces plaines, ces ruines oubliées, et détruire 16 Colosses, arborant chacun une des régions de ces gigantesques terres.

En sortant du temple, on est tout de suite frappé de plein fouet par le paysage.
C'est absolument magnifique, c'est vaste, on est presque éblouit par les effets de lumières et la profondeur incroyable du monde qui s'offre à nous.
Au niveau équipement, juste une épée et un arc, sans compter notre fidèle étalon qui nous servira à arpenter les ruines et les plaines. Ici, pas de menu d'objets ou autres interfaces du genre, tout est d'une simplicité déconcertante.
A l'écran, vous disposez d'une unique barre d'énergie, pouvant se remplir si vous vous reposez, et une sorte de cercle diminuant lorsque vous tirez des flèches ou lorsque vous perdez de l'endurance lors de vos combats (j'expliquerai ce point plus en détail, car c'est un point clé du terrible gameplay du jeu).
Votre épée vous servira à attaquer, mais aussi à indiquer où se trouvent les différents colosses. En effet, lorsqu'on la pointe vers le soleil, un sublime rayon indique le chemin à suivre.
Parfois, il faudra abandonner votre cheval, car certains lieux ne seront accessibles qu'à la nage, ou en escaladant des parois.

Le principe du jeu est bien évidemment d'explorer le monde qui nous est proposé à la recherche des différents colosses.
Eh bien parlons en des colosses, je n'avais vu des ennemis aussi GIGANTESQUES et terriblement bien modélisés dans un jeu vidéo. C'est tout bonnement IN-CROY-ABLE de voir déambuler ces immenses bêtes mi homme, mi ruine, mi montagne devant nous. C'est simple, notre perso fait souvent la taille d'un de leurs doigts de pieds. Des forteresses je vous dis.

Mais comment les abattre ? Le principe de base est d'essayer de s'agripper à la fourrure de ces incarnations divines et d'essayer de monter tant bien que mal sur leur leur dos, leur tête, leurs bras, pour trouver leurs points faibles.
Ces point faibles sont matérialisés par des dessins de type "inca" bleutés, il vous faudra donc les atteindre avec la plus grande dextérité afin de ne pas tomber : les colosses bougent, se débattent, comme des King Kong ou des Godzilla en furie.

Il faut aussi faire très attention au fameux cercle d'endurance, car à force de s'agripper et de se faire secouer dans tous les sens, ce dernier diminue jusqu'à vous faire lâcher prise.
Et c'est là une des plus grandes forces du jeu, tous les colosses sont différents (terre, mer, ciel) et ils vous faudra vous armer de patience, de courage, de réflexion afin d'employer une stratégie pour les vaincre, sans négliger l'interaction avec les décors. Il faut vraiment y jouer pour le croire, ressentir le vertige des combats et avoir l'impression de se retrouver devant un film mystique et fabuleux à gros budget.

L'animation des colosses est bien évidemment parfaite, on pourrait presque croire que ce ne sont pas des animations 3D, mais de véritables êtres, tellement ils sont criant de "réalisme".
Chaque combat est bien évidemment mémorable, et éclatent toutes batailles vidéo ludiques que j'ai pu voir jusqu'à présent.
Lorsqu'on finit par abattre un colosse, lorsqu'on le voit s'effondrer lamentablement, on est tout de suite pris par un sentiment de tristesse, d'émotion macabre, lié à aux remords d'avoir abattu ce mastodonte innocent appartenant à mère nature. Effroyable, bouleversant.

Autre point réussi à signaler : le comportement physique du héros. Wanda est FÉBRILE, il dérape, il tombe par terre, il s'essouffle, il tombe dans les pommes, on a vraiment l'impression de contrôler un VÉRITABLE HUMAIN, pas un robot comme on a l'habitude de voir dans le jeu vidéo.
Au fur et à mesure du jeu, notre personnage devient sale, ses vêtements commencent à se déchirer, des blessures commencent à apparaitre sur ses bras et son visage si enfantin. Merde ce jeu est énorme, une putain d'œuvre d'art comme j'en avais jamais vu.

Graphiquement, vu les superlatifs employés plus haut, je vais pas remettre les couverts. Je dirais juste sur SOTC est tout simplement le plus beau jeu 128bits, tous supports confondus, et un des plus beau jeux jamais créé.

Musicalement, nous avons droit à une des plus belles bandes sons jamais faite pour un jeu vidéo. C'est Koh Ohtani (auteur des BO de City Hunter, Gunslinger Girl, Tenchi Muyo et autres animés cultissimes) qui s'en est chargé, à l'aide d'un orchestre nippon.
Cette bande son possède des thèmes fabuleux, épiques, nostalgiques, inoubliables. D'ailleurs à chaque fois que je réécoute le thème principal du jeu, je ressens un plaisir, une douleur, une tristesse, de l'onirisme, quelque chose d'indéfinissable, et c'est les larmes et les frissons à chaque fois.

Mais alors que reste-t-il de mauvais à cette perle ?

- Un frame rate scandaleux, des gros ralentissements qui font dire dès le début du jeu "oh putain je vais quand même pas supporter ça tout le long", mais finalement on s'y fait. Mais c'est quand même vraiment dommage... A l'instar de God of War 2, Sony aurait du faire ce jeu sur PS3. SOTC est un jeu PS2.5, CQFD.

- Une camera capricieuse, qui fera rager les moins patients, surtout dans certains combats difficiles (genre les combats dans les airs, insupportable cette caméra qui n'en fait qu'à sa tête). Mais pareil que plus haut, on s'y fait.

- Un contenu limité. Enfin ce n'est pas la "politique" du jeu, qui elle, est faite pour vous procurer une expérience inoubliable et riche en émotion. Mais objectivement c'est vrai que le jeu est "vide" et il n'y a pas de quêtes secondaires, mise à part la chasse au lézard pour upgrader sa barre vie et son cercle d'endurance. Mais d'un autre coté, c'est ce qui fait la force du jeu. Une épopée proposant un jeu "simple", où l'émotion et le gameplay priment sur le contenu.

Bon eh ma critique, c'est quand même de la belle branlette, mais il m'a été très difficile de mettre des mots sur des ressentis pareils. Ce jeu n'est pas ordinaire, c'est une véritable épreuve que de faire un test sur un jeu où la plupart des points forts sont purement subjectifs et émotifs.

Je recommande cette expérience inoubliable A TOUS ET A TOUTES, que vous soyez un tant soit peu passionné et sensible. Je ne cache pas que j'ai été littéralement ému pendant la scène de fin.
J'ai bondi de mon siège sans déconner, cette putain de fin est bouleversante, elle touche les cordes les plus sensibles au fond de nous.

Pour finir, je finirai par une citation un peu élitiste et grotesque mais qui résume parfaitement :

"Si vous n'avez pas aimé ce n'est pas grave tout n'est pas perdu. Si vous avez adoré félicitations : vous êtes un être exceptionnel et un monde d'émotions s'offre à vous."

Vivement The Last Guardian.
Raoh

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